Après le point de vue de Lionel Destremau sur Prétexte (1994-1999), voici celui de Christian Prigent sur sa trajectoire de TXT [voir le site : http://www.le-terrier.net/TxT] à Fusées [voir le site : http://mathiasperez.com][1]Sur la revue TXT (1969-1993), en plus du site mentionné ci-dessus, qui renvoie à l’article de François Lacire "L’Histoire de TXT par ses textes théoriques et critiques", on pourra consulter Jacques Poirier, "Au carnaval des mots : Christian Prigent, Jean-Pierre Verheggen et la revue TXT", dans Bruno Curatolo et Jacques Poirier dir., Les Revues littéraires au XXe siècle, Editions Universitaires de Dijon, 2002, p. 129-139, et le chapitre 4 de mon Champ littéraire au XXe siècle, Armand Colin, 2002, p. 103-112. Sur Fusées (fondée en 1997), mon article "Fusées, une revue moderne" (La Revue des revues, Paris, n° 34, mars 2004, p. 99-106) et mon entretien avec Mathias Pérez, "Mathias Pérez : Carte Blanche à Fusées" – réalisé lors du colloque Critique et poésie : les revues comme lieux de la valeur, mais publié dans le dossier qu’a consacré au peintre et directeur de Fusées la revue Il particolare (n° 15 & 16, décembre 2006, p. 191-195). .
Christian Prigent : de TXT à Fusées (entretien avec Fabrice Thumerel)
– Dans ton dernier volume d’entretiens publiés (Ne me faites pas dire ce que je n’écris pas, Cadex éditions, 2004), comme du reste dans tes conversations particulières, tu sembles agacé qu’on accole à ton travail et à la revue Fusées l’étiquette "TXT"… Puisque les étiquettes ont la vie dure, pourrais-tu retracer ton itinéraire depuis la fin de TXT (1993) et rendre compte de ton investissement dans Fusées quatre ans plus tard, passage qui peut apparaître comme un grand écart tant le franciscanisme et le radicalisme de l’une tranchent avec le luxe et la pluridimensionnalité de l’autre ?
– La décision de mettre fin à TXT prenait acte de l’anachronisme (en 1993) de ce type de revue ("dernière revue vraiment moderne", a écrit Jean-Marie Gleize). Quant à moi personnellement, l’investissement intellectuel propre à un travail de revue ne me convenait plus. J’avais des livres à faire. Je les ai faits (je parle en particulier des essais qui sont parus entre 1991 et 2000, parce qu’ils touchent à la question que je viens d’évoquer).
Il se trouve par ailleurs que je travaille avec Mathias Pérez depuis notre séjour commun à Rome, en 1980. Le hasard a fait que nous nous sommes tous deux retrouvés professeurs au Mans au tout début des années 90. Mathias a eu le désir d’une revue, il a lancé Fusées, en 1997. Je lui ai donné des poèmes pour ce n° 1, à la composition duquel je n’ai eu aucune part. Je n’ai pas eu davantage de rôle éditorial déterminant pour les numéros 2 et 3. Je le dis pour la vérité et la clarté des choses : Fusées est la revue de Mathias Pérez, elle est née de son énergie, de sa curiosité intellectuelle et de son enthousiasme ; et elle tire sa distinction (son "luxe", oui, si tu veux, et sa "pluridimensionnalité") de son goût à lui.
Mais voilà que Mathias m’a demandé une préface pour le n° 4 (2000). Cela m’a forcé à clarifier et à théoriser ce qui, après coup, me semblait être le programme de cette revue (je ne peux que renvoyer à ladite préface). Après, j’étais un peu plus… responsable : le programme dessiné après-coup devenait une sorte de cahier des charges. J’ai donc joué, depuis, un rôle actif dans le dispositif d’ensemble des numéros (les rubriques), la constitution des sommaires, les propositions de dossiers, etc. Mais l’objet qu’est au bout du compte un numéro de Fusées est toujours la résultante de ce que Mathias aura voulu, au bout du parcours assez sinueux qu’est la confection, sur une dizaine de mois, de chaque sommaire.
Pour toutes ces raisons, bien sûr (et d’autres), Fusées n’a rien à voir avec TXT – pas plus que notre temps n’a à voir avec le temps qui fit qu’avec quelques amis je décidai, en 1969, de publier TXT. Et si d’ex-collaborateurs de TXT figurent çà et là aux sommaires de Fusées, ça prouve simplement que leur puissance d’invention est restée intacte et que leurs travaux sont à la mesure de notre temps comme ils l’étaient, quoique tout à fait différemment, il y a vingt ou trente ans.
– Il est vrai que la réalité du travail en revue est ambivalente : la "passion du nouveau" (entretien de 2004, p. 103) qui emporte finit par nuire à l’œuvre en train de se faire… Mais ce qui est tout de même surprenant, c’est que toi qui affirmes avoir "passé la main" pour avoir perdu "l’impatience et la férocité de la jeunesse" nécessaires à l’élaboration d’une revue digne de ce nom (p. 123), tu as néanmoins joué un rôle capital dans la conception même de Fusées, la présentant dans cette préface au n° 4 comme une revue moderne, au sens baudelairien du terme : ce qui fixe le transitoire, extrait du présent fugitif la beauté mystérieuse, et continues d’y collaborer activement…
– Encore une fois, le travail avec et pour Fusées (qui ne commence vraiment pour moi qu’au numéro 5) n’est pas du tout du même type que celui que je faisais avec TXT. TXT avançait comme un bélier obtus, cuirassé de certitudes théoriques (au moins affichées) et ses sommaires étaient organisés selon un principe stratégique de défense et d’illustration du corps théorique en question. J’accepte qu’on en sourie. Rétrospectivement j’en ris souvent moi-même. Mais c’était ainsi. Et, après tout, ça a produit de la pensée pas trop frivole, des attitudes éthiques plutôt dignes, des textes qui d’ores et déjà font date et dont l’influence est aujourd’hui patente. Fusées vient dans un paysage moins simplifié, moins contrasté, plus flou. On y roule moins tambour. Si on guette toujours le "nouveau", c’est d’une manière plus aléatoirement gustative que sévèrement théorisée. On picore un peu. On essaie de se laisser surprendre. Et on prend son temps. Ça n’empêche pas de savoir assez clairement ce qu’il n’est pas question de publier (vieilleries, académismes, talents policés et gloses logorrhéiques).
– Témoigne de la fougue dont tu fais encore preuve cette charge contre les Néo-Modernes dans la préface au n° 4 :
"Voici plusieurs intrépides inventeurs affairés surtout à se démarquer de la troupe, à polir leur "concept", à se faire un look stylistique visible et à gérer économiquement l’exploitation du label ainsi déposé dans le panorama. […] Des revues dont la jeunesse affichée répète des modèles banalement anciens : anthologies cool de "ce qui se fait", échantillonnage de "ce qui apparaît", petits musées anticipés, pistes pour les quarts d’heure de (menue) célébrité. Peu ou pas d’effort de critique et de théorisation. Guère de généalogie explicite. Pas de point de vue généraux sur la question littéraire. Pas de questionnement des enjeux idéologiques, politiques, civiques de cette question. Bivouac au cœur de la question formelle. Et, forcément, dans la logique de cette spectacularisation impensée (et un peu déprimée dans son confinement artisanal), tournis, d’un sommaire à l’autre, d’une revue à l’autre, des mêmes noms, des mêmes textes, dans un mixte anodin d’équivalence généralisée de tout avec tout".
Reprise et développée dans Salut les modernes (P.O.L, 2000), cette provocation a engendré une polémique, notamment avec la revue Java. [2]Cf. chapitre 5 de mon Champ littéraire déjà cité. Avec le recul, quel jugement portes-tu sur cette affaire ? Quel est aujourd’hui ton point de vue sur les revues de poésie expérimentale que tu connais ?
– Je ne souhaite pas revenir sur la polémique dont tu parles. Quant aux "revues de poésie expérimentale", je n’ai pas de point de vue autre que celui-ci : elles existent et c’est bien qu’il y en ait beaucoup ("que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent" !), pourvu qu’elles creusent leurs différences et ne se contentent pas de menues variations sur les modèles formels en vigueur (le stéréotype moderniste). Et qu’elles fassent l’effort de retour théorique sur leurs pratiques. Je ne vois rien de bien marquant, de ce point de vue, dans le champ. Mais il faut dire que j’ai passé l’âge de suivre tout cela de près.
– Pour en revenir à Fusées, pourrais-tu lui appliquer cette déclaration faite à Hervé Castanet dans tes entretiens de 2004 déjà cités : "L’habit d’époque dont s’habille une revue est autant un cache qu’un révélateur" ?
– Je veux dire simplement qu’il ne faut pas croire les revues (éditoriaux, manifestes, etc.) sur parole. Le principe de périodicité plus ou moins rapide, l’attention au phénomène (à l’époque comme phénomène) et la décision de publier des échantillons de ce surgissement phénoménal est ce qui fait qu’il y a des revues. En cela, elles enregistrent du symptôme (surtout si elles ne font pas le travail de retour théorique dont je viens de parler). Elles exposent des symptômes d’époque, plus que la maladie (la vie) de l’époque elle-même. C’est la raison pour laquelle toutes les revues expérimentales (avant-gardistes, modernistes, etc., comme on voudra) donnent, après coup, toujours, une telle impression de kitsch, d’exotisme amusant (regarde les revues surréalistes, par exemple). Nul n’a les moyens d’éviter cela, qui ne doit pas tuer le désir de faire des revues – mais qui peut inciter à ne pas les faire d’une manière trop naïvement identifiée à ce qui s’y publie (c’est-à-dire sans recul théorique ni distance auto-ironique).
– Ce que tu disais à propos de TXT : "on a beaucoup parlé de cette revue, mais à peu près personne ne l’a lue" [3]Passage des avant-gardes à TXT" (entretien de C. Prigent avec F. Thumerel), dans Francis Marcoin et Fabrice Thumerel dir., Manières de critiquer, Artois Presses Université, 2001, p. 222., n’est pas tout à fait valable pour Fusées… Sais-tu quels sont vos lecteurs ?
– En règle générale, tu le sais bien, le lectorat de ce type de revue n’excède pas beaucoup le cercle de ceux qui d’une manière ou d’une autre aimeraient y publier (et souvent pourraient effectivement le faire, voire le font occasionnellement). Peut-être la réussite esthétique de l’objet Fusées et la pluridisciplinarité (encore que plus carnavalesque que décidément sérieuse !) des sommaires changent-elles un peu ces données ? – je ne sais…
– Si le cercle des lecteurs de Fusées est un peu plus large que celui de TXT, le moins que l’on puisse dire, c’est que son audience est limitée (quelques centaines d’exemplaires vendus, quinze cents lecteurs environ). Or, son objectif est de tremper "dans l’acide satirique du langage poétique quelques fragments choisis de "la vie extérieure du siècle"", d’être moderne, c’est-à-dire d’offrir "le spectre (hantise, dissolution, analyse, négatif) du présent comme fuite des significations hors du corps légendé (historisé ou futurisé) des pensées, des images et des langues", et d’opposer ainsi à "l’afflux aliénant du nommé" "l’éternel retour de l’innommable" (préface au n° 4). Que répondrais-tu au poète-essayiste Jean-Claude Pinson, qui, dans À quoi bon la poésie ? (Pleins Feux, 1999), voit dans ce type de résistance une "illusion romantique", une "utopie littéraire", dans la mesure où "la subversion par la forme (le signifiant) risque bien de n’être qu’une subversion pour la forme" ?
– Je ne vois pas en quoi les formules que tu cites constituent une critique des déclarations d’intention de Fusées… Où parle-t-on de "subversion" ? Où est-il question de ne s’intéresser qu’à la "forme" ? Où identifie-t-on "forme" à "signifiant" ? Jean-Claude Pinson s’en prend plutôt à une image d’avant-gardisme modèle années 70, dont, comme bien d’autres, il a fait le chiffon rouge qui excite (anachroniquement) sa corne. Mais cette corne n’enfonce plus que des portes ouvertes.
Vivement le prochain livre de Prigent
Moi, j’ai acheté une fois Fusées. C’était très bien. Mais, bon, le prix, ça calme quand même.
De plus, j’aimerais bien que dans les revues, on écrive si elles sont ouvertes ou fermées aux contributions.
Fusées, revue ouverte ou revue fermée ?
Le prochain livre de Prigent est en bonne voie : un recueil de contributions diverses, avec en plus une recension exhaustive de ses écrits comme des travaux sur son oeuvre.
Si vous avez bien lu cet entretien, vers la fin Christian précise que le lectorat de « Fusées » est presque exclusivement constitué de collaborateurs potentiels… Disons qu’une partie de la revue reste ouverte ; l’essentiel du sommaire regroupe les auteurs pressentis pour les dossiers et rubriques diverses, en plus des textes proposés par les écrivains de la mouvance FUSÉES.
je ne trouve pas qu’il y ait une mouvance FUSEES.
c’est bien la réponse à pinson (ça fait aussi réponse à pas mal d’autres).
Par « mouvance FUSÉES », je n’entends pas une école, mais une certaine sensibilté, certains partis pris qui se dégagent des dossiers et rubriques : les auteurs publiés, qu’ils soient anciens de TXT ou plus jeunes entrés dans le champ poétique, se rattachent à la modernité (cf. note 1, référence à mon article « Fusées, une revue moderne »).
En effet Fabrice a raison. La question de l’affinité est essentielle quant à Fusées. Par exemple, alors même que je ne suis pas à proprement parlé un moderne (ayant revendiqué depuis fort longtemps que l’angle de toutes mes recherches est lié à un décryptage de la post-modernité), j’ai pu faire partie pendant 3 ans du comité de rédaction de Fusées. Certes je n’y suis plus, et je pense que c’est normal, toutefois, Fusées a réuni des tendances poétiques et artistiques distinctes, selon une proximité d’affinité.
Reste que je trouve que les derniers numéros, sont moins forts, caractérisent moins la démarche critique qu’elle n’avait lieu. J’en suis un peu triste. Il faut dire que le comité de rédaction n’a pas réellement rajeuni. 🙂
Oui, Philippe, les derniers numéros ont tendance à tomber dans le genre « célébrations amicales », « amicale des anciens »… Allez FUSÉES, un nouvel effort, après le coup de barre ça repart !
Ce serait bien oui, que Fusées repartent un peu dynamiquement ! plus de risque, un accueil de travaux plus contemporains parfois (car là en poésie dans le dernier numéro c’est triste… Je l’avoue cela m’a fait drôle de voir Valérie Rouzeau)…
vite fait,
je ne sais pas si l’âge du comité de rédaction a vraiment quelque chose à voir avec ça. entre nous, il y a des jeunes (et des vieux) bien plus croutons que boutibonnes ou prigent et dont l’effort critique ne me saute pas aux yeux, c’est le moins qu’on puisse dire. disons que l’âge ne m’interesse pas.
encore doit-on parler de mathias pérez (comme le souligne prigent), peintre, dégagé de l’écriture (engagé autrement disons), donc forcément la revue d’un lecteur (avant tout) avec des affinités, des goûts.
la « mouvance » telle que tu la décris (j’avais effectivement compris « école » élargie, ce avec quoi je n’étais pas du tout d’accord, notamment parce que des personnes comme philippe boisnard ont pû y avoir un rôle à remplir) et telle que la souligne philippe boisnard, je n’ai pas lu une seule revue qui échappe à ça (sauf doc(k)s… encore peut-être, ça mériterait d’être discuté). je lis java, elle a pu connaitre exactement les mêmes « travers » (ce n’en sont pas à mon avis). nioques, qu’en dire ? qq c’est que de l’affinité. les petites revues, et même ici sur le net. l’affinité joue toujours son rôle.
cela dit, pour moi (toujours), ce n’est pas nécessairement le signe d’un affaiblissement critique. fusées est toujours divisée en dossiers, qui concernent des pratiques diverses. ça veut dire quelque chose. il y en a qui m’intéressent, d’autres non et d’autres encore que j’attends avec impatience et qui relèvent de la célébration d’un membre de l’amicale (pierre lucerné, oui..voilà un vrai, un bel, un important effort qui je l’espère sera à la hauteur – m’apprendra beaucoup de choses), mais on ne peut pas dire qu’il n’y a pas l’effort critique que philippe boisnard souhaiterait peut-être lire plus evidemment. ne serait-ce que parce que des types comme moi essaient d’y faire les liens éventuels. après tout, ça se joue là aussi.
un dossier pastior, même trop court ou incomplet (c’est mieux que le rien des autres), ça ne me semble pas mou du genou, le numéro pennequin était même assez vivifiant je trouve (beaucoup plus que les 2 premiers numéros de la revue).
peut-être que je peux avoir l’impression parfois d’un ressassement des mêmes questions, mais même là : ça taraude quand même. il y a un côté goguenard, insistant qui ne me déplait pas, un questionnement qui continue de me parler et qui se montre encore. même sous une forme plus apaisée, il résonne ici et maintenant. (pour aller vite. c’est pas le forme du vieux con en tout cas). je trouve qu’ils n’ont pas mangé leur chapeau quoi ! je note aussi que lors de l’apparition médiatique de mc solaar, aucun membre de cette amicale là n’a entonné le chant de la « poésie rencontre le rap » contrairement à ce que j’avais pu lire ailleurs et plus particulièrement dans un numéro de po&sie de l’époque, et qu’ils ne se vautrent toujours pas chez pilot le hot (même si je pense qu’ils peuvent déconsidérer un peu vite parfois tout le slam). amicale soit, vieux peut-être, mais pas cons, certainement.
bref, ça reste bien.
quand je lis un article sur annie ernaux (par exemple, il y en a d’autres ici en ce qui me concerne), je ne me dis pas que libr-critique commence à sentir des pieds, et que les tenants de la boutique baissent la garde ou affichent je ne sais quelle fatigue, mais juste que annie ernaux me fait toujours chier malgré l’article. ça ne m’empêche pas de lire tout le reste, d’essayer de comprendre, etc. et parfois même d’essayer de lire annie ernaux (jamais longtemps). ah, java aussi a publié annie ernaux. raaaahhh les vieux glands eux !
Je ne peux laisser réduire le débat ainsi !
Reconnu comme spécialiste de l’oeuvre de Prigent, et par ailleurs auteur de l’article le plus complet sur FUSÉES – ayant donc pas mal oeuvré pour cette oeuvre et pour cette revue -, il ne s’agit pas pour moi de renier quoi que ce soit et de tomber dans une Querelle stérile entre « Anciens » et « Nouveaux »…
Les membres de FUSÉES ont une oeuvre importante et font oeuvre cruciale ! Sans compter qu’ils sont plus férus en matière de critique que bon nombre de plus jeunes (voir mon post « De la critique en terrain miné »)…
Au reste, qui plus que nous continue à parler de FUSÉES ?
Et je tiens le dernier roman de Christian, « Demain, je meurs » (POL, 2007 – publié à 62 ans donc) pour l’un des plus extraordinaires que j’ai pu lire depuis dix ans au moins…
Mais il suffit de comparer les derniers numéros de la revue aux autres pour constater un accroissement de la part anecdotique et une diminution de la part vraiment créative et critique…
Une fois encore la question se pose : sommes-nous de simples faire-valoir ?
Comme nous avons une conception exigeante de la critique, nous voulons ignorer toute complaisance et pratiquer la critique avec rigueur et autonomie, quitte à aiguillonner gentiment nos amis – qui, d’ailleurs, ne sauraient nous en tenir rigueur, détestant eux-mêmes la complaisance.
valérie rouzeau c’est parce que c’est jacques demarcq
celui qui parlait sur france culture (il faut bien se trouver une place) du jardin ouvrier et se foutait gentiment de la gueule à lucien suel et ch’vavar (parce que on peut couper les mots et ces cons là avec leur poésie justifié l’ont même pas vu ah ah ! je l’aime bien lucien, dit jacques demarcq, mais bon, gentil quoi ! c’est ça qu’il pense alors qu’en fait ils ont tellement usé et abusé de la coupure de mot que je trouve que lucien et ch’vavar ont eu un nez terrible ! et qu’ils ont devancé de plusieurs années ce qui s’est fait avec quintane ou tarkos !!!
incroyable
et cette revue il serait tant que vous en parliez, justement ça changerait de fusées et de annie ernaux et re-java ou que sais-je, enfin une revue qui a fait tout de même un sacré bout de chemin mais dont ici tout le monde se garde bien d’en parler !!!!
ça me débecte tien
et quand vous parlerez un peu d’hubaut ? vive hubaut merde
« Eh ! Jacques D., descend ! »
Il est un peu bête de me reprocher de ne pas couper les mots dans les vers justifiés, parce que ma contrainte est justement de faire rentrer les mots dans la ligne sans les couper ! Je ne me contente pas de compter les signes, je respecte les mots. Si le mot est trop long ou trop court, j’en trouve un autre ou je le change de place. C’est la contrainte. Cependant, on trouve parfois un mot trop long qu’on peut couper parce qu’il contient un autre mot. Par exemple, si le mot « condescendant » est trop long, je peux le couper en deux.
Maintenant, pour ce qui est de couper, j’ai fait suffisamment de cut-up à la Burroughs dans les années 70…
C’est ainsi, il y a des gens qui répètent toute leur vie les mêmes choses, les mêmes gimmicks et il y en a d’autres, comme Ivar Ch’Vavar précisément, qui inventent.
Je ne suis pas un spécialiste. J’écris des poèmes et les gens les lisent et les écoutent.
A part ça, je suis assez indifférent à ce que pensent et disent les professeurs de poésie. Je ne fais pas carrière, ni dans l’enseignement, ni dans la poésie. Je ne cherche ni le pouvoir, ni la richesse, ni la renommée. Je fais juste ce qui me plaît.
Lucien Suel