[News] News du dimanche

[News] News du dimanche

mars 8, 2009
in Category: News, UNE
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   Cette semaine, nos Brèves du web, le Festival de poésie slam LILLE, Moulin à Paroles et nos livres reçus : Fusées n° 15, Bougé(e) d’Alban Gellé, Cambouis d’Antoine Emaz ; Prose des Rats de Jean-Pierre Bobillot et le rigolo Chauffe, Marcel ! catalogue redouté du Marcel et de ses acolytes.

[   Brèves du web   ]

[+] Libr-critique est sur Twitter : annonce des articles mais aussi, si on tient le rythme, annonce générale des soirées de lectures, de poésies hybrides ou de poésies numériques.  Par sa simplicité, Twitter permet de suivre des flux brefs, qui peuvent témoigner d’une actualité rapidement. Nouvelle expérience que nous menons.

[+] Régulièrement on peut découvrir sur Bibliobs.com les Confitures de culture que nous réserve Pierre Jourde ; dernièrement : "À quoi sert la littérature"…

[+] On lira la malicieuse réflexion de François Bon à la suite de l’article d’un universitaire reconnu, Antoine Compagnon, paru dans Le Monde du jeudi 5 mars : "Antoine Compagnon / Pourquoi la littérature devrait-elle avoir peur de la technique ?"

LILLE, Moulin à Paroles. Festival de poésie slam

Du 20 au 22 mars 2009, on ne manquera pas à Lille, au carrefour entre spectacle et poésie, le festival de Slam Poésie francophone LILLE, Moulin à Paroles, organisé par le Collectif On A Slamé Sur La Lune, OLP (organisation de Libération de la Parole) qui regroupe slameurs poètes, musiciens, acteurs, metteurs en scène, vidéastes et performers avec une solide expérience et qui ont choisi de s’associer pour promouvoir leur art. La plupart sont professionnels ou en voie de professionnalisation, animant des ateliers d’écriture et d’expression scénique, organisant des scènes ouvertes, des festivals, ou multipliant les performances.

On y retrouvera avec plaisir Julien Delmaire (auteur de Nègre S) et Marc Alexandre, lequel vient de lancer avec son A. D. N. (Afriques Diaspora Négritude) sa micro-maison d’édition PO-ÉTHIQUES. /FT/

Barraca ZEM : 38, rue d’Anvers à LILLE.

     [  Libre contribution   ]     

Polichinelle (P.O.L, 2008, 234 p., 15 €), de Pierric Bailly, par Daniel Pozner.

Hébétude. Action quasi  nulle (tous les sens du mot), mélasse généralisée – dans la tête des personnages, sur les langues et alentours – en une prose qui écarquille, tendue, inattendue, impec. Pas de longueur, pas d’ennui, quand ce qui est décrit (pas de résumé, et pour cause), alors là… Il y a, bon, le décor, bande de « jeunes », bitures, bagarres, ennui, baisers, pas grand-chose. Mais surtout. Tendresse. Bulle. Le corps et ce qui fait corps. Le temps qui grippe ou fait une pause. Va aller vers. (Insupportable, il va reprendre.) Mais en attendant…

Tenir avec si peu. Tenir le lecteur, tenir sa destinée (oh !), tenir son regard, tenir ses sentiments, tenir les bouts d’un monde défait. D’abord la langue. Entendue, inventée, irréelle, terre-à-terre. Puis le réel : réalisme, oui – à sa façon. Et par moments, ah ! dérape en quelques lignes ailleurs, fantaisie tout autre, mystérieuse, insaisissable – très bref et sans un mot d’explication, de justification : faites-en ce que bon vous semble.

Polichinelle, ce bric et broc, le nez, le ventre, la voix. Qui fait bien rire inquiète bien. (Et vice versa ?) Articulé, comment ça bouge, les morceaux, quand personne ne tire la ficelle du pantin ? Sur la longueur le livre perd un peu de son étrangeté, narre plus, se clarifie un peu, avance vers le roman ? Tant pis. Ce n’est pas le plus marquant, le plus neuf : la tête balancée avec autant de violence, de fraîcheur. On va y aller, oui (traîner les pieds, tragédie)… Eh non, n’irons pas dans ce temps ! Polichinelle, langue et horizon de coton, mais le bonhomme n’est pas mou, il se cabre : pantin littéraire ! [Daniel Pozner]

[   Livres reçus   ]

[+] Fusées, n° 15, mars 2009, 120 pages, 15 €, ISBN : 2-905045-51-5.

De cette livraison beaucoup moins dense que la précédente, on retiendra surtout les poèmes en partie inédits de Tarkos ("Seize ronds") et les travaux en cours de Clément Bulle ("Kimono cramé"), Gwenaëlle Stubbe ("Activité Rwanda") et d’Éric Clémens ("Paresse"). /FT/

[+] Bougé(e), Alban Gellé, ed. Seuil, col. Déplacements, ISBN : 978.2.02.096780.8, 16 €. Situation du livre, comme parole tendue d’elle, d’elle à travers elle, à travers son expérience d’être soi au monde. "Le réel le dehors, violent venu d’en face et nos mains tendues devant pour protéger le corps" (p.50). Situation de l’écriture, écriture tendue comme les mains face au réel qui submerge du dehors et aussi du dedans, telle cette poussée en soi de l’autre, de l’autre qui s’inscrit dans donner naissance : "le ventre un œuf pour plusieurs mois et déjà l’idée plantée que le rebours a commencé jusqu’à ce jour de l’accouchement" (p.83). Texte fait de fragments, de lettres, notamment à Antoine Emaz, publié conjointement dans la collection Déplacements (p. 93). Texte fragmenté qui se découpe au rythme d’expériences que relate Alban Gellé. Texte simple, qui par moment laisse apparaître de très belles expressions métaphoriques, qui tranchent, qui viennent inciser cette relation à l’existence dont témoigne l’auteur./PB/

[+] Cambouis, Antoine Emaz, ed. Seuil, col. Déplacements, ISBN : 978.2.02.098292.4. 16 €. Tel que l’indique la quatrième de couverture, nous nous tenons en amont de l’œuvre, en amont, au plus proche du surgissement de l’écriture, au plus proche de la pensée vivante cristallisée dans son surgissement articulé. Ce livre n’est pas l’œuvre achevée, mais l’écheveau des œuvres possibles, le carrefour d’où se déplient des trajectoires qui pourront être suivies par l’écrivain : il s’agit des carnets qu’Antoine Emaz utilise pour écrire ses notes. Au plus proche de la problématique ayant inaugurée la collection Déplacements, François Bon en permettant cette lecture, montre comment ce que l’on nomme poésie ou littérature n’est pas seulement dans le geste de clôture de l’œuvre, mais aussi dans les strates qui composent ce chemin, qui en éclairent les directions possibles. Au même titre que le blog, par son lieu d’expérimentation, peut se donner comme lieu poétique, malgré parfois les défauts de l’immediateté écriture/diffusion, les carnets sont des lieux sensibles du poétique, lieu de fulgurance, parfois d’auto-réflexivité. Ce qui anime Antoine Emaz, dans ses notes, dans cette mécanique de ses mots, de ses pensées, c’est de savoir ce qui s’y constitue comme horizon des possibles. "Ce dont je suis sûr : il y a du plus loin en poésie. Que je ne puisse présentement y aller ne change rien à l’affaire" (p.85). On y suit son rapport à l’écriture ou à la lecture, sa représentation de l’époque, pertinente sur bien des points : "Poétiquement, la période me paraît plus marquée par l’éclatement que par le conflit. Dispersion des énergies en tentatives les plus diverses, pas de dominante. Voilà peut-être notre chance (…) Jamais je ne me suis senti plus libre de faire ce que je veux." (p.89). Ses notes sont les traces de cette liberté, liberté de découper dans le réel qui surgit des lignes à suivre. Car le travail poétique, tel qu’il l’exprime, se tient dans cette difficulté de séparer, de découper le réel pour ne pas y et en être submergé. La poésie comme une forme de scalpel optique de la langue : "Il faut qu es’ouvre une lucarne, un angle aigu sur le réel. S’il est trop large, on n’accroche plus rien, on est juste abasourdi" (p.40). /PB/

[+] Prose des Rats, Jean-Pierre Bobillot, ed. Atelier de l’agneau, ISBN : 978.930440.18.7. 14€. Première fois que j’ai entendu une partie de ce travail : 2001, lors du festival Généalogi-Z que j’avais organisé à Arras. Déjà dans cette ville, histoire de Rat, en rature de nom, le rat se cachant en son cœur. Lecture, je me souviens, virvoltante, survoltée, créée autour et à partir de ce nouveau suffixe et préfixe "ra", d’une nouvelle grammaire de la langue, abandonnant la science linguistique de l’étymologie, pour concevoir à partir d’échos phonétiques, la variation du champ esthétique où s’engage le rat. Car le rat est un animal souterrain, qui se cache, mais qui habite toujours au plus près. Le rat, hante la langue, ravit le sens, en détourne le semblant de signification, pour ouvrir au fatras et fracas de la poésie-action. Car ce texte d’abord est une partition qui se tient dans cette nécessité ouverte par Heidsieck ou Blaine : une poésie arrachée à la page, qui se vit dans l’instant de la lecture. C’est pourquoi, un regret persiste avec ce livre qui donne à lire la jubilation de la langue nouée, dénouée, en boucle, en interstices de calembour : il n’y a pas de CD audio, alors qu’une grande part du travail de Jean-Pierre Bobillot tient justement à la lecture publique. En tout cas, un grand merci à L’atelier de l’agneau de nous donner à lire ce livre, qui témoigne d’années de travail de la part de l’auteur./PB/

[+] Chauffe, Marcel ! catalogue redouté du Marcel et de ses accolytes. éditions Plaine Page. De quoi s’agit-il. Catalogue estival des Marcels possibles, des Marcels légendaires portés à même le corps, laissant les épaules nues, et dessinant bien le torse. Catalogue non pas de la redoute, mais redouté, car il y a là, un certain kitsch, c’est-à-dire pour revenir à l’Allemand, un certain mauvais goût. Ce catalogue, en quadri, laisse apparaître la reprise par des écrivains et artistes de ce vêtement mythique, présent aussi bien cinématographiquement, qu’au niveau de la bande dessinée. On y retrouvera aussi bien Lucien Suel (p.23), Nadine Agostini (p.32), Antoine Simon (p.38) ou encore bien évidemment Julien Blaine (p.40). Ce catalogue est accompagné de nombreux textes. Pour les collectionneurs d’OVNI, à ne pas manquer, pour les autres : très bonne idée de cadeau surprenant, catalogue déraisonnable insolite, objet rare et rigolo. /PB/

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rédaction

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