Alias Black Market est une formation ouverte, expansée de jeunes femmes artistes. Elles sont d’abord 5 puis déjà 6 et seront peut-être demain 11, 25, 32, 69 etc…
Elles performent, dessinent, installent, écrivent, chantent, construisent, composent, filment, photographient, etc… Cette meute de “MEUFORMEUSES” n’est pas un groupe. C’est un assemblage exponentiel proposé avec une belle intuition par Léa Le Bricomte qui a totalement flashé sur le groupe international Black Market. Coup de foudre pour ces seniors-performeurs de tous pays qui se réunissent souvent pour créer des manoeuvres collectives impressionnantes, eux, tous mâles durant les 20 premières années puis récemment rejoints par quelques performeuses pour la mixité équitable. C’est comme çà! Les Black Markets performent en costume noir, chemise blanche ou en smoking-noeud pap. Impressionnée par cette découverte, Léa Le Bricomte décide alors de déclencher avec humour une réplique-filles pseudo-androgyne en tailleur noir, chemisier blanc, hauts talons, d’où le nom d’ALIAS… Les hommes ne sont pas exclus évidement, mais plus tard. C’est un clin d’oeil complice d’acquiescement et de bienveillance, non un pastiche de dérision ! Sur! Léa Lebricomte aime les Black Market. Alias est donc une filiation, une prolongation, mais je le répète, Alias n’est pas un groupe ! Alias, c’est donc pour l’instant; 6 filles pertinentes réunies par Léa Le Bricomte, 6 filles toutes indépendantes, juste six filles sexy qui ont bien asssimilé les acquis du féminisme de leurs aînées, 6 filles en autodérision, 6 filles libérées, généreuses et attachantes qui sondent courageusement leur résistance en inventant des rôles absurdes pour jouer à la vie, à la mort avec beaucoup de finesse. Alias c’est Marie Aerts, Lucie Mercadal, Marie-Laurence Hocrelle, Lei Yang, Marta Jonville et Léa Le Bricomte. Une nouvelle génération! Elles sont toutes uniques et se rassemblent, satellisées au gré des opportunités pour dégager d’improbables anamorphoses de leur identité qu’elles explorent sous tension vive… C’est à la fois frais, ludique et grave ! Ainsi ! Elles se livrent, s’exposent, réflexives et en autonomie reliée ! Aucune vanité ni narcissisme mais une mise à nu pour s’exposer aux risques… 6 filles indicibles en émeute contrôlée ! Un concept ! Alias travaille la dissociation pour mieux associer le démembrement qu’il s’inflige par contradiction. Ca déménage mais c’est subtil ! Cette formation méga-informe décide de faire cohabiter l’univers singulier de chacune dans un même espace-temps replié aux humeurs du contexte situationnel justement propice à toutes les déformations, tous les doutes. Alias tente de provoquer une plongée en vibration intérieure pour se donner aux autres par des jeux subtiles de collusion et de gravité dans l’ immanence instable… Alias veut être un don de soi pour les bouleversements vitaux. Alias, 6 filles péchues, coriaces, audacieuses et fragiles ! Une patate d’enfer ! Ainsi, chacune en réseau de proximité est poussée au paroxisme de la limite en suscitant des collisions contenues qu’elles engendrent toutes par des déflagrations compressées développées in situ au hasard des rencontres fortuites. Et c’est bien de leur présence concrète, disséminée, voir dissociée qu’elles confirment que le monde n’a pas un centre mais une multitude infinie de centres qui convoquent le tout. Elles en suggèrent les axes contigües qu’elles irriguent d’une grande exigence pacifique. Oui! Leur élan est pacifique. Il est fait de délicatesse et d’amour. Leur survoltage excéde mais il se veut soft. Alias suscite un souffle zen universel en rhizome. L’alchimie de leur attitude attentive génère la vie avec une indécence maligne et versatile qui réconforte autant qu’elle dérange. Elles ont déjà dépassé les symptômes de désillusion trop convenus, trop stéréotypés aujourd’hui. Elles se détournent des parodies cyniques qui n’apportent plus rien de nouveau. Elles veulent transgresser positivement. Leur critique sociétale impose des projets, des actes, des faits, pour agir, entreprendre, faire, alors elles foncent, déterminées à construire et opérer d’autres manières d’être au monde. Fini les lamentations fatalistes et les coléres inefficaces ! Alias propose une merveilleuse esthétique de la conscience. A vif, dans leur quète humaine, la dimension sauvage, voire violente, semble être absorbée, digérée patiemment pour être re-diffusée, raffinée dans le sens du vide fondamental, de l’esprit d’une pensée organique en fusion. Les actions lentes et statiques se désintègrent parfois jusqu’à l’immatérialité d’une idée, d’un idéal qui déborde l’art pour mieux embrasser l’art de vivre jusqu’au silence suprême. Leur raffinerie est un raffinement. Elles agissent ensemble pour mieux contenir l’énergie en la ruminant de l’intérieur, en la projetant, démultipliée, par suintements intenses, presque végétatifs. Chacune fonctionne au ralenti dans une accélération démesurée pour se rejoindre mais toutes s’éloignent pour mieux se prolonger dans une tentative d’unité sensible absolue. C’est leur intention. Leur vision-critique parfois ironique est toujours très contenue pour créer constamment la distance tout en parvenant à une inclusion. Alias est souillé volontairement pour mieux s’immaculer dans le murmure haletant des cris sourds du corps qui s’accomplit hors de lui-même tel une déchirure, un décollement, une lévitation virtuelle. Alias est une greffe adaptée en relation aléatoire. C’est beau! C’est une énergie renouvelable! De l’attachement au détachement de l’actualité contextuelle jusqu’à l’exaspération, les Alias-girls ne s’épargnent pas, elles propagent une coulée physique, un dépot nerveux fluide, une ramification, un amas de corps transpirants et voilés, à la fois naturels et hyper-sophistiqués, qu’elles déploient dans l’espace à la manière d’ une proto-scéne antérieure. Alors, elles s’immergent en survie pour former le présent futur à perte, hors-horaire en dépassement flagrant comme une flottille en apnée errant à fleur de peau dans la flaque de l’évidence. Elles sont chacune l’Alias poreux d’un existensialisme qui s’inscrit pleinement dans la situation contemporaine pour se questionner sur la justesse des formes d’actions à entreprendre en se début de 21ème siècle. En éponge situationnelle, elles pompent le milieu, elles aspirent l’environnement, elles démontrent qu’ Alias est déjà une expansion d’Alias. Des ventouses! Ces filles grouillent, vrillent, compostent vraiment. Elles pratiquent le geste comportemental encombré, elles affrontent l’épreuve, la posture vrillée, l’attitude vibratile, l’ambiance et l’action latente révélatrice d’une grande rigueur de vie et surtout d’une attention inouie aux autres. Leurs moindres gestes existentiels sont picorés dans le quotidien. Elles traquent l’infime avec intensité. Elles guettent les petites choses. Elles basculent dans les revers pour extraire les miettes qu’on néglige par indifférence. Elles redonnent la valeur aux particules. Leurs poses originelles troublent. Elles parviennent à l’élémentaire avec presque rien. Elles s’absorbent pour mieux se re-cycler, différentes. Alias est une présence saillante, tendue, ferme, qui secrète du sensible. C’est radical! Elle émettent, elles irradient, elles touchent le merveilleux avec des pacotilles courantes, des déchets, des rognures, des miasmes. C’est saisissant, souvent grandiose. Alias cible une trajectoire d’une envergure extrème avec la volonté de transformer pour se transformer. Alias est un gonflement d’imaginaire en temps réel, une ambition décalée. Alias fait des noeuds pour provoquer des plaques de dénouement. Alias est instable. Alias, c’est l’expérience d’un accomplissement non-déterminé. Un état de grâce! Chaque “meuformeuse” d’Alias est une fractalité de l’ inaboutissement. Elles s’engagent pour la beauté d’une manoeuvre auto-géologique fusionnant entre le végétal, l’animal et le post-humain et dont les radiations se révèlent dans les évanescences de leurs mouvements dérivés. Chacune peut alors tisser la fiction qui amplifie le réel. Elles comblent les sens dans l’harmonie du chaos méprisé. Elles bourgeonnent les éléments, relient les souvenirs vécus et les projections utopiques. Elles percolent l’amibe d’origine avec la nano-robotisation du corps pour le transfigurer en l’assumant comme tel avec son état sécrétionnel, ses émois, ses désirs, ses souffrances, toute sa bio-altérité positive suggérée jusqu’à l’humus primordial des prochaines secondes-lifes cyclotymiques supposées. Elles sont répliquantes et drôles. Elle s’affirment insoumises pour glisser de la capillarité à l’hilarité jusqu’au déséquilibre de l’être. Chacune génère Alias en chacune. 6 filles fatales qui s’irriguent pour mieux nous imbiber. Aucune ne domine, toutes s’enchevêtrent équivalentes sans esprit de compétition, sans égotisme caractériel, sans convoitise! Une bonne leçon! Alias est une leçon d’humilité dans le panache d’une ambition vitale éclatée. Ainsi Alias conduit à l’ubiquité dans le morcellement. Il contamine. Il choque jusqu’à l’extase. Alias provoque des collisions de rencontres concrètes super dilatées ou hyper comprimées. Alias ne croit pas à l’osmose mais le manifeste pour le dépassement des genres. Alias engendre l’hybridité et les mélanges incongrus multi-sexes pour parvenir à vivre le présent intensément comme un choix de vie délibérément engagée. Alias est une grappe séparable au hasard des spasmes. Alias est un ensemble définitivement inabouti qui se déclenche à partir de deux éléments minimum. Ainsi, deux des filles peuvent suffire à entamer une intervention au nom d’Alias… Alias est une insertion hyper-sensible qui peut déconcerter. Une hermaphrodie loin des formats ! Une ambivalence assumée. Alias ne cherche pas à plaire mais à tenter des bouleversements imperceptibles pour produire de l’hyper-tension interactive dans l’écoute aigüe qui nous échappe. Alias questionne, interroge les interstices pour mieux percoler nos fantasmes. Alias est une expérience. Alias convoque un état de conscience cosmique, une relation à l’univers en le cadrant flou. Alias pointe hors-champ en plein cadre pour révéler ce qui nous semblait sans importance. Alias perce. Il torsade le point de vue pour allumer les points morts. Alias réagit aux futilités superficielles pour atteindre le micro politique essentiel à notre condition. Il dénote dans le paysage consumériste du rendement. Les 6 filles d’Alias provoquent des situations paradoxales de transe maîtrisée et cela comme un acte essentiel pour donner sens à la vie… Elles désirent d’abord être bien avec elles-mêmes, à l’écart de tout profil, juste être bien d’abord en urgence et répandre ce désir. Elles le martèlent avec pugnacité ! Ensemble, elles re-totalisent. Une éco-jouissance! Chaque Alias-girl tente son apprentissage hors des acquis pour convoquer de l’imprévisible dans le temps vécu échangé. Pas facile au coeur du spectacle des spectacles ! Elles vont loin et c’est tout près ! Le désir d’Alias est un axiome répercutant dans la dérive du réel pour la relation potentielle tel un mode d’existence qui frise la permanence d’une dimension spirituelle mais sans tomber en dévotion. Les actions, les “installactions”, toutes les manoeuvres des Alias-girls peuvent se dérouler dans les lieux les plus improbables. Il s’agit pour chacune d’elles d’injecter une prise de conscience à notre réalité confuse, de fissurer le quotidien de notre condition paresseuse et égoïste jusqu’ à engendrer des mutations improbables pour l’épanouissement supérieur et le dépassement de soi. Alias est une nécéssité exacerbée dans notre environnement gaché, estropié. Elles méditent pour nous. Elles digèrent pour nous. Elles font tout pour nous. Elles se dépensent mais avec une économie de moyen! Elles se donnent à fond, additives! Elles se consument jusqu’au frisson. Voilà! Alias Black Market, c’est l’art de mordre l’air et l’espace avec les gencives de la fureur de vivre au ralenti pour une vitesse différente jusqu’à frôler la sérénité. Suffoquant! Elles parviennent aux frémissements. Elles nous émeuvent. On en prend plein la tronche. Ca décape en douceur ! C’est le big-bang du raffinement dans un cri muet qui nous parvient en profondeur. Une turbulence vive dans le résiduel de l’épanouissement Oui! Les Alias-girls expansent leur trame intime pour la partager à tous. Elles nous pénètrent. C’est dense! C’est du potlach sensuel. Un choc! Alias Black Market est une révolte de paix, un éveil de plénitude contre toute illusion euphorisante. Un état d’éveil en formation continue. Du vivant total comme on voudrait le réver dans la bouillasse de notre planète rendue morbide.
Alias, c’est comme un truc qui donne envie de vivre…
Hiouppie !
Joël Hubaut pour Alias.
Dijon/Réville 2008
Manoeuvres/performances d’Alias.
Galerie Interface Dijon. 17 mai 2008
Olympic Café. 20 rue léon Paris. 22 juillet 2008.
prochaine manoeuvre/performance d’Alias au festival bandit-Mages de Bourges 2009)
en projet 2009 festival Nipaf de Tokyo et festival de performance de Tel-Aviv
Eh ben Joël, quel souffle ! Tarik Noui te donne le bonjour. (C’est un écrivain qui a d’l’avenir).
Bonne nuit !
Bruno Lemoine