Vladimir MAÏAKOVSKI, De ça (1923). Ouverture, traduction et notes de Henri Deluy. Inventaire/Invention, 2008, 100 pages, 11 €, ISBN : 978-2-914412-70-4.
Puisqu’une bonne partie de la poésie contemporaine, malgré qu’elle en ait, s’inscrit en droite ligne de Maïakovski, il faut (re)lire l’œuvre de celui dont le corps accompagne " le désir de Révolution " (Henri Deluy).
Après l’incontournable anthologie parue en 2005 dans l’illustre collection Poésie / Gallimard (À pleine voix. Anthologie poétique 1915-1930. Préface de Claude Frioux, traduction de Christian David, 458 pages), voici une nouvelle traduction de De ça, que le poète russe présente lui-même dans son journal comme un poème sur " des motifs personnels à propos du mode de vie en général ". Contrairement à la traduction de Christian David (De ceci), dont la grandiloquence est parfois battue en brèche par ce genre de formule : " Fils d’enculée ! " (rendue ici par " Fils de la chienne Nep ! "), celle de Henri Deluy réussit à recréer le phrasé de Maïakovski dans ce qu’il a de plus oral.
Dans son émouvante " Adresse à Vladimir ", Henri Deluy caractérise ainsi l’écriture de ce météore poétique : " Ses typographies, ses mots défaits, l’orgueil passionné de la construction verbale, l’univers éperdu du néologisme et de ses gammes chromatiques, de la création à tout va, de l’emprunt, du détournement, de la dérision, de la composition par mots-valises, des faux anagrammes, des élargissements sémantiques, des démontages internes, des étymologisations, des siglaisons… " Par son inventivité futuriste, son souffle lyrique et onirique, voire fantastique, De ça est bel et bien un texte majeur de Maïakovski comme de cette première moitié de siècle poétique.