Nous avons appris dimanche, la disparition brutale de Thomas Braichet samedi 5 avril. Nous nous associons à sa famille et à ses amis, dont les BOXON (Julien d’Abrigeon, Georges Hassoméris, Gilles Cabut, Cyrille Bret, Sophie Nivet, …) avec qui il était très lié, dans ce triste moment.
Une page de témoignage va être ouverte aujourd’hui, pour qu’il soit possible de laisser un petit mot en mémoire de ce jeune poète sonore, qui par son travail était l’un des plus avancés et des plus travaillés de la poésie sonore actuelle. Vous pouvez laisser un mot à sa famille, témoigne de votre amitié ou de votre affection sur cette page.
Thomas Braichet, qui faisait parti des BOXON, en deux livres chez POL (On ne va pas sortir comme ça on va pas entrer, Conte de F____), avait réussi à réouvrir certaines dimensions de recherche sonore inaugurée initialement par Heidsieck. Réfléchissant sur le rapport entre le texte et le son, loin de ne travailler que l’arrachement de la langue de la page, il interrogeait de manière singulière la relation entre les dimensions son/texte, jouant des croisements entre ce qui est lisible et ce qui est audible. Conte de F____, dont nous avions parlé ici, était en ce sens une pièce emblématique, à travers ses recherches graphiques et typographiques, et sa création sonore très travaillée. Il interrogeait en ce sens les dimensions de sens, amenant le lecteur, expérimentateur à faire l’épreuve des différentes dimensions médiumiques.
Il est possible de découvrir son travail aussi à partir de son Myspace, que sur TAPIN [Epilogue #1, un extrait d’On ne va pas…, Sa marseillaise].
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Tous ses amis de BoXoN ont la tristesse de vous faire part du décès de
Thomas Braichet à l’âge de trente ans des suites d’un cancer. Il participait
à la revue et au collectif BoXoN depuis 2002.
Nous nous associons à la peine de Sophie, sa famille et ses proches.
Une bénédiction aura lieu mercredi 9 avril à 10 heures 30 à l’église Saint
Nizier (10, rue Saint Nizier, Lyon 2ème), suivie d’un hommage à Thomas au
Boulevardier (5, rue de la Fromagerie, Lyon 1er)
Une page internet destinée à sa famille et à ses proches afin de recevoir
les messages de condoléances, les témoignages de sympathie, les hommages, a
été créée à cette adresse : http://thomasbraichet.blogspot.com
Une autre page recueillant quelques photos, sa bio/bibliographie, des liens
vers plusieurs de ses oeuvres est accessible à cette adresse : http://tapin
free.fr/thomas.htm
Je suis triste… Très triste… Et les mots me manquent… Même si ce serait exagéré de dire que j’ai perdu un ami. En effet, on ne faisait que se croiser dans des lieux comme Montevideo chez Hubert Colas, à Marseille. Mais, nous nous sentions proches… En affinités électives…
Et puis ça commence à faire beaucoup d’oeuvres posthumes pour notre génération, après Christophe Tarkos et Edouard Levé, maintenant Thomas. Thomas qui a vraiment inventé une forme rien qu’à lui. Il ne nous reste plus qu’à être à la hauteur de son travail et de faire en sorte que le legs se fasse.
Désolé si ça manque de pudeur.
Ma pensée va vers ses amis de TAPIN. Courage les gars ! Il va vous falloir beaucoup de courage.
Sans mots, sans voix, juste de l’émotion. Thomas, formidable Thomas. Je ne peux me faire à l’idée de cette absence, définitive.
……. c’est terrible après Josée, edouard levé (que je connaissais pas), la mort semble faire son œuvre inéxorable……. avec Thomas je perds un véritable ami, un vrai pote… Comme Christophe Fiat le dit, les mots me manquent aussi, vraiment, terriblement, implacablement… mais ce qui me restera de souvenirs le plus récents de lui (outre les mails qu’on s’envoyait), ce sont les beaux trucs qu’on a fait ensemble juste avant sa maladie (et qui seront, eux, éternels)… comme la vie est conne et injuste ! FUCk LA MORT ! Je t’aime Thomas.
Très choquée, enragée et infiniment triste. J’aimais Thomas en tant que poète, musicien et en tant que personne, toujours généreux, à l’écoute, sincère, sans compromissions artistiques ou humaines. L’énoncer me semble vain (lutter contre le grand trou, l’absence) mais, en effet, il nous reste à lui faire honneur pour tenter d’occuper ce manque insoutenable. En lisant, écoutant, faisant lire et écouter. Je pense fort aux BoXon et aux gens qui l’aimaient. Je pense à lui.
Je fais circuler depuis un moment déjà son travail en prêtant Conte de F____ aux artistes que je croise et je ne pensais pas si bien faire en apprenant cette triste nouvelle, mais ses recherches poétiques restent.
A la demande de son frère, nous avons effectivement ouvert une page destinée à recueillir les messages de sympathie pour sa famille, pour Sophie, pour ses proches :
http://thomasbraichet.blogspot.com/
C’est dur.
Merci de votre soutien.
Julien
j’ai appris la nouvelle par Georges et puis par Julien. On avait fait une lecture ensemble à Montellimar, lui et Julien, et après on avait passé une très chouette soirée, on avait eu un succés fou là-bas ! Il était d’une très grande gentillesse et s’intéressait à tout. Un type vraiment très gentil Thomas. Je suis vraiment triste parce qu’après on s’est pas écrit, alors qu’en fait j’aurais voulu qu’on discute plus… et puis aussi parce que je pensais que ça allait mieux. Il en avait parlé très furtivement dans la soirée, en se promenant dans les rues de la ville. J’ai un très bon souvenir de lui, de nous dans cette ville. Salut à toi Thomas, tu mérites vraiment pas ce qui t’arrive, tu étais un gars très chouette.
abasourdie,,,
hier encore je n’y croyais pas,,, je repense à antoine boute, laure limongi & mylène lauzon qui m’ont fait connaître thomas braichet et son travail et les remercie, invité à la soirée open & sh(o)ut l’an dernier à recyclart à bruxelles, beaucoup de monde et peu de temps pour faire amplement connaissance, on se dit, nous nous croiserons sûrement plus & mieux, &,,, voilà,,,
un très beau souvenir de sa performance à table en quadriphonie avec plein d’objets, un blondinet d’environ trois ans émerveillé, lui assis tranquillement en backstage,,,
sentiments & pensées à l’équipe de boxon
&
: »
je te copie un bout d’interview qui va paraitre dans le prochain « revue et
corrigée »
Expliquez-nous maintenant c’que vous faites. Des détails. Des exemples.
Je fais des audiolivres. “On va pas sortir comme ça On va pas rentrer” (Èd.
POL, 2004) est un compact-disc et un livre, qui dressent chacun un pan d’une
même histoire. Le récit se constitue pleinement lors de la lecture
simultanée des deux médiums. Ainsi se trouvent confrontés deux temps : le
temps libre de la lecture et le temps imposé de l’écoute. Soit, le lecteur
comme lieu de rencontre (et/ou de conflit et/ou d’épousailles) de la
synchronie et de la diachronie. Le livre n’est pas tout fait de la prose pas
de la poésie non plus, la dimension plastique/graphique m’est très
importante ; j’écris les textes, les mets en page avec des polices de
caractères que je dessine. Le cd se ballade entre musique, musique concrète,
électro-acoustique, pièce radiophonique et lecture ; je fais quasiment
toutes les prises de son, je compose, je monte. Livre et cd se créent
simultanément, une prise de son fait écrire du texte quand ce n’est pas
l’inverse. Et son retour : quand le texte inspiré par le son est écrit, il
le modifie (quand ce n’est pas l’inverse), ou demande une autre couche de
son… qui fait écrire du texte… and on and on. L’audiolivre se constitue
donc par d’incessants et immédiats allers-retours entre l’un et l’autre.
Avec pour condition sine qua non de pouvoir aussi fonctionner séparément.
En live c’est autre chose. Temps libre/temps imposé se rejouent différemment
: je suis le lieu de leur rencontre. Dans la plupart des cas, des événements
sonores (ambiances, musiques, voix) sur supports fixés sont diffusés en
quadriphonie. Moi, j’ai deux micros, une platine vinyle, un magnétophone,
dont je joue. Une table de mixage, je spatialise. Et du texte, que je lis,
que je spatialise. Je suis assez dans la position d’un musicien. Je peux
improviser pour une part, mais pour une autre, je dois obéir aux événements
fixés de la bande-son diffusée : quand elle me demande si « ça va ? », faut
que je réponde « ça va », quand d’une phrase elle dit une syllabe sur deux, à
moi de dire les autres, et à temps. ça prend beaucoup de répétition pour
faire quelque chose de fluide, marier la rigidité du support fixé et la
potentialité de l’instant. Mais je me fais très plaisir. Et puis il y a
toujours un fil conducteur : une histoire qui se raconte. ça n’est jamais
complètement abstrait. Ce que je fais, c’est une forme singulière de récit.
De petits théâtres mentaux.
ça vous a pris comment cette affaire ?
J’ai commencé la musique à 15 ans : je me suis acheté une basse en même
temps que mon meilleur pote s’achetait une batterie. On a écumé chanteurs et
guitaristes pendant cinq ans puis j’ai déménagé. Je me suis mis à le
remplacer par des machines, des boîtes à rythmes puis ai progressivement
lâché la basse pour faire de l’électronique, de l’électroacoustique.
Parallèlement à cela je rentrais aux Beaux-Arts où mon intérêt pour les
livres en général et mon activité d’écriture en dilettante m’orientaient
vers le graphisme, puis la typographie. Depuis à peu près sept ans, ces
trois pratiques ont commencé à se cristalliser en une seule, alors encore
protéiforme : j’avais des poèmes visuels qui marchaient avec du son, je
faisais des bandes-son qui parlaient de littérature, des textes-karaokés…
Mais je n’avais pas encore poussé l’affaire jusqu’à un livre-disque entier.
C’est ma rencontre avec Paul Otchakovsky-Laurens (POL), qui était intéressé
par la publication d’un livre accompagné d’un cd audio, que j’ai sorti
trente minutes de son sur quatre-vingt pages. Les potentialités de cette
grammaire singulière qui se mettait en place me tiennent aujourd’hui encore
en haleine.
je serais ravi de faire un bout d’aventure avec toi.
Cordialement, thomas. »
J’étais en train de faire une revue de presse avec des étudiants des beaux-arts quand je suis tombé sur l’avis de décès paru dans Libération. Tiens, un homonyme me suis-je d’abord dit, avant de lire « les éditions P.O.L … »! ça m’a fait un choc. Je ne connaissais pas très bien Thomas, nous nous étions juste croisés quelques jours dans un relais de résidence à Montréal, d’inclassable en inclassable, il quittait les lieux que j’allais occuper. Je me souviens de sa gentillesse et des bonnes discussions que nous avons eues. C’était en 2005, nous nous étions pas recroisés depuis.
J’avais invité Thomas Braichet à faire une lecture amplifiée de Conte de F____ à l’école Supérieure des Beaux-Arts d’Angers. Toute l’école, les enseignants et les étudiants, ont été choqué de ce qui est arrivé à Thomas et ont énormément regretté son absence la semaine dernière. Je tiens simplement à témoigner de mon admiration pour son travail et de tout mon soutien pour ses proches.
Judith Abensour
J’ai mal au coeur
son sourire,toujours
Soirée BoXoN autour du travail de Thomas jeudi.
Thomas Braichet Revisited
jeudi 2 avril 2009 à 19 h
Auditorium de l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne
> entrée libre, sortie inédite
Entre potlatch poétique et
archéologie préventive, Boxon
& Cie revisitent l’oeuvre de Thomas
Braichet à partir des matériaux
verbi-voco-visuels suivants : Conte
de F___ (POL, 2007), On va pas
sortir comme ça on va pas rentrer
(POL, 2004), Some lyrical butter
that makes barbiturates (éd. di Solo,
2000), Ses serres seS (éd. di Solo,
1999), Ce que je fée, né pas assez
(éd. di Solo, 1999), Exerg6 (éd. di
Solo, 1998), Nouvelles une (2001, éd.
di Solo), Et visuels (2002, éd. mix)
Vsans-Vslab 1.0 (2003, éd. mix),
Résiste (2007, éd. N’a qu’un oeil)
sans compter ses multiples
publications dans les revues
Boxon, If, Doc(k)s, celles que l’on a
oubliées, ou sur les sites Internet
tapin, le flac, synesthésie, la revue
x, et tous ceux que l’on ne connaît
pas encore.
Avec Julien d’Abrigeon, Sophie Nivet,
Gilles Cabut, Georges Hassomeris,
Cyrille Bret et quelques invités
sous réserve.
Thomas Braichet (1977-2008)
était membre du collectif et de la revue
Boxon depuis 2002.
Boxon, revue et collectif (Lyon,
1997—) : poésies actuelles,
expériences, débordements. Vingt-quatre
numéros parus à ce jour, dont
deux CD et un numéro liquide. Dernier
numéro paru : Boxon.24 spécial crise,
hiver 2009.
tapin.free.fr
Institut d’art contemporain
11 rue Docteur Dolard
69100 Villeurbanne
Tel. 04 78 03 47 00
Fax. 04 78 03 47 09
accès
Bus C3 arrêt Institut d’art contemporain
Métro ligne A arrêt République
Station Vélo’v à 1mn à pied
L’Institut d’art contemporain est situé à 10mn à pied de la gare Lyon Part-Dieu