un tel dit l’intelligence c’est moi
des gens disent l’intelligence c’est nous
[Miroir suis-je intelligent ?]
je vais te la mesurer par alpha plus bêta
dit le frais nasilogue
l’intelligence se mesure à ce qu’elle rapporte
dit le nasillardaire
sont intelligents
dit le capimerdiste
tous les productivistes
tous ceux qui sont crottés en Bourse
docteurs ès Etronomie
sont intelligents
dit l’homo popolitique
tous les gens qui sont cartés
tous les gens qui se sont pas écaartés
de nous
dit l’homo irrespublique
sont intelligents
tous ceux qui savent les écarter
dit le Grand Erostâte
sont intelligents
tous les plombés LSD
dit le démoc’ cool
tous les diplômés LMD
dit le brave hâtique
tous les déplumés
des labos des bistrots des biblios des biscotos des boursicots
dit le zigue automatique
– Vous n’avez pas honte
dit le démoc’ à gogos
mais tout le monde est intelligent
aujourd’hui
par l’opération du Bignet le savoir vient à vous
dans une société merderne
tout le monde est intelligent
par décret
dit le démoc’ chic
aujourd’hui à chacun son cul
dit le cucul
comme à chacun son intelligence
un manuel vaut bien un auteur de manuels
dit le démoc’ chiec / chit / shit
il y sept cordes à l’arc intellectuel
dit le chiant spécifique
qu’attendez-vous encordez-vous réseaulvez-vous
à l’ereproprenet arréseaunnez-vous
il faut vous revolver
dit la tique polie
l’avenir est une roue chouette
une roulette
à six balles
il faut tout revolver
dit le représentant du gouv’armement
avis à la médiocratie
(ah vice de médiacratie)
vissez l’intellocratie
seront déclarés intélégagnants
par tous les moyens tous les gentils
tous les cons mitoyens tous les bons citoyens
tous les gens qui trop veillent
à vite dé-penser
à faire le vide d’idées et d’idéaux
à faire le plein de vidéos
à travailler pour se vider
à trimer pour ceux qui trament
à se couper en cinq pour ceux qui
en prennent cinq sans de compte à rendre
à s’esquinter pour ceux qui escomptent
à voter pour des zigotos à ex-votos
à voeux pieux
J’ACCUSE
les intellochiants
de délit d’élitisme
de déni de réalisme
de faire le lit du progressisme
de défaire le Réformisme libéranaliste
d’Enfer gauchiste anarchiste antimoderniste altermondialiste…
dit le cynistre putainiste
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DÉCHANT DU MONDE
(Plein champ sur l’immonde)
à l’èredaujourd’hui
dans une sochieté moderne
sont priZés
les Zesprits poZitifs
les ZoZos merdiatisés
les Zensectés-du-MARCHIÉ
les Zinfectés du Tout-à-l’Ego
les Zests pris à l’apéro
par les Zencocktaillés sans mesure
les plaiseurs-panseurs-des-plaies-du-monde
les salonneurs Zélateurs éoliens
docteurs en science des vents
vendeurs de vent
les Zidées hot
des Zin-TVtuels
à l’èredaujourd’hui
dans cette satiété merderne
aux priZes-de-tête
on préfère les preneurs / priZeurs
primeurs de têtes-à-gnac
les déprimeurs de têtes-à-gnose
aux forts de café
les décaféinés
VIVE LE MARC CHIÉ !
comme dit mon ami Hercule
vive les Homoncules !
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SUBLIME MESSAGE
au pays des banques et des
aveugles
des macs-à-fric
et des BigMicMac
heureux les coeurs durs
car ils toucheront le fond
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EPITAPHE AUX FALSTAFES
Marche funèbre
marche ou crève untel
tu te clownes
ou on te déboulonne
docteur horroris causa
t’es devenu persona non grata
du gratin étrono-politico-merdiatique
basta !
l’important est de savoir
mourir à temps
à bas les archintellectuels !
vive les lézardeurs
les entre-démerdeurs
les anthropomerdeurs
les bienfouteurs de l’Humanité !
Loi d’ErUN :
à bas les untel
vive les ErUndividus
leurs putains d’résidus
et leurs divinidendes assidus !
tiens, j’ignorais que henri krazuki avait écrit des poèmes.
ce qui serait interessant, c’est que « rédaction » explique pourquoi il a choisi de mettre ces poèmes sur son site. vous voyez, je ne suis pas méchant, je ne dis pas que c’est de la merde, non, je veux juste savoir pourquoi.
autre question à « rédaction » : que pensez vous du texte suivant ? est -ce un bon poème ? merci de m’éclairer.
*
On est tous solidaire face à la merde à la galère
Sortir la tête de la misère pour que les gens nous considère
En tant que citoyen non en tant que chien
La France nous ronge à un point
De ne plus avoir confiance en son prochain
Législation conçue pour nous descendre
Frère derrière les barreaux et maintenant
Y penserais que l’on pourrait se rendre
On est pas dupe en plus on est tous chaud
Pour mission exterminer les ministres et les fachos
Car de nos jours, ça sert à rien de geuler, de parler à des murs
À croire que le seul moyen de s’faire entendre est de bruler des voitures
Un putain de système haineux, cramer mais après tout ça avance pas
Et je sais que ça les arrangent si on se bouffe entre nous
Soit disante démocratie aux yeux d’un peuple endormi
Les droits de l’homme franchement où ils sont passés
Faut faire en somme que ça change et que des frères cessent
D’être chassés en charter c’est nos frères qui j’artère rapatriment
Et maintenant la haine coule dans nos artères,
Nous faire taire franchement ça serait impossible quand on s’aperçoit
Que la plus part du temps c’est nous qu’ils prennent pour cible
La France est une garce et on s’est fait trahir
Le système voilà ce qui nous pousse à les haïr
La haine c’est ce qui rend nos propos vulgaires
On nique la France sous une tendance de musique populaire
On est d’accord et on se moque des répressions
On se fou de la république et de la liberté d’expression
Faudrait changer les lois et pouvoir voir
Bientôt à l’élysée des arabes et des noirs au pouvoir
Faut que ça pète ! tu sais que le système nous marche dessus
Nous on baisse pas la tête on est pas prêt de s’avouer vaincus
Des frères béton tous victime de trahison,
T’façon si y aurait pas de balance y aurait personne en prison
La délinquance augmente même les plus jeunes s’y mettent
Pèttent des bus parlent de braquage et à l’école ils raquettent
Des rondes de flics toujours là pour nous pourrir la vie
Attendent de te serrer tout seul et de font voir du pays
Emeut qui explose ça commence par interpellation
Suivie de coups de batons et ça se finit par incarseration
T’façon on se démerde, mec ici on survie,
Fume des substances nocives pour apeser les ennuis
La galère n’arrange rien au contraire elle empire les choses
Si certains prennent des doses c’est pour penser à autre chose
Les frères sont armés jusqu’aux dents, tous prêts à faire la guerre
Ca va du gun jusu’au fusil à pompe, pit bull et rotweiller
A quoi ça mène, embrouille de cité, on se tape dessus
Mais tu te mets à chialer lorsque ton pote se fait tirer dessus
Encore un bico ou un négro, les babylons sont fièrs,
Ca les arrangent ce coup là y aura pas besoin de bavure policière
Frère je lance un appel, on est là pour tous niquer
Leur laisser des traces et des sequelles avant de crever.
La France est une garce et on s’est fait trahir
Le système voilà ce qui nous pousse à les haïr
La haine c’est ce qui rend nos propos vulgaires
On nique la France sous une tendance de musique populaire
On est d’accord et on se moque des répressions
On se fou de la république et de la liberté d’expression
Faudrait changer les lois et pouvoir voir
Bientôt à l’élysée des arabes et des noirs au pouvoir
La France aux Français, tant que j’y serais ce sera impossible
Par mesure du possible je viens cracher des faits inadmissibles
A vrai dire les zincs en perdent le sourire,
Obliger de courir certains on eu le malheur de mourir
Des homicides volontaires j’ai une pensé pour leurs mères
Bléssés par un décès, bavures classées en simple faits divers
Contrôle qui part en couilles, des potes s’font serrer par les keufs
J’ai le saïme lorsque je jette des pavés sur les J9
Mes potes je les aiment c’est pour ça que je les laisserais jamais béton
même si il y en a qui béton, tu sais on est tous des jeunes du béton
A présent y a plus de bluffe on vient dire toute la vérité
Faut leur en faire baver v’la la seule chose qu’ils ont mérités
Ma parole les gars si il y en a un qui se la joue véner
Si y veut s’la raconter j’vais lui baiser sa mère
T’façon j’ai plus rien à perdre, j’aimerais les faire pendre
Non c’est pas parce qui porte un flingue qui peut penser mettre à l’amende
La vérité est masquée, à savoir ce qui s’est passé
Le mystère des G.A.V. un blème qui ne pourra être démasqué
Je dédis ce texte à toute mes gardes à vue
Ils m’en on fait baver les enculés mais ils ont pas tout vu.
La France est une garce et on s’est fait trahir
Le système voilà ce qui nous pousse à les haïr
La haine c’est ce qui rend nos propos vulgaires
On nique la France sous une tendance de musique populaire
On est d’accord et on se moque des répressions
On se fou de la république et de la liberté d’expression
Faudrait changer les lois et pouvoir voir
Bientôt à l’élysée des arabes et des noirs au pouvoir
La France est une garce et on s’est fait trahir
Le système voilà ce qui nous pousse à les haïr
La haine c’est ce qui rend nos propos vulgaires
On nique la France sous une tendance de musique populaire
On est d’accord et on se moque des répressions
On se fou de la république et de la liberté d’expression
Faudrait changer les lois et pouvoir voir
Bientôt à l’élysée des arabes et des noirs au pouvoir
2 ou 3, on reçoit c’est comme ça qu’ça sait pas
Contrôle musclé, la vague passe et demande tes pier-pa
Si j’les ai pas, là ça commence par insulté ta mère, ta soeur, tes frères
Ca dégénère et tu t’fais pé-ta
Tunisiano, la délinquance en moi, la haine en moi
Donc s’il faut insulter leurs mères, pour ça ayez confiance en moi
Dans la rue, règlement de compte entre Cyril et Mamadou
La police est intervenue et a interpellé l’agresseur
Dans la rue, règlement de compte entre Badou et Mamadou
La police a tout vu et est restée en tant que spectateur
Donc est-ce que les gens naissent égaux en droit à l’endroit où ils naissent ?
J’crois pas dans l’fond, j’travaille pour ton pays, m’bat pour ton pays
Persécution alors que j’fais gagner d’l’argent à ton pays
La France est une garce et on s’est fait trahir
Mon seul souhait désormais est de nous voir les envahir
Y a trop de faits marquants donc j’suis obligé d’les citer
Un flic tue un homme froidement et s’trouve acquitté
Simple banalité ? Non, y a trop d’inégalités
Justice à deux vitesses, ils assassinent en toute légalité
Ils nous croient débiles mais quand ça pète dans les cités
Ils canalisent la révolte pour éviter la guerre civile
Hé ouais, c’est pour quelle raison qu’on casse tout et qu’on s’défoule
C’est qu’si les larmes coulent, le sang coule
La France est une garce, La France est une garce
La France est une garce, La France est une garce
Jusqu’à Saint-Denis, on est tous solidaire
Garges Sarcelles aussi, on est tous solidaire
On n’est pas prêt d’se taire, lève ton doigt en l’air, l’Etat nique sa mère
Dans toutes les cités, on est tous solidaire
Quand ça part en couille, on est tous solidaire
Négros et bougnouilles, on est tous solidaire
On n’est pas prêt d’se taire, lève ton doigt en l’air, l’Etat nique sa mère
Tout simplement « rédaction » sont deux notamment et surtout. Fabrice Thumerel et moi-même. Pour ce qui est des publications de Cuhel, il faut demander à Fabrice Thumerel son choix, qui n’est pas le mien. Nous aurions du le mettre en ligne — je précise cela — le 1er avril.
donc voilà.
Pour les news, et les critiques de livre je repars ce week-end, très pris dernièrement, par mon travail personnel, ce qui ma mis en retard sur l’écriture à partir des livres qu eje lis. De même pour Fabrice, il a été très pris dernièrement par rapport à son travail.
Par rapport à ce texte de rap (il me fait penser à ce qui avait été stigmatisé par l’UMP, groupe sniper etc) pour ma part, si je trouve cela proche par moment du spoken word politique (tendance slam), donc dans une certaine forme d’héritage des beat (ce qui est historiquement avéré aux EU) cela reste quand même classique et très discutable de même politiquement (je dis cela au sens où ce texte se situe sur un terrain politique.) En bref, tradition de l’hyperbole du rap voire du slam.
1. Je pensais que vous faisiez partie de ceux qui aiment la poésie-de-merde – très souvent revendiquée ici et ailleurs…
2. Ce texte de Cuhel en fait partie, mais à sa manière carnavalesque… Tout le monde n’est pas obligé d’apprécier, certes… Mais il y a pire comme poésie, aujourd’hui, non ?
3. J’ajoute que je préfère de loin le travail d’élaboration carnavalesque à la facilité du rap ou du slam – que j’ai pourtant pratiqués en public – pour le FUN…
« Mais il y a pire comme poésie, aujourd’hui, non ? »
des noms ! des noms !
si vous avez trop de boulot en ce moment
pas la peine de racler les fonds de tiroir
on peut patienter je crois
Il ne s’agit pas — je pense — d’un fond de tiroir. Si Fabrice a mis ce texte, c’est qu’il représente à ses yeux, une forme de tradition moderne carnavalesque, héritée aussi bien du travail de Verheggen, que dans une perspective critique politique. Mais comme je l’ai dit, ce texte n’a pas été choisi par moi.
Autrement quand on a trop de boulot : cela se voit on ne publie rien (cf. calendrier à droite et les trous ) 🙂
vive les trous
sinon ariane m’écrit, c’est cool, je vous fait partager (si vous avez cinq minutes, bien sûr) :
dis charles, toi aussi t’as comme un drôle de goût dans le fond de la gorge?
moi c’est terrible, j’ai vraiment une haleine de chiottes, on a du s’arrêter en chemin avec ariane pour bouffer du dentifrice dans une station service sur l’autoroute (+ elle a piqué 1 canard wc à l’équipe technique des techniciens de surface!), on s’intoxiquait l’un l’autre! et j’ai pas osé embrasser madame en revenant à la maison / t’as osé faire un calinou à madame toi après ce qu’on s’est envoyés pour le déjeuner hier au siège social de l’armée noire??
1ère réponse à ariane bart (moi aussi j’ai du temps à perdre) :
ptain hier j’étais mal toute la journée impossible de rien faire
aujourd’hui laure limongi m’a envoyé sur face bouc un truc pour que
j’me calme (c’est vrai que je pète les plombs depuis que le contre
journal ne met pas mes commentaires)
je me dis je peux plus fréquenter un individu
un individu ça pense un individu ça a des idées et quand je l’entends
parler l’individu j’ai mal à l’existence.
putain putain
il est vachement bien ton écrit de technichien
ta technichienne avec sa langue de la honte
toi ça te fait mal la langue de la honte ?
la langue de la honte c’est quoi pour toi réellement qu’est-ce qui a
là-dessous qui se pense ? je veux dire tu as un truc à relever là dans
ce qui s’est écrit (sur la langue, la langue le travail de la langue) ?
alors du coup ça m’a fait écrire, car il y a un pb actuellement pour moi (mais ça a sans doute toujours été – cf se replonger dans quelques écrits, au hasard), c’est le problème de l’individu, de l’autre, tout ça, tout le tralala, du coup : hop, un petit texte (c’est vrai que ça fait mal d’être face à quelqu’un d’autre, devoir parler tout ça…j’ai pas le temps là…). bref, voici le texte :
un individu ça pense
un individu ça a des idées
des idées sur son individu
ça dit les individus, les individus disent
ont des idées
ça dit un individu, et ça a un avis sur la question
toutes les questions sont des avis d’individus
ras le bol des individus, ne plus fréquenter l’individu, ras le cul
l’individu si je le croise
si je croise un individu, hop
tout de suite
j’ai mal
j’ai mal à l’existence, tellement ça me fout en pétard
ça me fait mal, j’ai mal en dedans, ça gonfle, ça agit l’individu
il agit en moi, il pense en moi, sa pensée fait caca
sa pensée à l’intérieur s’agite
dans mes organes sa pensée d’individu
sa pensée comme un nouvel organe et du coup :
j’étouffe
j’étouffe un individu en moi dès que ça parle quelque part
impossible de respirer
impossible de souffrir en paix
impossible : on souffre l’individu
on respire de l’individu, on angoisse pour lui, pour sa pensée
impossible d’angoisser pour soi-même
il faut que l’individu vienne
qu’il foute sa gloire, qu’il soit de la partie
sans son geste à la communauté moi
pas de possibilité d’existence
sans sa modeste participation à la présence de moi-même
sinon : je reste un trou du cul
même pas un cul, un trou sans même le cul dedans
je reste rien, pas possible de souffrir sans lui, de vivre sans lui, d’étouffer sans lui
il me faut un individu pour angoisser, pour begayer, pour chier
pour vivre
il me faut toute une somme de contrariété pour exister
c’est ça le drame humain, c’est d’avoir des individus en face pour avoir la notion de l’existence
c’est-à-dire qu’on s’en passerait bien
et de l’existence, et des individus
dans la rubrique « vous avez cinq minutes? », voici un texte écrit sur facebook par Alain Descarmes sur le livre « Suicide » d’Edouard Levé :
Paris, le 10 mars 2008
C’est un très bon livre, un livre qui rentre dans « le vif du sujet », s’il y en a jamais un en littérature. Avec seulement les armes de l’écriture, seulement les armes de la langue. Un livre comme je les aime et comme les détestent un grand nombre de personnes qui s’autorisent d’un avis en la matière. Un livre qui n’a pas de sujet. Un livre d’une simplicité et d’une beauté puissantes, déconcertantes. Un livre avec du style, seulement du style. Maintenant que cela est dit, me défendre sans doute, me défendre un peu de la puissance de ce livre. Alors ensuite écrire :
J’ai appris dans le « Cahier Livres » de Libération de cette semaine qu’Edouard Levé avait donné le manuscrit de « SUICIDE » à son éditeur trois jours avant de se pendre, à l’automne dernier.
J’ai décidé de garder la critique de Libération par devers moi, comme dit Thérèse dans LE PERE NOEL EST UNE ORDURE, et de ne la lire qu’après avoir lu le livre lui-même, ce dimanche matin 9 mars.
Après, on ira voter pour les municipales.
« SUICIDE » procède d’un « tu » décrivant les pensées, les actions et les sentiments d’un ami du narrateur lui-même suicidé à l’âge de 25 ans d’une balle dans la tête, ou plutôt dans la bouche.
Un « Tu ».
Procède d’un « tu » décrivant les pensées, les actions et les pas-sentiments de cet ami, plutôt : on peut parfois lire les choses comme elles sont, ou plutôt comme elles furent.
Levé dans ce livre ne s’adresse ni à l’ami mort (on ne sait pas si cette histoire est vraie, d’ailleurs, on sait seulement que Levé en parlait déjà dans « Autoportrait » – 2005), ne s’adresse ni à l’ami mort, donc, ni à lui-même, ni à personne au fond : je me permets ici d’émettre une opinion radicalement différente de celle de P. Lançon dans Libération. Dans ce livre Levé se dit, c’est cela la puissance, et c’est complètement différent d’une adresse. Et se dit avec art : il y a beaucoup de travail, il y a notamment ce procédé du « tu » courageusement maintenu, ce talent du « tu ». Je pense pourtant que la chose fut assez facile à l’auteur, je pense cela et j’en doute, bien sûr, car je ne sais pas. Mais maintenir l’hypothèse que ce livre, en somme, n’a pas été souffert. C’est dans la vie de Levé qu’il y aurait eu terrible souffrance, assez probablement, dans la vie et justement pas dans le livre. Terrible souffrance subtilement et totalement dissimulée, ce que justement dit le livre. De l’exclusion psychique et mentale, etc. Du sentiment d’irrémédiable étrangeté.
Il y a lieu d’interpréter, c’est ainsi. Il y a lieu d’interpréter – les mots et l’acte – en termes analytiques. Il y a lieu en d’autres termes d’évoquer la structure clinique de la mélancolie, lorsque l’on en a les moyens. Mais je ne le ferai pas, ou plutôt pas plus que cela.
Ce livre est terrifiant de précision, cela va avec – la structure en question et l’art – et encore autre chose : il ne contient pas une seule interrogation. Levé y fait preuve de tout ce que l’on veut – et plus précisément d’art, encore une fois – de tout ce que l’on veut sauf de philosophie – encore un point de divergence avec la critique de Libération, si je peux me permettre. Pourtant le monde lui-même (carrément) se trouve très bien dit dans ce livre, pas seulement le monde de Levé.
Un « monde de Levé » qui lui, je le maintiens, n’est pas, n’est jamais, ne peut pas être interrogé. « Tu as renoncé au futur, qui permet de survivre, puisqu’on le croit infini. On veut pouvoir embrasser l’ensemble de la terre, goûter tous ses fruits, aimer tous les hommes. Tu as refusé ces illusions, dont l’espoir nous nourrit » (« SUICIDE », p. 36).
Mais non, finalement. Le « monde lui-même » n’est pas plus dit par Levé dans sa vérité que ne l’est son monde intérieur (on notera peut-être l’équivalence à mes yeux de « dire dans sa vérité » et « interroger », ou plutôt et plus classiquement de « faire preuve de philosophie » et « interroger »). Une implacable dénonciation des semblants est certes le fait de « SUICIDE ». Mais le « on » de notre extrait choisi, à bien y réfléchir, est tout simplement introuvable, sauf chez Levé lui-même.
« On » ne croit pas le futur infini, justement, me semble-t-il à moi.
« On » ne veut pas embrasser toute la terre ni aimer tous les hommes non plus : ces « illusions » n’en sont pas.
Je me suis intéressé à Edouard Levé parce j’ai été élève du Collège Stanislas à Paris, comme lui et comme Jacques Lacan – délirons, il en restera toujours quelque chose, et de la même « grande école » que la sienne. Son galeriste français, d’autre part (Levé était aussi photographe), est un ami d’enfance du même collège. Après je suis allé au Lycée Louis-le-Grand, à partir de la seconde. C’était bien, ce lycée : j’y ai beaucoup souffert.
Il y a beaucoup, beaucoup d’autres choses à dire sur ce livre, sur Levé et sur l’art non-art enfin, l’art intentionnellement non-art. Composé de tercets ou autres vers de mirliton, le dernier chapitre est mauvais par exemple, très mauvais, très très très mauvais. C’est énorme, peut-être.
« SUICIDE », d’Edouard Levé, P.O.L. Editeur, 14 €
du coup, comme il me l’envoie, je lui mets un commentaire (sur facebook toujours) que voici :
c’est très bien, je l’ai lu le livre. D’après Fiat, c’est un livre sur l’amitié avant tout. pour moi, un livre sur moi. soi et le monde. Bon, après il y a juste à côté de Levé, le livre de Costes. Son grand père. ce n’est pas le livre de Costes, mais c’est le livre de Levé moi qui me pose un problème. je m’ennuie. c’est triste, c’est l’écriture triste, morte. en fait c’est un livre sur l’écrit mort. je l’ai lu mais en fait à la fin il n’était plus question d’amitié et de suicide. finalement c’est un livre qui te fait renoncer au rapport avec l’autre et même avec la mort. t’as plus rien. t’as plus que la bite et le couteau pour te démerder à vivre. Du coup j’ai écrit un texte sur les individus et je me suis senti mieux.
Je sais bien que pour une partie des poètes ou des lecteurs branchés, il faut sortir du style… Exit, donc, le travail carnavalesque. Mais tout de même, Cuhel – qui peut aussi sortir du style et de la poésie (voir usinareva), ça vaut mieux que certains « fonds de tiroir » nopoétiques…
« T’façon si y aurait pas de balance y aurait personne en prison »
Ca, c’est vrai ! Yo ! Yo ! Faite soter l’éta !
Si y aurait pas de maires, y aurait pas d’gros poissons !
Mon cerveau il est dans l’ascenceur, pas dans la cage d’escalier
Yo
Vive la Commune ôtée !
On va s’révolter contre tous ces branleurs mal sucés.
Yo ! Et ta grande soeur, elle s’prend pour Joey Star
Elle dit : vas-y, aboule les dollars
J’vais t’fumer derrière les pneus brûlés !
Avec ta mère et tous les connards d’ta cité.
Ariane Bart a écrit un super truc, qui s’intitule « écrits techniques ». Il y a un endroit où elle dit « LES GENS DIS DONC / CA DONNE ENVIE DE FAIRE CACA LES GENS ». Elle rejoint ce que je dis sur l’individu. Mais elle s’en souvient plus qu’elle a écrit ça cette conne ! Elle ferait mieux d’aller bosser celle-là, comme dit Georges, ça lui remettrait la tuyauterie en place. Comme dit Georges aussi, au boulot Ariane ! et pas au goulot ! tu parles d’une vieille poche ! En tout cas de voir tous ces gens ça m’a fait réfléchir, on était toute une bande et on faisait de l’édition, on avait des caravanes d’édition et notre siège social était dans un terrain vague, ou alors parfois dans une forêt (le terrain vague de la porte de Valenciennes, à Lille, pour ceux qui connaissent, et la forêt de Soignes en Belgique, pour ceux qui connaissent pas). Il y avait des partouzes qui étaient organisées avec des camionneurs et des jeunes filles vierges. Le lendemain matin il y avait plein de bouteilles d’eau (St Amand les os) remplies de pisse. On pensait que c’était des bouteilles de pisse de camionneurs, vu qu’ils n’ont pas le temps de s’arrêter, mais Ariane a dit que c’était de l’urine de vierge et qu’il fallait faire une tombeau-là, et offrir les bouteilles d’urine de vierge au gagnant. On a tous tiré nos poils de cul aussi, Edzi il y avait même de la merde accrochée à ses poils. Les garçons tiraient sur leur poil de pubis. Bite (monsieur Bite, on ne peut pas dire son nom car sa femme saurait qu’il rêve de baiser des grosses femmes de couleur noire) monsieur Bite donc, a écrit une chanson d’amour pendant qu’on faisait les premières prises d’un film de Q pour la jeunesse sexuelle. Après on a fait, bourrés, 4 numéros de la gazette de l’armée noire, en ramassant des canettes de bières écrasées sur les chemins et des livres de cul où les mecs font semblant de bander. On a fait le premier numéro qu’on a intitulé « printemps de merde ». Un beau numéro, sérieux, littéraire et tout. Le deuxième numéro s’intitule « point de vue du Q », et c’est un spécial viande, où les stars people et des vieux clodos s’accouplent. Ils fuckent même des cadavres je crois. C’est pour la collection « été de merde ». Ensuite, j’ai dit « en Belgique y ‘en a qui s’la pète France et une fille a rajouté : « nous on ferait bien de se la péter un peu Belgique de temps en temps ! » Après, on s’est tous mis à quatre patte dans le terrain vague pour confectionner le numéro de l’Etron volant intitulé : « je pars en couille ». Dedans il y a Vivi et son texte « allo les alcooliques ? ». Très bon texte, elle s’est fait viré de tous les forums anti-alcoolique sur Internet et elle demande d’ailleurs si elle peut pas venir parler sur libre critique (?) Tout ça c’est pour le numéro de l’armée noire « Automne chiant » (vous avez compris ! c’est un numéro par saison, mais en fait on les fait tous d’un coup parce qu’après on a peur de plus avoir envie). Dedans, il y a Edzi qui parle en chti (fucke à la life, mais en chti) et El magnifico qui a inventé la recette de la paella au caca. Ensuite on s’est enterré avec les numéro de la Gazette (je ne vous parle pas du numéro d’hiver, c’est une surprise) et on se déterre le 13 juin, un vendredi, à la malterie de Lille.
C’est mignon par ici, faudra kjapprivoise