[Livre] Michel Tournier, Romans suivis du Vent Paraclet (Pléiade), par Jean-Paul Gavard-Perret

[Livre] Michel Tournier, Romans suivis du Vent Paraclet (Pléiade), par Jean-Paul Gavard-Perret

février 25, 2017
in Category: chroniques, Livres reçus, UNE
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[Livre] Michel Tournier, Romans suivis du Vent Paraclet (Pléiade), par Jean-Paul Gavard-Perret

Michel Tournier, Romans suivis de Le Vent Paraclet, édition établie par Arlette Bouloumié, La Pléiade, Gallimard, Paris, février 2017 (en librairie depuis avant-hier), 1824 pages, 66 € jusqu’au 31/12, ISBN : 978-2-07-014610-9. [Projet de volume en accord avec l’auteur, mort en 2016 ; il contient : Vendredi ou les limbes du PacifiqueLe Roi des AulnesVendredi ou la vie sauvageLes MétéoresGaspard, Melchior et BalthazarGilles et Jeanne.]

Au sein de la fiction Michel Tournier, apparemment sans y toucher, a  bouleversé les interdits moraux, sociaux. Il a donc bien caché son jeu : le roman philosophique se transforme en roman d’aventure  discrètement pervers. Plutôt que d’analyser des concepts, la subversion de la fiction devient une manière efficace de mettre à mal non la pensée mais ceux qui s’en croient les maîtres.

Dans une époque qui se disait (ou se croyait) libérée mais qui était corsetée de théories fumeuses, Tournier  a dénoncé implicitement ceux qui sont toujours prêts à donner des leçons de morale. Et à qui veut chercher une littérature sans tabou et libre, il la découvre chez Tournier. L’auteur ose des utopies que des idéologies et des pseudoavant-gardes n’osaient assumer.

Nourri de Platon, Aristote, Spinoza, Leibniz, celui qui fut philosophe, germaniste et surtout écrivain exécra la théorie en préférant la « fantaisie ».

Sa tabula rasa cultive formellement un  certain classicisme afin de faire passer la pilule d’une subversion. Tournier tourne normes et souverains poncifs d’une masse de faiseurs idéologues qui ne firent que répéter de prétendus gestes iconoclastes pures copies parasitaires des gestes initiateurs.

Le progressisme libertaire de Tournier est même devenu pernicieux. Pour preuve, l’œuvre est occultée au même titre que celle d’un Tony Duvert. Plus question de dévier d’une morale du respect au nom de la défense de toutes les minorités,  et l’on ne juge plus une œuvre sur son résultat mais sur sa prétendue intention au moment où le concept d’éthique est devenu une rodomontade, une commodité de la conversation ou « une rémoulade » comme aurait dit Céline.

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rédaction

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