Jann-Marc Rouillan, Chroniques Carcérales (2003-2007), ed. Agone, 216 p. ISBN : 978-2-7489-0089-7, 10 €.
[Présentation de l’éditeur]
En décembre 2007, Jann-marc Rouillan a commencé à quitter un système pénitencière ou il était entré en février 1987. il livre ici quatre années de réflexions menées sur son quotidien carcéral, depuis lequel il regarde également le monde du dehors, dit "libre". Ces chroniques sont initialement parues dans le mensuel CQFD.
[Chronique]
Ce que sont les Chroniques carcérales : un témoignage et un récit engagé. Qu’y a-t-il à en attendre d’autre ?
Témoignage et pamphlet
Au départ, des chroniques envoyées de prison chaque mois à la revue CQFD par Rouillan, entre 2004 et décembre 2007, puis rassemblées en un seul volume par les éditions Agone. Elles restent ce qu’elles étaient initialement : un témoignage du dedans et au présent. Témoignage au sens strict : de quelqu’un qui a agi, vécu des faits et les transcrit de manière factuelle. Mais témoignage engagé, sur le fond comme sur la forme. Il ne s’agit en effet pas d’un document brut, mais bien d’un texte travaillé par le style (quoiqu’on en pense) et par la conviction ; ce qui le différencie, notamment, de la simple déposition. Ces Chroniques laconiques ont par exemple peu à voir avec certaines oeuvres qui relèvent de la “littérature de témoignage”, dont M. Pollack et N. Heinich disent que le “caractère rudimentaire (…) [souligne] l’impossibilité de donner un sens à la souffrance subie”[1]“Témoignage”, Actes de la recherche en sciences humaines, N 62/63, juin 1986. Sur l’écriture de l’expérience concentrationnaire, cf. Reznikoff et l’article de P.Boisnard. . Rien de rudimentaire ici ; la brièveté y est conçue pour percuter.
Chroniques donc, et non mémoires : le présent de l’énonciation coïncide avec celui de l’incarcération, avec l’actualité de la détention. Les menus faits de la vie quotidienne et les événements (révoltes, irruption des forces spéciales, tentatives d’évasion, fouilles à corps) qui jalonnent l’existence derrière les barreaux sont relatés avec le souci de se faire le porte-voix de ceux qui n’ont pas les capacités de témoigner. C’est en ce sens que la notoriété de l’auteur importe peu : elle s’efface derrière la protestation collective au nom de la « fraternité » ave les autres prisonniers mais surtout de la remise en question d’un système. C’est la dimension pamphlétaire de ce texte, violente accusation du système carcéral qui ne s’appuie pas seulement sur le témoignage des brimades vécues ou observées par Rouillan, mais aussi sur un discours de combat[2]Les Chroniques Carcérales ressortissent à la catégorie bien achalandée des « écrits de prison » sous la bannière de laquelle se rangent des productions aussi diverses que lettres de prisonniers, carnets intimes, récits autobiographiques de détenus « célèbres », textes militants, graffitis, courriers aux administrations pétinentiaire et judiciaire, etc… Ecrits arrachés à la censure, écrits détournés, conquis de haute lutte, clandestins : leur existence même est une transgression, et cela suffit souvent au prestige immédiat qui entoure leur révélation. Effervence redoublée dans le cas présent par la dimension pamphlétaire du texte ; poids de l’interdit que leste celui de la contestation. Fascination dont participe enfin l’identité de l’auteur de ces Chroniques dont la réception, dans le contexte que l’on connaît, dérape sur le mode « autoportrait d’une icône ». Voir sur ce point l’article de Marc Cohen « Rouillan est un con ».. Texte enragé/engagé, les Chroniques carcérales ont une visée : mettre à nu les rouages du complexe judiciaire/pénitentiaire en démontrant son absurdité et sa cruauté par l’exemple comme par la théorie.
Coup de poing et pétard mouillé
« Écriture coup de poing », c’est vite dit, et si tel est le cas, pas pour la pose : pour le propos. L’esthétique des Chroniques est rivée à sa finalité dénonciatrice. Leur fulgurance, annexée à la cible que l’auteur s’est choisie ; elle n’est certes pas gratuite. Une bonne part de la séduction des Chroniques vient de là. Et pourtant. L’arme rhétorique chez Rouillan n’a d’autre fonction que d’être dirigée sur l’institution pénitentiaire. Elle reste une arme absolument conventionnelle, qui ne se retourne jamais sur la langue. Inventivité et déformation verbales : non, pas au programme. Le carcan formel des discours dominants est intact. Les conventions génériques aussi. Très conformes, les Chroniques. Elles sont efficaces, elles se lisent vite, elles tapent dur. Mais ni sur le code, ni sur langue. Pas de cassure. Et donc pas de surgissement du Réel dans la cassure, pas d’inclusion du Mal dans la langue ; tout cela, extérieur au texte. Il claque mais ne fait rien craquer, pétard mouillé littéraire. L’innommable n’y est pas nommé, seulement montré. Or, « Si la littérature a un sens, un enjeu, une éthique, c’est pour affronter cette exigence en rompant le consensus (et non en le confortant), en brisant ponctuellement le lien social pour, dans ces brisures (dans la désillusion), faire surgir la question du Réel, la question du Mal, lui donner des formes qui déforment la langue et parfois, la résolvant en beauté, nous enseignent quelque chose comme une chance d’échapper, en la pensant, à la fatalité des passages à l’ acte ».[3]C.Prigent, « Nommer l’innomable », TXT 25.
Objection : Rouillan ne prétend pas faire oeuvre littéraire. D’abord, ce n’est pas si clair[4]À la question du journaliste du Mague lui demandant si l’on pourra un jour lire des poèmes de Rouillan ce dernier répond : « Je ne le crois pas car je ne suis pas versificateur. Mais il est clair que je suis un adepte de la respiration poétique. D’un coup dans le texte, je sens le besoin d’un refrain, deux ou trois vers qui emportent le lecteur à la manière d’une digression mais une digression trompeuse car elle n’a pour but que de l’emporter au plus profond encore du discours. » La poésie comme “digression trompeuse”, effet de montage au service du “discours” : en résumé, un mépris éhonté. Aussi, le choix même des extraits insérés est révélateur : on passe d’Apollinaire et Jean Genet au hip-hop le plus indigent (La K-bin). En les mettant sur le même plan, Rouillan délimite bien le champ de son discernement littéraire. . Pour un peu, elles s’en vanteraient. Et quand bien même ces chroniques ne devraient-elles être prises que pour un « pur » document, en se défendant de toute littérarité : quelle conception de la littérature ce refus véhiculerait-il alors ? Elles confortent finalement une conception ornementale de la littérature opposée à la vérité du témoignage qui ne chercherait pas l’effet mais les faits[5]“la disqualification du littéraire, dans les pratiques du témoignage, suppose une conception du style ou de l’esthétique comme ornement ou valeur ajoutée. Ces éléments esthétiques, dans le contexte de recherche de la vérité, sont perçus comme des éléments y faisant obstacle. Ce qui présuppose qu’il serait possible d’exposer une "vérité nue", dans un langage "brut" ou "transparent". Contribution de C.Dornier (TEXTES/ HISTOIRE/ LANGAGES – équipe en littérature françaiseetcomparéeMRSHCaen). Avec cette naïveté qui veut que l’artifice rhétorique empêche la saisie du Réel, alors qu’il s’agit de l’exact contraire. En effet, c’est bien la médiocrité formelle des Chroniques qui, limitant cette saisie, bride leur pouvoir de contestation. Les écrivains qui ont le mieux montré l’envers du décor des sociétés, leur refoulé, ont été aussi de grands inventeurs de formes : Kafka, Proust, Faulkner, pour ne citer qu’eux. Pas des réalistes convaincus d’une efficacité de la mimesis frontale et du code réaliste, mais des pugilistes du style qui, passés du côté l’anti-réalisme assumé, ont paradoxalement accentué la fonction gnoséologique du roman. Le style, l’écart formel seuls permettaient de rendre ce réel carcéral sensible et par conséquent d’accentuer la puissance dénonciatrice des Chroniques. Dostoievski, dans sa préface à La Douce, était catégorique : seule la négation du code réaliste bas de plafond permet de forcer le réel, comme on force un coffre-fort :
Victor Hugo, par exemple, dans son chef d’oeuvre Le Dernier Jour d’un condamné […] s’accomode d’une invraisemblance […], en supposant qu’un condamné a la possibilité et le temps d’écrire ses mémoires, non seulement pendant son dernier jour, mais même pendant sa derniere heure, et littéralement pendant sa dernière minute. Seulement s’il ne s’était pas permis cette fantaisie, son oeuvre elle-même, la plus réaliste et la plus vraisemblable, n’aurait pas pu voir le jour.[6]Cité par Bakhtine dans La Poétique de Dostoievski. (trad. Isabelle Kolitcheff)
Rouillan prétend explicitement à autre chose qu’au témoignage, sans oser y parvenir, faute de moyens, sûrement, mais pas seulement. Par la croyance en l’efficacité d’une frontalité épurée du style, le texte propre sur lui de Rouillan reste très en deça de ses possibilités. L’efficacité militante des Chroniques s’en prend les pieds dans le tapis. Rappelons aussi l’avertissement de Roland Barthes :
Il est dérisoire de vouloir contester notre société sans jamais penser les limites mêmes de la langue par laquelle (rapport instrumental) nous prétendons la contester: c’est vouloir détruire le loup en se logeant confortablement dans sa gueule.[7]L’Empire des signes. Debord lui fait écho dans ses Commentaires sur la société du spectacle : « L’individu que cette pensée spectaculaire appauvrie a marqué en profondeur, et plus que tout autre élément de sa formation, se place ainsi d’entrée de jeu au service de l’ordre établi, alors que son intention subjective a pu être complètement contraire à ce résultat. Il suivra pour l’essentiel le langage du spectacle, car c’est le seul qui lui est familier : celui dans lequel on lui a appris à parler. Il voudra sans doute se montrer ennemi de sa rhétorique ; mais il emploiera sa syntaxe. C’est un des points les plus importants de la réussite obtenue par la domination spectaculaire. »
Les anarchistes du début du XXe siècle, pensons à Emile Pouget et à son Père Peinard, savaient eux que l’insoumission ne s’accommode pas d’un style timide et prout-prout à la Rouillan. Leur éloquence libertaire faisait trou dans la langue de l’oligarchie. Quelle régression ! En dépit des intentions de son auteur, les Chroniques carcérales peuvent donc se résumer ainsi : intérêt littéraire nul, intérêt militant moyen, prégnance de l’intérêt sociologique. Quant à la violence sur la langue en tant qu’elle permet, parallèlement à l’accroissement de la fonction de connaissance d’un récit, un afflux de jouissance dans le symbolique, un rapport non-instrumental à la langue – une mise en suspens de la valeur d’usage, qui s’étonnera de la voir absente des Chroniques ? Absence signifiante pourtant, et en creusant un peu on tomberait certainement sur des jugements de valeur dans la lignée de ceux de la CGT en mai 68, condamnant les étudiants du Quartier Latin en leur opposant le sérieux de la lutte ouvrière. Une vulgate utilitariste et puritaine qui ne sent pas la rose. On l’explicite : la violence sur les mots, l’invention de formes, aux bourgeois ! Ces tripatouillages socio-démocrates ? Bon pour un Verheggen vilipendé par ses « camarades » s’offusquant de ses dérisoires « M’violangues »[8]J.P. Verheggen, “M’violence, c’est m’violangue” in Le Degré zorro de l’écriture..
Un bref appel d’air carnavalesque
Des brèches se dessinent pourtant dans le dessein édificatoire, un autre air circule à travers les formules lapidaires. Soudain la scène se déplace et qu’importe qui sont, sous leurs vraies/fausses identités, le Chibanis, Max le jardinier, Pototo, Canette ; nous ne sommes plus dans les coursives d’une centrale avec des détenus mais à l’instant d’une sensation, dans le détail d’une perception. Les prisonniers se donnent en effet des noms, d’autres en sont affublés : Hiro-hito, le Sous-marinier, Bébert le gros, Funky, l’Araignée, Doudou, Clairon, Jaco, Boulette. Sous ces masques, on reconnaît ou non les prisonniers médiatiques qui cotoient la troupe des anonymes, les vivants et les morts, pêle-mêle, tous pris dans la même danse macabre. Ce ne sont pas des êtres de papier et leur identité n’est pas maquillée, on ne bascule pas dans la fiction. Ce travestissement ne relève pas d’autre chose que de la vie carcérale. Il n’y a d’appréhension possible que sociologique de ce phénomène relaté par les Chroniques. Fonction humanisante de cet usage des noms, donc, dans la mesure où elle se superpose au matricule, à la peine à purger indéfiniment. Face au déploiement d’ « encagoulés », aux brimades, aux humiliations, à l’isolement disciplinaire, au mitard, au décarcassage, à l’impossible bout du tunnel, il y tentative de socialité parallèle et transgressive. Mais pour le lecteur, ces surnoms souvent truculents et grotesques dé-présentifient le texte et le déplacent dans un ailleurs ; celui de l’éternel carcéral où codes et parodies ont cours par nécessité de contourner un quotidien d’aliénation que l’auteur consigne minutieusement. Cette heureuse intrusion d’une onomastique carnavalesque fait que l’on se prend à rêver à ce qu’auraient pu être les Chroniques si Rouillan n’avait pas relegué le travail sur la langue dans un mépris si convenu. Car il est bref, l’appel d’air, et les ailes de la fiction coupées ; quant au style : naphtaline est son nom.
Economie de l’écriture au service du témoignage, du reportage implacable, dira-t-on avantageusement. Ogre carcéral d’un côté, minimalisme de la langue de l’autre. Peut-être. C’est un mince filet de voix échappé d’outre-tombe, et qui raconte comme il peut la farce terrible des cachots : « Dans le noir, j’en rigole tout seul »[9]Cette phrase est extraite de la scène où Rouillan est transféré en convoi cellulaire (à grands renforts de gyrophares, sirènes et motards) recroquevillé dans une cage. Humour noir dont le texte est innervé. .
CQFD n’est pas une revue mais un journal, qui d’ailleurs cherche de nouveaux abonnés.
Suite à deux commentaires à propos de cet article, et que nous n’avons pas publié, notamment du fait qu’ils étaient dans la seule insulte. Je tiens ici à préciser quelques points :
_ Cet article a été publié, n’en déplaise à certains, car son angle d’approche m’a semblé intéressant. Son hypothèse est de tester le livre de Rouillan selon deux perspectives : le témoignage et d’autre part la question littéraire. Les deux auteurs, je crois avec une certaine pertinence, montrent que le livre de Rouillan, si en effet il se donne comme un témoignage coup de poing, cependant, il ne parvient pas à s’extraire de certains défauts, qui en affaiblissent, ou en relativisent la teneur. Je ne peux juger sur pièce n’ayant pas lu ce livre. Toutefois, leur travail a le mérite de proposer cette piste de lecture et de montrer en quel sens la question du témoignage implique la question littéraire.
_ Je tiens à souligner que si nous sommes nous-mêmes scandalisé pour une part de la privation de liberté conditionnelle de Rouillan, au même titre que de l’arrestation des membres du comité invisible digne d’un Etat totalitaire usant d’une police politique ou encore du flicage de plus en plsu généralisé de la population (et je tiens à signaler que pour un site littéraire, nous ouvrons une large part de nos approches aux questions politiques), reste que nous gardons l’entière liberté de la critique. Nous ne défendrons jamais aveuglément une idéologie politique, nous ne serons jamais les garants sans réflexion d’une pensée de gauche ou bien d’extrême gauche. En ce sens, contrairement à ce que souhaiterait l’un de nos destinataires, nous n’avons pas à accréditer sans critique Rouillan ou d’autres. Comme je l’avais signaler pour la communauté de Tarnac, nous sommes solidaires, tout en étant assez critique par rapport à certaines thèses défendues dans l’insurrection qui vient. Et même pour être clair, si certains le désirent, je dirai même que l’insurrection qui vient, sur bien des points est un essai qui porte des faiblesses aussi bien analytiques, que quant aux actions possibles.
_ A lire les deux commentaires non publiés, il y a une forme d’idéologie qui peut me sembler dangereuse : d’un côté défense absolue de Rouillan (pourquoi pas) et de l’autre insultes à notre encontre, insultes par rapport à la totalité du site (effet de contamination mentale), insultes et quasi-demande d’effacer cet article. Étrange paradoxe : d’un côté défense de la liberté, d’une certaine forme de résistance, de la lutte libre et de l’autre interdiction de la critique quand elle ne correspond pas à ce qui est pensé. Cette idéologie je ne sais que trop à quoi elle renvoie ayant beaucoup écrit sur ces questions depuis 1993. Mais, comme l’a écrit Fabrice Thumerel : critique en terrain miné signifie que nous savons à quoi nous nous exposons et nous l’assumons. Nous ne sommes, ni ennemis de la grande liberté, ni des pions du grand kapital (est-ce être pion du grand kapital que de laisser écrire que le livre de Rouillan est peut-être « un pétard mouillé », un livre pas si bon, sans doute spectaculaire, mais d’une spectacularisation un peu symptomatique de l’époque, tel que les auteurs l’écrivent en rebondissant sur Debord ?) Non. C’est revendiquer notre liberté de jugement et le fait que nous ne validons pas la morale extrêmiste qui se donne aussi comme une doxa par moment, tellement elle pet s’enfermer dans un aveuglément totalitaire.
_ S’il y a la possibilité de laisser des commentaires : c’est pour qu’il y ait dialogue. Pendant un certain moment j’avais laissé ouvert les commentaires sans restriction, suite aux trolles (ils font ce qu’ils veulent mais nous les refusons) et suite aux comportements récurrents de certains commentateurs, les commentaires ne seront permis que pour des discussions constructives. je n’ai pas dit courtoises. Mais constructives, à savoir qui laissent à l’autre la possibilité de s’exprimer, sans lui assener la violence du refus de dialogue.
L’angle d’attaque des Chroniques, dans cet article, correspond je crois à une conception de la littérature et de la critique défendue sur ce site. Il nous a donc semblé qu’il y avait toute sa place. Pour le reste : avant d’entamer toute démarche critique d’un LIVRE dont on dit tout le mal qu’on pense mais pourquoi, faut-il en venir à montrer patte blanche, c’est à dire : proclamer haut et fort que la fin de la liberté conditionnelle de Rouillan est un scandale, que le pouvoir est méchant et les capitalistes gras, que nous sommes des pétionnaires engagés, bref : dérouler sa profession de foi avant d’oser peut-être critiquer un peu…
le livre de Rouillan spectaculaire ? clément Bulle qui donne une leçon de Réel à Action Directe ? et la morale de la critique ? elle peut se passer de la morale, la critique « littéraire »? avec ses concepts fumeux de Réel et de Mal
Ah ! le mal
ça me paraît bien fumeux tout ça, et fumiste aussi, totalement fumiste et ignoble
J’ai pensé à Rouillan (et ça n’a rien à voir avec la colère contre le gras double capitaliste ou que sais-je, « le pouvoir est méchant » et toutes ces répliques d’un très bas niveau)
j’ai pensé à Rouillan cette nuit, lui retourné dans sa cellule, j’ai imaginé un peu si j’étais dans sa tête, cinq minutes dans sa tête.
Je ne peux pas m’imaginé dans quel état il doit se trouver à l’heure actuelle, mais il y a de quoi se flinguer.
Alors bien sur, au NOM, au GRAND NOM DE LA LITTERATURE, il faut avoir les idées larges et passer outre un drame qui touche un homme au plus profond.
Et pourtant, le MAL comme vous dite est là, et la souffrance qu’on peut ressentir sur ce sujet, souffrance réelle et non vue de l’esprit, est aussi quelque chose qui peut nourrir cette « littérature », tout au moins quelque chose à écrire là-dessus, sur le présent, l’époque, le sinistre actuel (oui, tout de même Clément Bulle, désolé mais il y a des moments où je me demande où je me trouve, je suis allé à Calais récemment et il y a de quoi se révolté, et lire des témoignages de sans papiers à ce sujet est vraiment révoltant, me révolte, désolé ils n’écrivent pas non plus à la Verheggen, mais j’ose espéré qu’une parole, même si elle n’est pas LITTERAIRE, a toutefois droit de citer dans ce monde…)
Mais pour moi, avant toute chose, cette critique où vous avez pris du temps pour la faire et argumenter, à l’heure où un type, cet auteur repart en prison est un manque total de moral. Si la littérature n’a pas à voir avec la morale qu’elle aille au chiotte et même si elle est écrite par le meilleur des stylistes du carnavalesque.
Si la critique et la littérature n’a pas un minimum d’humanité, et non d’humanisme, qu’elle disparaisse. Et je pense que ce que vous dites, sur le dos même des gens comme Verheggen, qui a bien connu des époques troublées mais aussi vives dans les questions de moral et d’engagement, est ignoble.
Vous le dites sur le dos de ces concepts qui sont devenus des portes ouvertes à défoncer par l’universitaire qui écrit sa thèse sans aucunement se préoccuper de ce que REEL pouvait avoir de sens pour ces gens, écrivains comme Verheggen ou Clemens (qui m’en a parlé du Réel, de cette tranche de réel qu’il a vécu aux comorres et en Belgique, dans les usines et chez les mao …) ainsi que de ceux qui préféraient suivre la voix de la violence et de l’action pure. C’est leur choix, mais qu’on ne vienne pas leur donner des leçons de petit maître de la modernité la dessus, c’est abject, c’est dépourvu de moral, je suis complètement abattu par cette soit disante critique que vous avez l’air de soutenir comme un acte HEROIQUE. Il n’y a pourtant vraiment pas de quoi être fier !!!
pour résumé, et tant pis si vous avez sensuré mes premiers commentaires, mais ce que vous faites est avant tout un acte de pute, UN COUP DE PUTE comme on dit. Un coup de pute tordu (ils le sont en général) au nom de la littérature. Je suis désolé mais je ne peux penser autrement. Et j’espère vivement que je ne suis pas le seul !!!
L’article de Bulle et Bielka est dogmatique, il emprunte à la vulgate txtienne (écriture carnavalesque), mais sans tenir compte du contexte actuel.
Les questions qui pointent le réel du mal sont au moins les suivantes : où en est la politique générale de nos sociétés face au système des prisons ? que faire de la tactique sarkozienne qui sent le danger de la révolte massive et invente pour la contrer une pseudo-résurgence de l’ultra-gauchisme terroriste? enfin, et enfin seulement, quel langage littéraire peut exister à distance, c’est dire hors représentation, de ces questions politiques ?
Ce dogmatisme couvre au moins deux choses :
– la réduction de la littérature au « style » à quoi trop de nouveaux venus dans l’écriture aspirent dans un but dérisoire de reconnaissance;
-surtout, l’indifférence au traitement réservé à Rouillan et à la politique qui le sous-tend.
Charles Pennequin a presque tout dit. On se demanderait presque quel est l’objet de pareille critique… La critique littéraire ? Malgré l’objection rapidement balayée, ça ne semble pas pertinent. Ou alors il faut en faire autant avec tous les livres qui « tapent dur », qui dénoncent, bref avec tout ce qu’il y a de contestataire ou d’insurrectionnel. Il y a de quoi. Pourquoi précisément Rouillan ? Ses chroniques carcérales ?
La modernité, les avants-gardes etc. avaient bien des poses révolutionnaires, des rêves naïfs (Christian Prigent, que les auteurs de cette critique ont lu, écrit lui même « […] une bonne part de ce que j’ai pensé et écrit dans les années où j’ai commencé à intervenir publiquement, je le lis aujourd’hui comme naïveté fourvoyée ») Il parle « du temps des avant-gardes ».
Ca ne veut pas dire qu’il faille remballer la théorie, ni, évidemment, oublier toute résistance. Ca ne veut pas dire non plus que de tout ça il n’est rien sorti (au contraire). Mais il est question de posture. Et c’est bien de posture qu’il s’agit dans cette critique des Chroniques carcérales. Ce qui est énoncé sur le mal, sur le réel, bref tout le point de vue formel, pour être intéressant, n’en est pas moins bien connu, au point de ressembler à une répétition, là encore, quelque peu poseuse (pas de la frime mais du positionnement). Ce ne serait pas le cas, je crois, sans cet impensé du critique à ne rendre intelligible que selon ses propres référents.
Charles, tu as raison. Je ne vois pas ce que Kafka et Victor Hugo viennent faire dans cette galère. Il ne faut pas que le « terrorisme idéologique » inventé récemment par l’actuel gouvernement se retourne contre ceux qui font des livres, qu’ils soient écrivains ou pas. Ce qui est sûr, c’est que Rouillan est un auteur. Il est un auteur ! Qu’il soit écrivain ou pas, ce n’est plus le problème aujourd’hui. Son livre est un document et tant mieux. Il ne faut pas confondre les armes et les outils, comme je le dis souvent. Ceci dit, je crains que les modérateurs de ce site en publiant de telles critiques manquent de suite dans les idées.
Dans la précédente remarque de FP il s’était contenté de relever la faute concernant CQFD qui n’est en rien une revue, mais un journal, discréditant d’emblée les deux « chercheurs ».
Avez-vous vu de la « littérature » dans un journal (à part Félix Fénéon – et encore voulait-il que ce soit lu en tant que fait-divers) ?
Qui dit « chroniques » dit journalisme. Il me semble que c’est plutôt sous cet angle-là qu’il faudrait lire le livre de Rouillan (un recueil de chroniques, « de votre envoyé spécial au pénitentier », était-il précisé à chaque article dans CQFD, dont je recommande la lecture, avec ou sans les chroniques de JMR).
Je ne vois donc pas très bien à quoi sert la mobilisation de toute une rhétorique critique typique des années 70/80 (grandes irrégularités, question de l' »innommable » et du « Mal », nommés ainsi sans aucun retour sur ces qualifications même, etc) pour décrire cet objet-là.
A toutes fins utiles, c’est parfois agaçant de voir souvent les mêmes ressources critiques usées et abusées pour parler indifféremment de Annie Ernaux, de Jean-Michel Espitallier de Modiano ou de Doc(k)s. Ils ont un peu bon dos, Prigent et Spinoza.
Je savais en le publiant que cet article pourrait créer une forme de polémique. La forme qu’elle prend — là par ces commentaires — m’intéresse, car des questions sont bien posées, en tout cas entrent en écho avec la réflexion que je mène à partir de ce qui est écrit là, que d’autres formes d’écriture dont je peux témoigner dans mes articles.
Si Christophe tu comprends pas vraiment pourquoi j’ai accepté de publier cette chronique, alors désolé, n’interviens pas, cela me fera du repos, j’en ai plein de le dos des écrivains ou autres qui sous prétexte de je ne sais quelle posture en viennent à donner des jugements sur Fabrice et moi ou sur libr-critique. D’autre part, ce qui est mis en question-là te concerne aussi, en tant qu’auteur.
Par contre :
_ Eric Clemens a tout à fait raison dans l’ordre de ses questions. Ce qui m’intéresse c’est cette question de l’ordre, car il témoigne en effet que ce qui nous touche est d’abord réellement la réalité qui nous est jetée à la gueule par cette politique. Qu’elle soit celle de Sarko (en France), celle de Grèce, celle d’Italie,de Russie, etc… L’ordre de ces questions montrent que ce qui nous anime, en tout cas Eric Clemens, JH Michot, Charles, moi-même et tant d’autres, ce n’est pas d’abord d’écrire, ou encore d’écrire en vue de la finalité d’être écrivain (question qui ne m’intéresse aucunement autant le dire, la trouvant bien ancrée dans l’idéologie actuelle, et bien nombriliste), que de réussir à supporter ce qui a lieu, de tenir dans ce qui a lieu, alors que ce qui a lieu se projette vers nous autres sans discussion.
Donc la question de l’existence précède la question de l’écriture, et la quetsion de l’écriture est à saisir dans le prisme du sens vécu de nos existences dans ce monde.
Et c’est cela qui me pose question : que fait-on ? comment pense-t-on une action face à cela ? qu’est-ce que sont les possibilités d’intervention ? comment peut-on organiser une forme de résistance, ou je ne sais quoi face à ce qui s’impose sur nos existences ?
Dès lors à la lumière de ce constat : qu’est-ce que c’est que faire littérature ? qu’est-ce que c’est écrire ?
Est-ce que les critiques qui naissent de la littérature ont une autre efficacité que catartique dans la plupart des cas ?
Par exemple, on crée des formes qui interrogent l’époque, son oppression, ses logiqus coercitives (que cela soit JH Michot, Espitallier, et tant d’autres dont je fais partie), on s’engagent dans nos écrits : mais que font-ils ? Qu’est-ce qu’ils font nos écrits ? que sont nos écrits du point de vue de la souffrance réelle, de justement ce que met en évidence aussi bien des chroniques carcérales, que de que l’on pourrait constater aux niveaux des adolescents (car il n’y a pas qu’en prison qu’il y a souffrance, m^me si elle est je pense ne la connaissant pas exacerbé bien évidemment beaucoup plus que dans la société ouverte), que , que ….
C’est cela que je me pose : oui la question de la liaison au réel. Non pas faire sentir le réel, mais la connection au réel.
Il y a deux ans, dans une conférence sur Christian Prigent, depuis publiée, je mettais en cause le fait que la langue s’enfermant en elle-même, ne pouvait justement atteindre le réel (l’aporie), et dès lors se tenait dans ce que Bataille appelait une forme de névrose, que lui désigne comme bourgeoise.
Oui tant de postures littéraires qui ne sont que des tentatives névrotiques petites bourgeoises de réaction, qu ne peuvent tenter leur impossible que dans l’acte aporétique de l’écriture.
Tant de langues, tant d’écrits qui ne sont que des appendices névrotiques d’existence qui ne peuvent agir, qui s’empêtrent dans un dire qui est le dire de l’impuissance.
Car c’est de cela qu’il s’agit pour moi : reconnaître que notre dire est impuissant, ne provoque rien d’autre que de permettre un peu de vie pour celui qui l’écrit et les quelques centaines d’individus, toujours un peu les mêmes, qui les lisent.
Si j’ai voulu publier cet article, ce n’est pas tant que je sois en accord avec lui, même si je redis qu’il tente de dire quelque chose qui justement est intéressant, mais parce qu’ils nous posent une question, certes en contrepoint peut-être : qu’est-ce que nosu faisons ? qu’est-ce que c’est écrire ? non pas écrire pour atteindre je ne sais quelle négativité (cela fait bien longtemps que je critique cet aspect des avant-gardes et de Prigent) mais pour agir. Qu’est-ce que l’action de notre écriture ?
Mes amis, c’est cette question que je vous pose : qu’est-ce que fait votre écriture ? (attention cela ne revient pas à pourquoi écrivez-vous).
Est-ce qu’un atelier d’écriture en prison que fait Charles n’est pas plus important qu’un écrit ? est-ce que le travail que l’on peut faire en tant que prof, prof qui ouvre, brise, critique, avec 120 élèves par an, n’est pas plus efficace que nos textes, lus la plupart du temps par des gens qui sont d’accord avec nous, qui partage la m^me modalité d’être ?
voilà les questions que je me pose quand je lis, voilà ce qui me travaille, au-delà de tout l’amour que j’ai pour les textes, les formes, les expériences.
car là, il ne s’agit pas d’écrivains et de petits egos, de petites réussites, de satisfaction d’une chronique, mais bien d’existences.
Alors que faîtes-vous, vous ? Comment agissez-vous ? Comment existez-vous ?
Les auteurs de cette critique devraient lire Le cabinet noir de Guy Birenbaum pour voir à quoi ils contribuent;-)
Réponse à Charles. Vite (trop vite) dit :
1-Autant, selon moi, il faut défendre Rouillan contre toute persécution supplémentaire (cf le ré-entôlage récent), autant il n’y a à se laisser intimider par aucune pression qui ferait de toute réserve sur la pensée et les écrits du martyr une fumisterie ou une ignominie.
2-Il n’y a à mon sens chez Rouillan (et son parage) aucune lucidité politique, aucune inquiétude vraiment politique, mais une croyance ossifiée, l’adhésion obsolète à un « légendaire » romantisé du politique.
3-C’est peut-être pour la même raison qu’il n’y a dans ce qu’il écrit aucun souci de la langue, aucun questionnement autre qu’académique des moyens d’expression. Qu’il use de la langue des dominants parce qu’il est intellectuellement et idéologiquement dominé.
4- Les critères de jugement de Clément Bulle n’ont sur le cas précis que bien peu de pertinence. Ce n’est pas que Rouillan ne fasse pas de « littérature ». C’est plutôt qu’il en fait TROP : il fait du style. Aucun intérêt. Mais l’intérêt, s’il y en a un, n’est de toutes façons pas là. Il faut savoir de quoi on parle.
6-Il est inutile de le (Rouillan) lire et de le juger à partir de critères de ce type (la question artistique). Simplement parce qu’on ne lit pas un « essai » comme un »poème » (ou une fiction carnavalesque). Même si on est fondé à penser qu’au bout du compte c’est le « poème » (Hugo, Céline, Kafka, Guyotat, Verheggen) qui est le plus proche de la… vérité historico-politique, la représente le plus justement, et (coda) tient le coup dans le temps, et témoigne.
7-C’est noyer une foule de pauvres poissons que de faire donner à ce propos des notions comme le « réel », le « mal », etc — que quelques uns (dont moi) ont tenté de requalifier dans les années 1980 pour essayer de comprendre ce qui se passait dans quelques « irrégularités de langage » ostensiblement LITTÉRAIRES ET ARTICULÉES À LA QUESTION POLITIQUE.
8-Si le livre de Rouillan a un intérêt, c’est comme témoignage, comme document. À prendre pour ce qu’on y apprend. Question n° 1: qu’y apprend-on (qu’on ne savait déjà) ? Et n° 2 : à quoi sert (politiquement) cet éventuel savoir neuf ? C’est comme réponse à ces questions qu’il tiendra ou non le coup. Quoi qu’il en soit des prétentions (ou non) de Rouillan à faire «œuvre»
Les raisonnements totalisants et les réductions insurgées étaient certes prévisibles. Ce petit lynchage entre amis, très corporatiste, appelle tout de même un droit de réponse qui s’adressera prioritairement à Charles Pennequin.
Si nous « attaquons » le LIVRE de Rouillan, c’est parce que nous en sommes déçus, et qu’avec une conception un peu moins méprisante de la littérature (c’est un si grand mot que cela ?), il aurait pu être beaucoup plus incisif. Pennequin s’empresse de défendre L’ICÔNE Rouillan en prenant lui-même la pose romantique du poète défenseur de l’ opprimé (« Cette nuit, j’ai pensé 5 minutes à Rouillan dans sa cellule »), là où nous parlons du texte, en dissociant d’une manière finalement assez banale littérature et engagement.
La manière dont tu bats le rappel en nous insultant est crasseuse, ignoble appel à la meute qui fait froid dans le dos. Ta référence à Action Directe est visiblement dans la droite ligne de ton Armée Noire et de ton Mesrine ressuscité : pas un coup de pûte pour le coup, mais un coup de pub, heureusement dénué de tout sens et de toute portée politiques ; avec un sens bien senti du marketing poétique, tu agites les spectres qui servent ta posture de pseudo-rebelle turgide.
Notre article serait donc un « coup de pûte »… Remarque intéressante en ce qu’elle insinue qu’une critique du livre de Rouillan, émise de ce site, serait donc une trahison. Il faudrait taire ce que nous pensons de ce texte au nom du sort réservé à Rouillan ? Qu’il nous soit aussi permis de dire qu’effectivement nous ne prétendons pas donner à Action Directe quelque « leçon de réel » que ce soit, ni surtout en recevoir, comme tu as l’air de le préconiser. L’article de Marc Cohen, que nous évoquons, dit bien ce que nous pensons de la « non-pensée » de Rouillan et de la dangerosité de sa réincarcération qui contribue à le mythifier, comme ta réaction, pour la finalité certes inoffensive et commerciale de capitaine de l’Armée Noire que l’on sait, le démontre.
Où est le manquement à la morale ? Tout ce que tu dis sur la morale et la littérature est vraiment à pleurer. « Si la littérature n’a pas à voir avec la morale qu’elle aille aux chiottes ». Ce genre de réparties donne plus que jamais envie d’être « dogmatiques », comme vous dîtes, de revenir à quelque fondamentaux.
Quant aux autres réactions, si elles éructent moins que celles de Pennequin, elles n’en méritent pas moins quelques remarques :
– Eric Clémens : nous ne savions pas que la pensée TXT était devenue une « vulgate ». Merci à vous, vieux de la vieille de TXT, de nous l’apprendre. Nous considérons pour notre part que nombre de partis pris txtiens demeurent actuels, vivants et urgents. Par ailleurs, votre insinuation sur les « nouveaux venus dans l’écriture » qui cherchent la reconnaissance est gratuite, infondée, bête. Manière de neutraliser toute critique.
Enfin, nous ne réduisons pas la littérature au style, au « style pour le style », où avez-vous lu cela ? Si nous défendons le style, c’est qu’il fait trou dans la langue de l’oligarchie d’une part, qu’il permet un « réalisme supérieur » d’autre part. Tel était surtout le sens de notre positionnement dans cet article qui n’ « engage » que nous, et que nous remercions P.Boisnard d’avoir publié ; et c’est de sa part qu’il faut parler véritablement parler d’héroïsme.
Les commentaires sans autre intérêt que la provocation crétine et prétentieuse (à GGB le niçois si tu as à expliquer quelque chose, c’est très simple, fais le, d’une manière à peu près intelligible, ce que tu ne devrais pas avoir de problème à faire au vue de la haute opinion que tu as de toi-même, autrement inutile de laisser des commentaires) ne seront pas publiés.
commerciale l’armée noire ? coup de pub pour avoir écrit à partir de Mesrine ? vous connaissez peut-être mieux que moi les chiffres, je peux vous dire cependant que même le film sorti récemment n’a pas eu d’effets, effets non escomptés par le publicitaire pennequin qui a écrit ce livre sans savoir quoi ou qu’est-ce d’une actualité, mais tout d’abord parce qu’il s’agissait d’une commande qui a raté, et je n’ai donc pas touché un copec (tu parles d’une entreprise commerciale !) et si je voulais me faire de la pub je n’ouvrirai pas le livre de Pas de tombeau de la sorte.
Là vraiment je vous trouve bien bas !
En tout cas, cette « meute » comme vous dites je la trouve plutôt « cool » , car là je suis pas le seul à me faire prendre de haut et insulté par des merdeux qui veulent asseoir leur autorité critique sur un livre, un livre qui se voulait être un ensemble de chroniques et non pas l’égal d’un texte littéraire, un livre qui dit bien des choses sur le présent, l’actuel en prison mais pas seulement, et que le fait que Rouillan soit de nouveau emprisonné est une des choses qui révèle aujourd’hui une vraie brutalité judiciaire, policière mais avant tout politique (et ça vous vous en foutez puisque vous en faite totalement l’économie dans votre texte où vous traquez le manque d’écriture!). Je ne sais quoi répondre à cette violence, par rapport à l’armée noire par exemple, c’est n’importe quoi, il n’y a déjà vraiment pas d’armée noire et je suis capitaine de rien à ce sujet (mort et qui tente parfois de revenir par le biais de rencontres entre amis). En tout cas, que vous ayez fait l’impasse sur un fait grave par rapport à Rouillan démontre vraiment votre légerté même en matière de critique, qu’en plus de cela vous me considériez comme un terroriste ou un capitaine de commerce, bon, là dessus j’ai rien à dire, c’est très très con. Mais ça montre un peu le niveau de ce site où on permet à des tacherons comme vous de dire tout et n’importe quoi avec des outils qui vous dépassent (ce que précise Christian, Eric, et autres amis de la meute).
En tout cas je trouve, que contrairement aux amis que me disent que ça n’a pas d’intérêt, ce « petit lynchage entre amis » (d’une part, vous n’êtes pas mes amis et ensuite si je voulais vous lyncher ce n’est pas la peine, vous le faites vous-même à l’endroit même de votre critique et enfoncez le clou avec votre commentaire) a au moins le mérite d’exister sur ce site où il est dit bien souvent tout et n’importe quoi et que, sous couvert de notions et d’auteurs philosophiques et littéraire (spinoza, prigent, effectivement) il y a plutôt une fascination pour les médias et le langage journalistique (récemment on y parlait des figures pop ségo et sarko, reprenant de ce fait, n’est-ce pas, un certain discours de dominant ! et après on vient faire la leçon à Rouillan, tu parles !!!). Seulement, c’est lu, beaucoup visité, et tous ces discours pris pour du pain béni. Heureusement GGB le niçois (merci de nous préciser, tu n’aurais pas son nom et son adresse des fois Philippe ?) a produit un petit forfait ici très intéressant relevant toutes les perles qui égrennent le site à longueur de temps. Prétention. Que de la prétention. Et ça gonfle, ça gonfle beaucoup.
Je retourne à mon commerce…
Charles : oui à force t’es lassant de m’associer sans cesse à tout et n’importe quoi. « Toutes les perles » : si c’est le cas alors au vue de son commentaire, en effet il n’y en pas beaucoup. Sans compter sa faible compréhension (plutôt son incompréhension totale) de mon angle d’analyse : comment ne pas comprendre que je me situe sur un plan ontologique quand je parle de Bérard, et pas sociologique ou je ne sais quoi. Qu’on discute de cette angularité ontologique, qu’on discute de ce qu’est cet accès de l’être à l’étant, en le débordant du point de vue de ses significations. soit. mais que l’on prétende d’un revers de commentaire dire que tout cela n’est que bêtise ou crétinerie, je peux ne pas l’accepter. Et je le fais encore avec politesse, en répondant (je suis bien trop naïf, oui).
Ce qui est en tout cas intéressant :
1/ je tente de poser des questions sur ce que sont nos écritures : pas de réponse( cf. mon long commentaire, mais sans doute mes questions sont aussi nulles à tes, vos yeux…)
2/ quand j’écris une chronique qui dit du bien (« ah, c’est fort, t’es fort, très bonne analyse, vraiment très bon lecteur »), dès lors qu’il y a discussion, dès lors qu’il y a mise en critique : « site de merdes », « ce sont des conneries », « espèce de pute », etc…
Tout cela n’est que normal, tout le monde voudrait que tout le monde soit dans la même complexion que soi, dans le même mode d’être dans le même moule. Tout cela n’est que normal : c’est cela la nature humaine. Si humaine Charles, malgré tes grands discours.
Mauvaise nouvelle pour ceux qui, par leurs pratiques comme par leurs dires, dénient toute critique autre que valorisante, c’est-à-dire promotionnelle (je me fais ici l’écho d’un précédent commentaire de Philippe) : jusqu’à la semaine prochaine, il s’agira d’approfondir notre réflexion sur l’activité critique aujourd’hui…
LIBR-CRITIQUE est bien entendu un lieu ouvert – et non un espace privé replié sur ses valeurs (et donc, Christophe, comme tu le sais, tu y es le bienvenu). Mais cela ne signifie pas que l’on puisse y dire tout et n’importe quoi : trop souvent, ne s’expriment sur les blogs littéraires que ceux qui, en lieu et place d’un dialogue critique, n’ont à proposer que des propos inutilement polémiques… Un vrai débat se construit, et LC refuse de servir d’exutoire à quelques obsessionnels.
Au reste, j’ai observé que les entrées qui suscitent le plus de commentaires sont celles qui ressortissent à des enjeux politiques ou claniques (revues/chapelles).
Sur le fond, LC publie tout type de chronique approfondie qui offre des outils de lecture et fait naître des questions intéressantes – même si nous ne partageons pas le point de vue des auteurs, car il ne s’agit pas de ne donner à lire que des copies de nos positions. Ici encore, je rejoins le propos de Philippe.
Quant à un avis sur le livre de Rouillan, qui est quand même l’essentiel, le manque de temps fait que j’ai été devancé : l’Ancien et plus que jamais Moderne Christian Prigent m’a coupé l’herbe sous le pied…
Que tous ceux qui aiment le débat argumenté nous rejoignent pour un véritable dialogue critique autour de toutes les questions importantes traitées ces derniers temps dans nos « News du dimanche », nos chroniques (sur la critique, Bérard, Bouvet, Prigent, etc) et entretiens (Fiat, Jourde) !!
Pour info, toujours de Jann-Marc Rouillan
De mémoire (2)
Un jour de septembre 1973 à Barcelone. Le deuil de l’innocence
http://atheles.org/agone/memoiressociales/dememoire2/