[Chronique] Jacques Cauda, Comilédie, par Jean-Paul Gavard-Perret

[Chronique] Jacques Cauda, Comilédie, par Jean-Paul Gavard-Perret

mars 2, 2017
in Category: chroniques, Livres reçus, UNE
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[Chronique] Jacques Cauda, Comilédie, par Jean-Paul Gavard-Perret

Jacques Cauda, Comilédie, Paris, Tinbad Roman, février 2017 (en librairie depuis le début de la semaine), 172 pages, 20 €, ISBN : 979-10-96415-01-4.

Peintre, photographe, documentariste, poète et écrivain, Jacques Cauda publie ce qu’il estime son « chef-d’œuvre » après vingt ans de lutte pour le faire publier. Il est difficile de comprendre les résistances des éditeurs contactés. S’agit-il d’une frilosité depuis qu’est mis un frein voire un veto sur tout ce qui paraît hybride. Il est vrai qu’en France, le rire littéraire n’est guère apprécié. Du moins par les décideurs. Ils préfèrent souvent les moules aux gâteaux.

Les lecteurs à l’inverse seront ravis par cette sotie, cette fatrasie hirsute où l’auteur au besoin se fait savant pour mieux savonner la planche où ses personnages glissent afin d’aller d’un lit de stupre à une autre de fornication.

Jouant des listes à la Rabelais et de biens des gargouillis de non-sens, voire de certains bruits corporels peu cultivés en littérature, un grand strip-tease verbal a lieu. Via Irma qui elle aussi quitte collants « polyamythe, playtexte, fumantes, moreilles ». Si bien que le lecteur rêve d’en devenir le gigolo.

Le désir s’attrape par la queue des satrapes et autres trappistes mais aussi par la trapéziste de la barre, pour peu qu’elle ne soit pas oblique. La diction marche dans les fossés des bouges et sur les jolies jambes des dames. Cauda mélange Philippe Roth et Kafka aux glandes mammaires en plaçant des pétards affriolants dans les interstices de la langue maternelle.

Le régal est à chaque page. Et il y a bien plus que chez Barthes un vrai plaisir du texte en ce bar-tabac. Sur les racines judéo-chrétiennes de la littérature poussent des rhizomes que Deleuze n’avait pas prévus. Il se peut que, dans sa tombe, lisant ce texte il rie john Coltrane. Il lui a été sans doute rarement donné de lire une fiction jazzistique où les sires encaustiquent leur promise par tous les trous possibles.

Les élues passagères en ombres retournées optent pour l’assomption de leur mont Sinaï afin de prendre un pied beau. Elles poussent enfin la note bleue qui chez Freud est l’apanage des hystériques. Cauda est plus lucide et il entre chez les masseuses comme un peuple en lutte. Bref ce livre est un K d’école pour belles de cas d’X et ceux qui les chérissent.

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rédaction

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