"À quoi bon encore des revues de poésie ?" est la reformulation d’une question implicite qui, depuis la fin du siècle dernier, tiraille le champ littéraire tout entier — à savoir, les espaces des médias, des éditeurs, des libraires et des bibliothécaires, mais également, par ricochet, ceux des auteurs et des revues.
La perspective adoptée, qui allie les approches généalogique et stratégique pour établir la sociogenèse d’un enjeu propre à un état du champ , présuppose qu’on s’interroge sur les conditions de possibilité d’une telle question : pourquoi et par qui est-elle posée plus ou moins ouvertement, voire plus ou moins insidieusement ?, avant d’examiner un spectre assez large de réponses et de se concentrer sur les plus novatrices et les plus iconoclastes. Ainsi s’avérera indispensable la variation des échelles de contexte, c’est-à-dire la combinaison des dimensions macro- (faits socio-économiques) et microphénoménales (points de vue particuliers). Cette seconde optique nécessitera, dans le prolongement de la sociopoétique [voir mes chroniques sur Jérôme Meizoz : 23/01/06 et 04/11/07], la confrontation et l’analyse des discours les plus variés, oraux (entretiens et réponses à des enquêtes) et écrits (essais, chroniques, articles universitaires et divers textes publiés en revue).
De la crise des revues (et) de (la) poésie…
Il convient d’abord d’expliciter les questions qu’englobe cette interrogation cruciale : "À quoi bon encore des revues ?" et "À quoi bon encore la poésie ?" – questions qui en condensent beaucoup d’autres. En effet, depuis le volume collectif coordonné il y a trente ans par Jean-Christophe Bailly, Wozu Dichter in dürftiger Zeit ? / À quoi bon des poètes en temps de manque ? (Le Soleil noir, 1978), qui reprend la question socio-ontologique posée par Hölderlin à la toute fin du XVIIIe siècle, les libellés interrogatifs ne manquent pas : "Aujourd’hui, que peuvent les revues pour la littérature contemporaine ?" (Philippe Mesnard, La Revue des revues, n° 25, 1998) ; "La forme-poésie va-t-elle, peut-elle, doit-elle disparaître ?" (Action poétique, n° 133-134, enquête, hiver 1993-94), À quoi bon encore des poètes ? (Prigent, P.O.L, 1996), À quoi bon la poésie aujourd’hui ? (Pinson, Pleins Feux, 1999) ou À quoi bon la poésie, aujourd’hui ? [voir mon article du 19/05/07], "À quoi servent les poèmes ?" (10e Anniversaire des Jeudis de la poésie, Besançon, 29-31 mai 2004), "Pourquoi la poésie ? Pourquoi des poètes ?" (Poésie 1, n° 51, "Dossier-enquête", printemps 2008)…
Ces deux secteurs des revues et de la poésie sont couramment présentés comme en crise — prénotion de sociologie spontanée qu’il nous faudra remettre en question. Plaçant justement ce terme entre guillemets, dans "Pour une histoire et une politique des revues", Jacqueline Pluet résume à la forme interrogative les débats sur les revues qui ont eu lieu dès la fin des années soixante-dix : "Les revues pourraient-elles résister au déferlement des médias ? Sauraient-elles faire entendre leur voix dans le concert ou plutôt la cacophonie des nouvelles technologies ? Les revues sont-elles une forme d’expression dépassée, et donc condamnée ? Ont-elles encore une fonction ?" (dans B. Curacolo et J. Poirier dir., Les Revues littéraires au XXe siècle, Éditions Universitaires de Dijon, 2002, p. 23). Et lorsque des "États généraux des revues" se tiennent à Caen les 10 et 11 octobre 1997, organisés par une association Ent’revues très active depuis sa création en 1986, Olivier Corpet plaide une cause qui semble perdue d’avance puisqu’elles "ont toujours mauvaise presse ou — plus prosaïquement — pas de presse du tout. Ni visibilité réelle, ni reconnaissance suffisante" (La Revue des revues, n° 25, p. 8).
Logées à la même enseigne, la forme-revue et la forme-poésie sont soumises au même diagnostic : poids économique nul, reconnaissance institutionnelle insuffisante, danger d’asphyxie par inadaptation au circuit commercial actuel, maintien "sous perfusion/subvention étatique", pour reprendre une formule du poète Olivier Quintyn (Magazine littéraire, n° 396, mars 2001, p. 63) – métaphore médicale que reprend à son compte Bernard Mazo dans Aujourd’hui POÈME, insistant sur le gouffre entre le nombre d’écrits et un public potentiel qui ne dépasse pas cinq à six mille lecteurs (n° 56 et 57, décembre 2004 et janvier 2005)… Bref, pronostic vital réservé. Depuis les États généraux de la poésie (Centre international de la poésie, Marseille, 12-14 juin 1992 ; éd. 1993), le discours sur la fragilité économique de la poésie est en effet devenu antienne : si Michel Chandeigne déplorait que seule une poignée de libraires accueillissent un fonds de poésie, Paul Otchakovsky-Laurens, quant à lui, avouait qu’aucun titre du catalogue P.O.L ne dépassait le millier d’exemplaires et affirmait qu’"il n’y a aucun poète qui vit de sa poésie" (cf. p. 173, 169 et 190) ; à Jude Stéfan, pour qui "un poète, même efficace, n’a que quelques centaines de lecteurs, confrères, critiques compris, outre de jeunes amateurs" (Chroniques catoniques, La Table Ronde, 1996, 228), font écho Hans Magnus Enzensberger, qui, non sans humour, désigne sous l’appellation de "constante dite d’Enzensberger" son évaluation du nombre de lecteurs de poésie — qui "se situe autour de ± 1354" (L’Infini, n° 63, automne 1998, 13) —, et Jean-Claude Mathieu, qui, bien qu’ayant dénombré plus de deux mille auteurs ayant publié au moins un recueil dans les deux dernières décennies du XXe siècle, estime également que ce lectorat n’est constitué que de "mille poètes s’entrelisant et quelques universitaires maniaques de la plaquette" (Littérature, n° 110, juin 1998, p. 4) ; citons encore l’article de Jean-Louis Perrier ("La Poésie contemporaine demeure confidentielle", Le Monde du 13 juin 1997), qui rapporte que, d’après François-Marie Deyrolle, "l’édition de poésie est en train de se marginaliser", deux tiers des volumes étant tirés à mille exemplaires maximum… L’inéluctable conséquence, rappelée par Henri Meschonnic dans Célébration de la poésie (Verdier, 2001), est "l’autre réalité du divorce-avec-le-public" : "sa faible présence chez de moins en moins de “grands éditeurs”", cependant que "le roman est le cancer de la littérature" (91). Ce triomphe écrasant du roman, diagnostique Christian Prigent dans À quoi bon encore des poètes ?, est dû aux attentes angoissées des lecteurs-consommateurs : "plus que jamais, les livres sont sommés de nous rassurer sur le monde, c’est-à-dire de le remplir de significations immédiatement consommables" (12). Ainsi, confirme Michel Deguy dans le numéro de Littérature intitulé "De la poésie aujourd’hui", "le devenir-roman de la littérature dans le devenir économie (ou, si on préfère, patrimonial et culturel) de la littérature, bien constatable… à l’économie de l’édition, aux saisons de la “vie littéraire” avec ses prix, etc., […] achève de “marginaliser” une “production poétique” raréfiée, minoritaire, minime, infime" (p. 8). Dans un tel univers du tout économique, comment s’étonner que la poésie soit devenue une "inutilité obsolète" [1]Georges Emmanuel et Sylvestre Clancier, "La Vie de la poésie ou La Poésie et la Vie. Regards croisés", Le Feuilleton de la Société des Gens de Lettres, n° 4, automne-hiver 1999-2000, p. 26-33.? D’où l’inexorable question du "Que faire ?", que ne peut manquer de poser le rédacteur en chef même d’un magazine aussi bien en vue que Poésie 1 : "Que faire alors ? Tout abandonner et se mettre au pas devant l’ordre établi par la grande finance, en se résignant à la disparition d’une revue prestigieuse telle Poésie 1, qui est sur le point d’atteindre les quarante ans ?" (n° 51, p.15).
De façon plus générale, toujours dans le numéro 110 de Littérature, le poète et critique Yves Charnet n’hésite pas à parler de "malaise dans la poésie", et, peu après, dans un dossier du Matricule des Anges sur "la poésie contemporaine en France" (n° 51, mars 2004), Thierry Guichard dresse un constat tout aussi alarmant : puisque la poésie est "abandonnée par l’école, sarclée dans les bibliothèques, oubliée des librairies (le syndicat national de l’édition doit regrouper poésie et théâtre pour établir le poids économique de ces deux genres, en une nomenclature des laissés pour compte)" et de la presse, "la désertion ressemble à une Berezina" (p. 15). Évoquant cette "marginalité économique et sociale", dans À quoi bon la poésie aujourd’hui ?, le poète et essayiste Jean-Claude Pinson souligne que "la poésie, à la différence d’autres arts, tombe de haut, elle qui jadis était considérée comme l’art majeur" (12). D’où cet éclairage sur le mal poétique fin de siècle : "Si malaise de la poésie il y a, il n’est en effet pas sans rapport avec la fin d’une représentation avantageuse, emphatique, de la poésie et de la figure du poète" (16). On ne peut que mettre ces propos en relation avec la situation établie par Michel Deguy à l’entame du numéro spécial de Littérature. D’après le poète reconnu, à l’ère de la mondialisation, la poésie est condamnée à un devenir-mineur : "Oui, vouée maintenant aux petits médias, aux petites plaquettes, au perd-petit éditorial, aux petites annonces, aux petites audiences multipliées, aux petites manifestations culturelles". Et de stigmatiser les recyclages publicitaires — l’annexion de la poésie "dans le vaste champ du slogan (I like Ike) et du calembour (voir Libé)" — et anthologiques ("Et une revue de poésie, n’est-elle pas un florilège ?"). Deux ans plus tôt, dans un texte régi par l’isotopie de la mort et de nombreux procédés dépréciatifs (paronomase, mélange de registres, comparaisons et inventions verbales péjoratives…), Christian Prigent décrivait avec un sens du paradoxe et un humour caustique le sort réservé aux poètes et à la poésie aujourd’hui : si les professeurs du secondaire vouent aux poètes contemporains — morts de préférence — "une déférence de principe", ils leur préfèrent néanmoins "des clones clownesques" ("chansonniers mélancoliques" et "bardes protestataires") ; quant à la poésie, elle est malmenée et subvertie ("on y taille des épigraphes, des exergues, des récitations, […] on la détourne en pubs et en fétiches chromos"). Plus que C. Prigent dans À quoi bon encore des poètes ?, et pas moins que M. Deguy — qui s’inquiète de la désocialisation de la poésie, de son "existence sociale mineure" [2]Michel Deguy, "La Poésie sortie du lit", entretien paru dans Franck Smith et Christophe Fauchon dir., Zigzag Poésie. Formes et mouvements : l’effervescence, éditions Autrement, 2001, p.40. —, Robert Davreu fait partie de ceux qui regrettent le recul de la poésie dans l’échelle des valeurs sociales : pour elle, commence désormais l’exil, dans un monde anomique où des chanteurs sont "promus systématiquement poètes" et des rappeurs comme des tagueurs "élevés au rang d’artistes “géniaux”" ; dans un "monde de la communication" qui la rejette du côté de "l’expression, c’est-à-dire le cri, plus ou moins articulé, ou encore l’exhibition outrée de l’intime, au-dessous de la ceinture" ("Pour une défense de la poésie ?", dans Daniel Guillaume, Poétiques & poésies contemporaines, Le temps qu’il fait, Cognac, 2003, p. 25 et 28).
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que la rubrique "Revues & poésie" du volume Zigzag poésie se termine par un entretien avec Jean-Jacques Viton et Liliane Giraudon — qui confie ne plus être "convaincue de l’utilité des revues […] en ce début de XXIe siècle" — dont le titre, "États de crise", est justifié par quelques lignes de présentation : "La poésie, mal-aimée des journaux de l’establishment, doit se construire son espace d’expression propre, celui des revues. Pourtant cet espace reste lui aussi bien précaire : les revues se vendent peu, disparaissent, reviennent, se transforment" (210-11). Fragile sur le plan socio-économique, le circuit des revues de poésie l’est encore, pour Michel Deguy, sur le plan culturel, "la mondialisation culturelle de la poésie" favorisant "son existence en revue(s)" (6-7). Dressant un parallèle entre mondialisation, patrimonialisation des corpus poétiques, quantification des publications, capitalisation des valeurs et pacification post-avant-gardiste, dans sa "Situation" qui sert de préambule au numéro de Littérature sur "la poésie aujourd’hui", il fustige un désengouement et un désengagement consubstantiels à un individualisme exacerbé. D’abord l’irénisme : "les choses de la poésie — poèmes, écrits reconnaissables, arts poétiques, “poetics” en général — ne sont plus l’enjeu de conflits sévères. Plus de querelles, plus de manifestes, plus de grandes Écoles, plus de puissantes influences entraînant les voisins (la peinture, la musique, les “arts plastiques”…) dans des risques imprévus et scandaleux, féconds, expérimentaux". Puis l’éclectisme qui lui est corrélatif : "presque tous les “textes retenus” par tel comité pourraient paraître chez n’importe quel autre […]. Éclectisme tranquille. Action poétique, donc, Revue de littérature générale, ou Po&sie, L’Infini ou Fig., Nioques, pourquoi pas La Sape, La Revue des Deux Mondes ou la nrf […]". Ainsi la position de M. Deguy peut-elle se condenser dans une question comme celle-ci : "À quoi bon encore des revues de poésie, s’il s’agit de reproduire le Même et de servir d’instrument de conservation patrimoniale et de promotion individuelle ?" Celle que C. Prigent pose, parmi les modernes, à quelques jeunes poètes revuistes, moins radicale que la précédente : "À quoi bon encore “des revues à cinquante lecteurs” ?" (À quoi bon encore des poètes ?, p. 49), s’en rapproche sensiblement : "À quoi bon encore des revues de poésie, si elles demeurent repliées sur elles-mêmes, étrangères à toute préoccupation théorique, critique, généalogique et politique, pour ne constituer que de “petits musées” au service d’un “narcissisme d’autant plus violent que dénié, voilé d’auto-ironie” ?" [3]Christian Prigent, Salut les modernes, P.O.L, 2000, p. 31 pour les citations. Par ailleurs, j’ai résumé ici une position analysée amplement dans le chapitre 5 : "Une bataille entre Moderne(s) et Néo-Modernes" de mon ouvrage, Le Champ littéraire français au XXe siècle. Éléménts pour une sociologie de la littérature, Armand Colin, coll. "U", 2002, p. 125-152.
Il faut créer une revue pour débattre de ce problème
J’avoue que je ne comprends pas bien, Yves : faut-il créer une revue pour débattre du problème des revues ?
La création de Libr-critique – il y a tout juste trois ans – visait précisément à combiner création et critique afin de passer en revue les écritures contemporaines les plus exigeantes et les problématiques qui s’imposent dans l’espace autonome actuel.
Il faut faire des revues politiques! vive le groin ! bientôt dans les kiosques!
je vais demander à faire une rubrique dedans : à quoi bon l’à quoi bon?
ou à quoi bon vivre?
ou plutôt : à quoi bon le bon vivre ?
ou peut-être, à quoi bon ne pas continuer
à quoi bon s’arrêter finalement ?
et à quoi bon des poètes qui affirment haut et fort que la poésie est descendue bien bas, qu’il n’y en n’a que pour les djeun’s qui font du slam et des chanteurs promus poètes. C’est bien en France qu’on se mord la queue de cette manière en voulant garder jalousement la terra incognita poétique tout en ne sachant pas réellement ce qui s’y passe dans la poésie finalement. « les choses de la poésie — poèmes, écrits reconnaissables, arts poétiques, “poetics” en général — ne sont plus l’enjeu de conflits sévères. Plus de querelles, plus de manifestes, plus de grandes Écoles, plus de puissantes influences entraînant les voisins (la peinture, la musique, les “arts plastiques”…) Mais, c’est quoi les arts plastiques aujourd’hui ? qu’est-ce qui entraîne les arts plastiques aujourd’hui ? Il y a des artistes vachement bien mais c’est pas « les arts plastiques » comme on l’entend, il y a des graphistes, des types du son, de la perf, la musique improvisée, la philo (la très bonne revue internationale des livres et des idées, même si ça marche peut-être pas, j’en sais rien, en tout cas c’est vendu en kiosque! dans les relais de la gare c’est vendu ce truc, et il y a des artistes dedans, des poètes!)… Donc, si, forcément le texte, la poésie on va dire, ça entraîne, ça peut entraîner, mais forcément ailleurs, car la peinture, la musique, qu’est-ce qu’on entend là-dedans ? La musique contemporaine en France ? Mais c’est un John Cage qu’il faudrait en France! seulement la musique contemporaine en France s’en remet à peine des Grisey et des compositeurs des années 70 (et de John Cage, mais en tuant une bonne fois pour toute). On n’aborde pas les bonnes questions en faisant des dossiers sur l’à-quoi-bon-des-revues, ou à quoi bon des formes qui doivent ou peuvent, ou le peuvent-elles, etc. Car il y a une vraie remise en cause de l’art par rapport à l’actuel, l’art en général avec la poésie dedans. On ne sait pas se débrouiller avec le politique aujourd’hui, et qui demanderait du coup de nouvelles formes et nouvelles façon de procéder, déjà parce que la poésie contemporaine bien souvent ça touche peu de monde, parce que les lieux de création sont coupés d’une réalité. J’en reviens à des trucs très pragmatiques où ici, à Lille, il y a un endroit très connu des artistes de la musique et qui, il me semble, se remet pas en question par rapport à son public. Mais c’est pas forcément à eux d’inventer autre chose, une autre manière de faire passer ce qu’on fait, c’est à nous. C’est nous qui devons vraiment tenter des trucs ailleurs, ouvrir, et sans être démago ou populiste. Quand j’entends tout ce discours, je me demande vraiment dans quelle planète ils se trouvent tous ces grands ténors de la poésie comme Deguy, Mechonnic. Effectivement, dans la poésie contemporaine il y en a pas mal qui sont complètement déconnectés, c’est le risque de toute façon de toutes les revues labellisées poésie, et puis de ceux qui en sauraient plus que les autres. Récemment j’ai lu un article provenant d’une très bonne maison de la poésie dite, plus ou moins, d’avant garde, un article sur le livre Mesrine que j’ai fait. La critique se pose la question s’il est vraiment nécessaire encore, comme je le fais, de parler de la France (la france pue), alors, comme dit le texte, qu’il faudrait plutôt parler de l’Europe maintenant. Ben voyons ! On sort de chez soi de temps en temps ? on croise des gens dans la poésie contemporaine ? Et la France, justement, il n’y a pas eu un NON par rapport à l’Europe? Le critique renchérit également en disant qu’on ne devrait plus parler de Le Pen, vu sa chute libre… on croit rêver ! Je n’ai même pas de commentaire à faire sur cette dernière réflexion. Alors effectivement, on peut se poser légitimement la question des revues, des maisons d’édition, parce qu’effectivement on est mal barré si on pense de la sorte.
Le problème est que ceux qui posent les questions de l’à quoi bon encore des revues ne tentent pas de faire des ponts avec ce qui se passe dans la pensée, et qui dit pensée dit révolte. une revue c’est d’abord aussi une manière de se révolter, comme un livre. Un livre c’est une révolte, au sens où le faisait Lautréamont par exemple. Gombrowitch en parle très bien. C’est le vivant qui fait réagir la poésie, c’est la question du vivant, la question de l’actuel, de la parole vivante, de la pensée vivante, la réaction par rapport à cette pensée et par rapport aux actes de la vie. Il ne peut pas y avoir de revue comme de poésie s’il n’y a pas ça à la base, en tout cas il me semble. Quelque chose qui tente, malgré tout, de forcer tout ce qui empêche à la réalisation d’une forme. Moi je suis révolté quand je vois des artistes se dire militants et faire des oeuvres molles sur les problèmes politique (immigration par ex). Mais c’est parce qu’ils ne sont pas militants au milieu de leur propre art, mais ailleurs, bien loin, ils manifestent, ils signent des trucs, par contre dans ce qu’il font c’est tout beau et ça ne dit rien. L’art passe après. Je vois pas pourquoi on s’allierai à des types qui ne font que suivre des pratiques occidentales déjà bien revues et corrigées, et c’est 95% de la production artistique. Il y a par contre d’autres exemples (et je ne m’éloigne pas du sujet des revues, seulement ce sujet n’a rien à nous dire je trouve), un type comme Tarrop et glabel pourrait très bien rencontrer JH Michot. Et c’est là, justement, dans ce que dit Prigent à la fin, si la poésie ça sert au repli narcissique ça ne sert à rien, et c’est aussi 95% de la production de poésie et peut-être plus.
Mais quand Jacques Henri Michot lit son livre, « la vie, l’amour, la mort », devant 25 personnes, ça produit quelque chose, et une revue ça peut à ce moment là aussi, même si ça touche peu de monde, faire son effet au fur et à mesure. Je pense vraiment qu’il faudrait se poser la question du possible qu’ouvre cette époque justement, une époque où ça bascule et faite d’impossibles. Déjà il y a des signes, notamment avec le Groin, ou avec la revue internationale des livres et des idées, ou des maisons d’éditions qui ne sont pas dans la poésie mais qui peuvent alimenter, comme la Fabrique, etc.
C’est exactement pour relancer le débat et susciter ce genre de réaction que je me suis plongé dans ce long travail qui s’enrichit depuis deux ans.
Comme il s’agit d’une enquête sociogénétique, dans cette première partie je ne fais que poser le problème (au reste, on aura remarqué les guillemets accolées à la question). Ce n’est donc pas mon point de vue : je relève au contraire l’apparition de ce genre de question qui fonctionne souvent comme un réquisitoire…
Dans quelques jours, je programme la deuxième partie, qui fait le tour des « àquoibonistes », pour ensuite évoquer les revues créatrices qui s’opposent (ou se sont opposés dans un passé récent) aux conservateurs : « DOCK(S) », « Java », « TIJA » et « New TIJA », « Talkie-walkie », etc.
M’intéressent donc plus, évidemment, les « àquoibonistes » novateurs, qui remettent en question les pratiques académiques pour renouveler les formes comme les thématiques.
Je souscris d’autant plus à ton propos, Charles, que, comme tu le sais, Libr-critique entend également passer en revue les problèmes politiques : en ce mois de septembre 2008, il suffit de (re)lire les deux premières contributions du dossier « Autour de 68 », de faire un retour sur les entrées des 2-8 mai 2007… sans oublier bon nombre des créations et interventions diverses de créateurs très critiques…
La RILI est-elle si bonne que ça ? Le numéro consacré au postmodernisme ne contenait-il pas des passages effrayants ( ou comiques, c’est selon ) ?
La RILI, que j’ai présentée le 25 mars dernier, est une revue polynucléaire rigoureuse et ouverte.
Le n° 5 ne consacre qu’un article au postmodernisme, et encore très indirectement puisqu’il est écrit en réaction contre un ouvrage sur le postcolonialisme… La diffusion en kiosque de la RILI a évidemment un léger impact sur son contenu : comme dans tout périodique, les gros titres jouent leur rôle d’effets d’annonce, sans pour autant correspondre toujours à de réels dossiers.
En fait je parlais du numéro 6 ( qui n’est pas sur le postmodernisme ), plus spécialement d’un article de Lila Abu-Lughod, où l’auteur transforme par la magie de la périphrase la burqa en « maison mobile » et où l’on trouve quelques pépites comme :
» pourquoi sommes-nous surpris que les femmes afghanes ne mettent pas leurs burqas au rebut alors que nous savons très bien qu’il ne serait pas convenable de porter un short à l’opéra ? » ( à méditer )
J’avoue qu’ici l’exigence me semble bien loin, et il me paraît étrange de convoquer Deleuze et Barthes au début pour déboucher sur ce type d’articles.
L’article en entier est incroyable, isn’nt it ?
Oui, là on atteint un sommet !… J’avoue que j’avais vite sauté ces feuillets.
Il est vrai aussi qu’aucune revue n’est dépourvue de scories…
La RILI n’est clairement pas du niveau de la revue LIBER revue internationale des livres (1989-1998) par ex mais elle a le mérite d’exister, j’attends avec impatiente la revue GROIN;-)
Tout à fait d’accord avec vous !
La RILI est quand même une revue de très bonne qualité au niveau éditorial. De plus, elle a le mérite, comme d’autres telle Multitudes, de faire coincider une réflexion philosophique, avec un axe de critique politique. Ce qui dans les revues notamment philosophiques n’est pas toujours évident.
La RILI s’installe dans le paysage éditorial, et franchement je m’en félicite. Normalement je donnerai plus de news de cela très prochainement.
ben évidemment que cest bien la rili
c est vraiment le type même des discussions de comment éviter toute discussion en ratiocinant sur un truc qui est un détail, mais tout de même ils nont rien mis de côté pour être en kiosque, alors là faut pas rigoler tout de même il y a des textes très longs et je me demande vraiment si vous vous rendez un peu compte de la prise de risque
alors continuez à aller chercher la petite bête dans la rili on dirait que cest un job à plein temps et puis après aussi constituez des dossiers sur la » poésie doit elle peut elle sera-t-elle et est-il bon encore de se dire à quoi bon les revues » hier jai écrit deux phrases
l une c est que la différence entre l artiste et le politique est que le politique a décidé une bonne fois pour toute qu il n y avait pas de problème
et l autre est
que le fond de commerce de l universitaire est de tuer la littérature
moi je trouve que la rili c’est quand même très bien. une revue pas chère (c’est important, on a pas tous des dizaines voir des vingtaines d’euro à balancer dans des revues), avec des peintures, des photos, des poèmes, des dossiers bien édités, souvent de très bons articles, et en plus ils nous prennent pas pour des idiots paresseux. par exemple, l’article de 8 pages de ce mois-ci sur les subprimes était, j’ai trouvé, une belle cartographie du phénomène.
la seule chose qui m’inquiète, mais j’attends de voir avant de confirmer mon inquiétude, c’est le partenariat avec sitaudis pour la poésie. j’espère que ça ne va pas trop ‘fermer’ le choix de ce(ux) qu’ils publieront.
sinon, à quoi bon les revues? chais pas.
un plan de sauvetage de $700 milliards?
des fusions de revues cotées au rdp100?
Pour en revenir une dernière fois à la RILI, la lecture que j’ai faite récemment des deux derniers numéros confirme la description que j’ai pu en faire dans ma chronique du 25 mars 2008 : dans l’espace actuel des périodiques, elle possède cette rare qualité de combiner réflexion politique, philosophique et littéraire, et de s’ouvrir aux écrivains d’aujourd’hui.
Libr-critique est un lieu qui se doit de défendre ce genre de revue critique (au sens large). Au reste, je m’apprête à rendre compte du dernier numéro de FUSÉES et d’une somme extraordinaire sur les revues.
Concernant la problématique choisie, « A quoi bon encore des revues de poésie ? », je rappelle qu’elle n’est pas l’apanage des universitaires, mais ressortit aux acteurs mêmes du champ littéraire. Si l’on veut bien avoir la patience de lire la longue suite de ce travail (encore deux ou trois livraisons d’une huitaine de pages en format standard), on jugera sur pièces.
Par ailleurs, nul ne saurait nier qu’il existe un académisme universitaire (et LC a toujours donné la priorité à des écritures exigeantes, passant sous silence ce que d’aucuns nomment les « romans de normaliens »). Mais si, historiquement, il est en régression, il en est un autre qui progresse à grande vitesse : celui des innombrables « créateurs » qui masquent leur conformisme derrière un voile de fausse originalité, se trompent de siècle en jouant les « poètes maudits » ou, à une époque où une partie des universitaires se montrent très réceptifs à la littérature contemporaine – d’autant que parfois ils sont écrivains eux-mêmes -, continuent à souscrire à cette opposition radicale entre « créateur » et « professeur »…
Comme on le sait tous, qu’on soit universitaires ou pas, l’important est de savoir où l’on se situe, du côté de l’exigence créatrice ou du côté de l’ersatz…
je ne comprends pas ce que ça veut dire « se trompent de sicle en jouant les poètes maudits ». J’ai des amis qui ne publient pas et sont très bons.
Mais pour ma part, effectivement, il n’y a pas de différence entre soit disant créateur et de l’autre critique, sauf quand dans tous les camps, les espaces, on voit la même chose qui se fabrique, moi personnellement je me marre beaucoup plus avec mes enfants, ils sont beaucoup plus libres que les artistes en général. Chez vous, c’est le côté un peu hautain dans les formules. effectivement tous les universitaires, et heureusement, ne parlent pas comme ça. Un genre supérieur qu’on se donne. Pour moi tout ce qui est au-dessus du type de base est mon ennemi, tout ce qui le prend pour ce qu’il n’est pas souvent, tout ce qui prend l’élève comme quelqu’un qui n’enseignera jamais au prof etc. Et ça se constate journellement où que j’aille, dans les beaux-arts ou lieux culturels ou universitaire… sans cesse il faudrait se battre pour remette la vie là, et faire cesser la fausseté. par exemple, la vôtre c’est de dire que RILI a mis l’eau dans son vin en publiant en kiosque. Il y en a beaucoup qui rêverait d’en faire autant, vous les premiers, et vous seriez peut-être près à bien plus de compromis que ne fait cette revue exigeante. heureusement ce type de revue échappe au circuit habituel. Ouf, et s’il y a des critiques à faire il suffit de leur faire, car ils n’attendent que ça de travailler au mieux. Ils sont intelligents, il n’y a pas de bile à se faire ils ne feront pas de compromis et au bout d’un moment ils se renderont compte s’il y a eu malhonnêteté intellectuelle et créative.
Mais pour revenir au dossier, je voulais dire qu’il y avait urgence au soulèvement
une idée de soulèvement et que faire la ronde de tous ceux qui ronchonnent ou ont pensé dans le passé ça me paraît par bien des côtés inutile.
J’en ai vu pas mal des types comme ça, des vieux qui ne parlent que de leur temps et qu’à leur temps c’était autre chose, et qui en profitent pour vous montrer que tout a été dit et fait et que vous feriez mieux de la fermer pendant 15 ans, ou de rester bouche bée sans parler. Ils le disent et le répètent dans toutes les écoles et les types qui assistent à ça mettent 15 ans pour s’en remettre de cette chape de plomb. L’art et la culture et la poésie c’est la chape de plomb bureaucratique en france, deguy maulpoix c’est des staline, en plus ils sont tous des nostalgiques de la période, et du coup ils deviennent aussi des champions de la défense de la démocratie-camisole qu’on nous impose aujourd’hui, pour eux c’est le fin du fin !!! la poésie c’est plus mortel tu meurs et même pour beaucoup qui nous parlent de leur ancienne révolte (avec les situs pas loin, les fluxus pas loin, les types historiques jamais loin) ils trouvent la révolte des jeunes sans intérêt. des jeunes branleurs des kékés bite et fuck. Pourtant il y a des Heidsieck et des Michot pour nous dire que tous ne pensent pas pareil et restent éveillés à ce qui se trame derrière eux. Moi ce que je voudrais bien voir de vous c’est pas toujours les articles sur ce genre mou de la collecte des idées sur un sujet donné mais un espace de bordel de révolte de dénonciation de critique sauvage, pourquoi vous faites pas parler vos jeunes ? il n’y a pas des équipes de jeunes qui écrivent même pour dire des conneries ? un espace de parole autre que les commentaires, un espace où des jeunes de vos universités dirait leur ignorance mais leur soif aussi. on veut des soifs ! on veut des faims on veut pas des coupe faim, on veut des coupe gorge bordel ! la poésie doit redevenir un coupe-gorge
Merci, Charles, de faire la transition avec la suite de l’article (2) que je suis en train de boucler : c’est justement pour dénoncer la « chape de plomb » dont tu parles que je fais la sociogenèse de cette question « A quoi bon encore des revues de poésie ? »
Mais si vraiment j’adhère à ta formule « La poésie doit redevenir un coupe-gorge », je ne peux néanmoins que rappeler ceci :
– il existe d’autres types de critique que celle que tu prônes… Au reste, la dénonciation viscérale, le coup-de-gueule, etc., sont-ils plus « efficaces » ou légitimes que la critique philosophique ou sociologique ? Ne pourrais-tu reconnaître que la plupart des créations (textuelles ou multimédia), dossiers et articles que nous publions sont très critiques ? (J’ai d’ailleurs été surpris que tu ne réagisses pas aux deux premiers articles du dossier « Autour de 68 ») ;
– y a-t-il un âge pour être révolté ? par « jeune », tu veux dire quel âge ? 20, 30 ans ? faut-il avoir 25 ans et se dire « poète maudit » pour revendiquer l’appellation contrôlée de « RÉVOLTÉ » ? – eh ben, j’en connais des tonnes de p’tits vieux-avant-l’âge…
= c’est-pas-pour-me-vanter, cher Monsieur, mais moi qui vous parle, j’suis souvent obligé de dynamiter les blancs-becs de 20 ans, bouches bées devant tout ce qui sort de l’ordinaire, du tout-consommable, de leur monde de vendus… Y en a même qui trouvent drôle qu’un honorable-professeur-de-faculté leur fasse étudier des textes de Charles Pennequin… ils se demandent même si ce prof a encore toutes ses facultés…
– par « poètes maudits qui se trompent d’époque », j’entends tous ceux qui s’emparent d’une posture datée (sans parler de ceux qui tombent dans l’imposture = faire le gueuloup en raflant toutes les subventions possibles, en bossant dans un ministère ou chez Gallimard) : on ne peut au XXIe siècle continuer à jouer les rimbaud, écrire-à-la-rimbaud… Qu’attendent les nouveaux révoltés pour inventer d’autres formes et postures critiques ?
– nous avons sous la main des textes-cris à publier, on le fera… espérons que ça te plaira ! En attendant, tous ceux qui le souhaitent, toi compris bien sûr, peuvent nous envoyer leurs formes libres & critiques…
– pour la RILI, encore une fois, tu prêches un convaincu : j’en ai rendu compte dans une chronique et j’achète chaque numéro…
Quand je dis jeunesse je parle pas de vingt ans, quand je dis jeunesse je dis attente, attente et espoir, et possible, et renversement possible, seulement il faudrait qu’ils aient des yeux pour voir qu’ils sont en train de traverser un champ de mine, et qu’ils le traversent sans même broncher, car évidemment c’est tout dans le mou la jeunesse, je fais beaucoup d’interventions en école, toutes les écoles pour le savoir. Les jeunes des beaux-arts sont souvent les jeunes les plus mous qui existent, à part quelques-uns formidables, ceux des banlieues dénués de tout sont pas toujours mous ceux-là. Eux, ils n’ont rien attendu pour se révolter, mais ils n’ont pas les mots, les autres ont les mots mais n’en font rien, et puis on leur apprend surtout à comment bien articuler et dérouler sa pensée, se présenter, marcher droit, même dans l’art et la pensée il faut marcher droit.
Mais il n’y a que par la jeunesse que la révolte peut arriver, car elle est naturelle, elle est plus naturelle que quand on est plus vieux, quand on est plus vieux la révolte ça se travaille, la révolte est moins naturelle, il faut se méfier de l’enfermement, du confort d’avoir trouver sa voie, il faut se méfier de tout, mais une révolte de masse ne peut pas arriver sans la jeunesse. Seulement nous sommes dans un monde fini, capitaliste et occidental, nous avons aimé la même musique que les GI en Irak ou que les Israëliens juste avant d’entrer dans les camps de Sabra et Chatila, nous aimons Johnny Rotten et pour nous le rock et dada c’est pareil, c’est-à-dire que la révolte fait péter le porte monnaie, aboule ton fric.
Nous sommes plein de contradictions, on peut pas être dans la révolte, voir une révolte arriver vers chez nous, chez nous la révolte a existé en banlieue, mais vite étouffée par la voix de la télé. La révolte existe, et chez les jeunes, mais à Naplouse, c’est là qu’elle existe, parce que les types préfèrent se faire enfermer que de vivre l’enfer des expéditions punitives journalières. Ils se suicident, c’est leur révolte. Il est clair que ceux dont tu parles sont mal barrés et qu’ils peuvent prendre le prof pour un fou.
en tout cas : JE PRONE RIEN.
toute la journée je suis dans ma tête et quand je vois des gens se battre dehors pour des conneries, pour la bêtise viscérale, ça m’effraie, la vie m’effraie, la mort m’effraie, et tout ce que je fais prend du temps, ma colère prend du temps, tout mon temps. Alors ne croit pas que je prône quoi que ce soit.
Mais il y a des gens tout de même qui sont désespérés, et on n’a pas à s’occuper de ceux qui ont des subsides pour rien foutre, on n’a pas le temps de s’en intéresser, qu’ils se démerdent on ira même les plaindre s’il le faut. Pour revenir à mai 68, le problème pour moi c’est que des tas d’artistes sont fascinés par ça, des jeunes, et les situs et tout le truc. ils trouvent que leur époque est moche car c’était mieux en 68. c’est n’importe quoi, mai 68 en appelle d’autres, mais il faut lacher le mai 68 et toutes les belles phrases des situs et tout ça, des lettristes internationnaux etc, des fluxus etc. aujourd’hui, la plupart sont pour la molesse, la pire des molesses, les pires des compromis, voilà dans quoi ils nous laissent pour la plupart ces gens de 68. Ils ont eu leur moment et maintenant : avant le libéralisme ! donc, leur exemple est mauvais. donc, arrêter de les prendre en référence et se démerder. c’est pour ça que ça ne va pas en politique. on ne peut pas faire de politique avec des anti. Anti capitalisme ça n’invente rien, l’anti capitalisme c’est la non pensée. c’est un ersatz de pensée, la gauche cest l’édulcoration, je dis que le socialisme c’est la dégénérescence de la pensée communiste. Communisme ça parle, anti capital ça ne parle pas. Il faut donc des penseurs pour aujourd’hui, mais des penseurs qui savent que tous les drames du siècle passé ont pour origine l’interprétation d’une pensée. Wittgeinstein je me demande si Besancenot peut s’en servir. Il peut se servir par contre de Deleuze, mais que va-t-il donc en faire ?
Oui, Charles, pour que la révolte ne se confonde pas avec la bêtise ou la violence gratuite, il faut qu’elle soit pensée par des pas-installés, des non-assis, qu’ils aient 30 ou 60 ans, qu’ils soient SDF ou non !
Quant au dossier autour de mai 68, une fois encore, il ne s’agit pas de s’installer nostalgiquement dans le passé, mais de dévoiler, voire mettre en crise les discours dominants, tout en s’interrogeant sur ce qu’est devenue et ce que pourrait être la démocratie occidentale… Je le fais avec mes outils – mais faut-il abandonner toute pensée, toute rigueur, toute méthode dans l’illusoire but d’atteindre des masses dominées qui laissent une poignée de financiers engendrer le chaos mondial… (Oui, pour ces crimes-là, il nous faudrait un nouveau Nuremberg !).
Oui, bien que ce soient de « sales intellos », avec Bourdieu et tant d’autres, je redis qu’il faut « ouvrir sa gueule », et avec Sartre qu' »on a raison de se révolter »…
citation Pierre Bourdieu Paru dans » Flux News » n°27, déc.2001-Janv., fév.2002:
« Flux: …Sur le rôle de l’artiste aujourd’hui?
P.B. : Je pense que les artistes ont un rôle, comme les écrivains, les chercheurs. Ils ont même un rôle considérable à jouer. Ils pourraient contribuer à défendre les acquis de la recherche artistique en les faisant avancer, ce serait déjà une action progressiste. Même s’ils ne sont pas « engagés « , ce serait déjà énorme. Mais ils peuvent aussi, tout en mobilisant
les ressources les plus avancées dans leur domaine, en matière de forme par exemple, contribuer aux luttes sociales comme faire éclater l’absurdité de ce qui se passe dans le secteur de la culture, de la science, etc. . Ça supposerait une sorte de mobilisation de tous les producteurs culturels.
Nous n’avons pas parlé de la science mais on pourrait en dire exactement la même chose. L’intrusion des forces économiques dans le domaine de la science atteint des sommets. Il y a donc place pour toutes sortes d’actions. Le
reproche que je fais aux gens de ma génération c’est de décourager les jeunes gens. Il y a chez les jeunes gens des dispositions subversives qui sont très puissantes. Il n’y a pas de dépolitisation, ce n’est pas vrai. Une partie du désespoir de la jeunesse vient du fait qu’elle ne se reconnaît pas dans ce que lui proposent les politiques, qu’elle n’y trouve pas ce qui
correspond à ses attentes. »
OUAIS.
youpi & puisque le capitalisme merdre grave,
j’aime tuer le temps & ou perdre
à discuter avec ma voisine
– à la guerre comme à la guerre puisque la france &st en guerre !-
la guerre elle &st toujours à l’heure chez elle dans sa cuisine,
dès qu’elle allume la télé ou la radio & qu’elle mate
les oeuvres complètes de Wittgeinstein aux infos
Wittgeinstein je me demande si mon voisin peut s’en servir,
Wittgeinstein il &st pas vraiment net
c’&tait le boss du KGB à Cambridge
& ça, ça effraie un gros max mon voisin
qui préfère les tablettes de chocolat Voisin
qu’il crack’n’roll en écoutant Bernie Bonvoisin
au grand Ego show de Ségo à Paris,
youpi c’&st le merdrier généralisé
les gens de droite sont de gauche
& les gens de gauche de droite
…
(mais que fait donc jean paul sartre…
paraît qu’il prépare un nouveau clip avec benny lévy ???)
…
faisons confiance à la vie, faisons confiance en la jeunesse, la jeunesse qui vit, faisons lui confiance, en la vie jeune, la vie pleine de vie, le sang des jeunes, faisons lui confiance, faisons confiance en leur vie, faisons confiance ils sont jeunes, faisons confiance en la révolte, la sienne, le sang de la révolte, faisons confiance, détruisons la jeunesse, la fausse jeunesse, le faux sang, la fausse vie, ne faisons rien, faisons comme il se doit, détruisons les jeunes, détruisons la vie, tuons plein de jeunes qui ne vivent pas, ceux-là n’ont pas le droit de vivre, vivons avec ceux qui ne font rien, qui n’en font pas une, qui ne veulent plus rien, qui abandonnent tout, femmes enfants, vieux jeunes, pourrissons la vie, empuantissons la vie, détruisons tout ce qui est possible pour laisser la jeunesse fuir, la jeunesse qui veut la fuite, qui veut la destruction et la fuite, les mauvaises odeurs, les racailles, la pute racaille des villes, les angoisses, laissons les angoisses monter, détruisons détruisons, foutons notre barda dehors, hors de la vie le barda, foutons tout en travers de la route, agissons pour qu’il n’y ait plus rien, plus d’action, plus de pouvoir, plus de possible enfermé dans les carcans du monde officiel, il n’y a pas de monde officiel, il y a un monde pour la jeunesse édentée, soumise mais édentée, ouverte, le sexe ouvert mais pas su, le sexe pas encore là dedans, comme un poteau, le sexe ne doit pas être un poteau, le sexe est un poteau, il y a des jeunes à enculer, des jeunes à détruire, détruire le cul des sales jeunes, le petit cul serré des jeunes dans l’époque, l’époque qui mouille et les petits culs serrés qui vont avec, explosons les culs serrés dans l’époque cul serré, il n’y a rien à faire, on ne nous aura pas, on ne nous aura jamais, on nous crèvera mais on ne nous aura pas, on se sauvera, on piquera la caisse, le tiroir caisse, on violera la marchande, et on s’en ira, on marchera dans les rues, on s’en ira, on tuera des vieux, les vieux qui ne veulent plus marcher dans la combine, la combine du vol nous les tuerons, nous tuerons aussi les jeunes, les petits culs qui marchent mais ne marchent pas dans la combine, nous voudrons des combines, nous voudront combiner avec le réel, le réel ne marche pas, nous le ferons marcher, il marchera droit enfin le réel avec nous, nous dans les través, nous dans les travers, nous dans les entravements, mais nous plus entravés, nous délivrés, parce que nous auront une bonne fois décider qu’il fallait tuer avant d’être tuer, ouvrir la marche, remplir la route des cadavres qui nous encombre, nous les laisserons là, il n’y aura plus que des chiens avec nous, des chiens qui rongent l’os de la jeunesse, la jeunesse aura aussi son os a ronger, tout le monde rongera son os, et nous devant, nous qui rongerons aussi, nous avec la belle jeunesse prète à en découdre, et avec des vieux sur qui taper, on leur tapera le fric, on leur tapera la connaissance et le fric, on ira dans des nids douillets, on fera l’amour avec les derniers qui restent, les derniers jeunes qui restent, on les prostituera, on les donnera aux chiens qui restent, les chiens qui veulent bien continuer avec nous, on leur donnera, on baisera leurs parents, ils avoueront, on verra les chiens se ruer, on pendra les parents du jeune par les couilles, la mère et le père par les couilles du jeune, on exploitera tout ce qui est possible d’exploiter, on marchera sur les routes, on verra la route, on aura soif de la route, on sera plus que nous sur la route, on aura confiance, ça sera notre route, on nous laissera passer car sinon on tue, si on nous laisse pas passer on tue, on tue tous ceux qu’ont le désir, le désir parlera, on le tuera, on tuera les vieux salauds, on tuera les profits, on tuera la malhonnêteté, on se regardera dans la glace, on exploitera tous les filons, on fera exploser n’importe quoi, on fera la route, on aura confiance, on est déjà dans la confiance, on fait confiance aux jeunes, ils iront sur la route, on en trouvera dans les fossés, on leur fait confiance et puis on les achève, on tue la confiance, on exploite la mort, on s’ennuie, on s’ennuiera, on était dans l’ennui, on continuera, on s’emmerdera, on aura de cesse de s’emmerder, toute une vie gâchée, une vie bien gâchée, une vie bien remplie à s’attendre, et on s’en foutera, on s’attendera pas, on sera sur les routes, et on les emmerde tous, et nous même on s’emmerdera, mais ça sera nous, et on n’aura confiance qu’en nous, notre emmerdement sera porteur, sinon on portera rien, on voudra plus rien porter, on sera juste sur la route
Merci, Charles, pour ce texte : ça, c’est du Pennequin !
De toute façon,
le comique, ça n’&st jamais que du réel qui se venge,
du réel qui ne s’ennuie jamais, lui…
parce qu’ON VIT UNE EPOQUE FORMIDABLE (Reiser).
Vous me direz que ça ne change pas grand chose,
– OUI !, mais qu’&st ce que ça soulage…
le « bon génie » populaire délestant le peuple de ses maux :
capitalistes de tous les pays coiffés d’un bonnet d’âne
& rossés en public par Scapin,
Guignol & Gnafron (… qui ont eu 200 ans cette année,
& qui n’ont jamais baissé leur garde,
– parce que le combat continue,
& qu’il fait de + en + RAGE ! -,
depuis, disons, en France, au moins/
…1848 & la Révolte des Canuts !)
…
Guignol, rien d’autre qu’un pôvre petit guignol de comptoir,
comme le voudrait la connot. péjo. ++ —
accolée à son « sobriquet » par l’idéologie dominante
qui en avait franchement marre de se faire rosser à l’oeil ???
…
à suivre !
…