Guillaume Decourt, Le cargo de Rébétika, LansKine, juin 2017, 56 pages, 12 €, ISBN : 979-10-90491-53-3.
Enchâssé de vécu le temps se tient en embuscade. Serpent d’amer se profile un cargo de « bananes bonnes à bonnir », baleinier mythomane, vaisseau fantôme d’Errant. Par clair de codage comme de lune en son premier quartier, entre politesse et insolence, voire méchanceté, et dandysme élémentaire, éclectisme à nul escient, une poésie subtile, agile, égrène des anecdotes en instantané d’années. Damnées et salvatrices, si peu. Du grand train d’être une poésie délasse en de petits souliers. Railleur, peu galant, toujours prêt à actionner le siège éjectable de ses amours en feu, multipliant les variantes de faire cattleya en frisant la pornographie, en vers d’un sophistiqué prosaïsme aux antipodes de l’autofiction, en énigmes bien timbrées à mots simples que relève un frémissement érudit, lyre basse flamberge en dedans – Decourt fait exception dans le paysage de la poésie contemporaine, son style calibré reconnaissable entre mille. Tout en rejets d’enjambements tournant court, jeune (encore) fauve s’ébrouant à la ligne (de flottaison), à la différence d’Oscar Wilde qui choisissait soigneusement ses roses, il porte un cargo à la boutonnière. Ce style, dont il est rare de qualifier un rhapsode, relâche sa tension dans le dernier poème, « berceuse » ironique rimant têtu.
Très belle et intelligente critique qui donne un éclairage à la fois subtile et gentiment moqueur d’une voix originale et sophistiquée.
Amitiés de Sète
Catherine