Cette semaine nous avons reçu le livre collectif : Pourquoi nous ne sommes pas chrétiens (Max Milo éditeur). Très à propos, après les sentences contreversées de Benoît XVI, c’est le livre à ne pas manquer, pour sûr, auquel de très bons penseurs et écrivains (Bernard Andrieu, Eric Arlix, Julien Blaine, Philippe Di Folco, Michel Surya, …) ont participé. Ayant été contacté pour y participer, et ne l’ayant pas fait pour diverses raisons, étrangères à cette initiative et à Alain Jugnon que j’apprécie particulièrement, je profite de cet éditorial des News du dimanche, pour brièvement indiquer ce qui se joue ici, dans cette non-appartenance selon moi au christianisme, en tant que dimension de la révélation par le verbe.
Avec Hegel, et son Esprit du Christianisme et son destin, se nouait avant même La Phénoménologie de l’esprit, en quel sens la figure du Christ serait la représentation à travers laquelle se réconcilient l’en soi de la vérité et l’histoire humaine, histoire philosophique, en tant que pour soi de cette vérité. Le Christ est une colle superglue comme je l’ai dit souvent, colle superglue assurant par avance la réconciliation avec le sens. Le christianisme ne pose pas la question de l’éthique, mais tout au contraire, il est en sa donation de sens, ce qui forclos la question du sens, en détermine par avance les termes. Le christianisme n’est pas du côté de l’éthique, de Spinoza, de la connaissance adéquate des causes singulières, mais du côté de la morale, de l’universel abstrait, impliquant, qu’il faudrait faire comme si, chacune de nos actions correspondait à une loi universelle de tout comportement humain (Kant). Le Christ est la figure qui répond par avance à la question de Dieu, qui en biffe l’énigme par la parole révélée, qui efface le fait que cela, Dieu, le nom de cette absolue transcendance, est la limite de tout énoncé rationnel. C’est là le problème du christianisme, sa moraline historiquement constituée, son discours de vérité révélée. Ce christianisme-là, bien évidemment est celui de la théologie positive, de la parole révélée, du prêche humain qui prétend avoir connaissance des desseins ouverts par Dieu pour les hommes. Il n’est pas celui des mystiques, s’affrontant à l’impossible de la transcendance du sens. Ce christianisme-là, il est le symptôme, qui est aussi en-dehors du christianisme, qui peut apparaître aussi chez des athées, chez des musulmans ou des juifs, d’une pensée humaine qui croit détenir le vrai, qui croit que dans l’individualité singulière d’une existence (le prêtre, le chef, le leader, celui qui a prétention d’une Führung), il est possible d’énoncer une vérité de sens pour tous. Ce christianisme-là il est dans le discours moral aussi bien d’un Bush que d’un Sarkozy. Ce christianisme-là est celui qui permet d’imposer des lois, non pas liées à la co-existence des hommes et à leur variation historique et géographique, donc situationnelle, mais à prétention trans-historique, catégorique, qui ferait de ceux qui les observent : des hommes bons.
Cette maladie de la vérité universelle, elle n’est pas que dans le christianisme, elle peut être aussi dans l’anti-christianisme, dans tout autre mouvement, ou appartenance qui prétend à la révélation du vrai. Car cette prétention est la maladie de la pensée humaine en quête de sens. Si la philosophie ou la littérature ouvre une suspension, c’est bien d’abord et avant tout la suspension de la cloture du sens, la mise à distance de toute fin révélée. L’éthique, comme l’énonçait Lévinas, n’est pas d’abord et avant tout, règle, pescription, mais un face à, ouvert infiniment à la distance qui caractérise la présence d’autrui. Le chrétien, selon ce que j’entends, est celui qui a dépassé la question qui s’impose par l’être-ouvert, par l’énigme du visage (il faudrait cependant s’interroger sur la question de l’icône comme l’a fait Jean-Luc Marion notamment à partir de Pascal, comme croisée du visible). Autrui appartient à une communauté de sens définie en vérité. L’éthique se tient en retrait de cette communauté déterminée. L’éthique est suspension de toute communauté, ou encore le sens d’une communauté en devenir, mais jamais advenue.
Ce symptome chrétien, malheureusement, en temps de crise, se retrouve partout, car la crise est propice aux grands discours. Cet esprit chrétien de même se retrouve par trop chez un grand nombre qui prétend lutter contre celui-ci. Et ici, ne nous laissons pas leurrer, il y a autant de fanatisme dans certaines attaques des détarcteurs du pape, que chez le pape lui-même. Il n’est que de voir la surdité hallucinatoire qui a fait suite aux déclarations du pape. Surdité provoquant un flot de discours aussi absurdes que la moralité du pape, flot ne tentant pas de comprendre aussi, en quel sens ce que dit le pape pourrait entrer en écho avec certaines modalités d’existence. Le pape — et il faut lire le texte de son allocution — ne dit pas que le préservatif serait inefficace contre le SIDA, mais qu’en tant qu’il est lié à une certaine idée de la sexualité et du plaisir, selon lui, il ne permet pas d’entrer dans une autre voie, plus spirituelle : la fidélité, la relation d’amour. Certes, c’est à chacun de savoir ce qu’il vit, ce qu’il désire, si sa satisfaction passe par des relations éphémères, par des orgies sexuelles avec de nombreux partenaires, des ébats multipes avec des personnes de même sexe. Mais on ne peut nier, que selon leur modalité, une partie des hommes aspire bien plutôt à la fidélité, à un souci de soi, passant par une relation plus spirituelle que corporellen, ou encore incarnant la relation sexuelle à partir de l’exclusivité d’un affect. S’opposer, horizontalement, ainsi au pape, c’est reproduire à la négative, sa propre logique morale. Ce que le pape ne peut entendre : la différence. Ce que ses pourfendeurs ne peuvent admettre de même : la différence. Il y a toute sorte de morale, et de prêcheurs, ne nous trompons pas, les anti-chrétiens peuvent l’être tout autant que les chrétiens. Les uns et les autres, quelque soit leur principe, nient la singularité du devenir existentiel de chaque homme.
Notre époque a besoin d’éthique et non pas de morale, de partage de la différence et non pas de crispation identitaire, d’écoute de ce qui nous est étranger et non pas seulement de l’auto-satisfaction de la communauté des familiers. À trop vouloir s’assurer de la vérité, nous voyons à quel point les dérives sont possibles./PB/
Cette semaine, à vos dashboards : de nombreux événements en perspective ! Livres reçus : Onuma Nemon, Louis Pinto, Jean-Rebé Lassalle, Franck Salmon, et deux livres collectifs grève et pourquoi nous ne sommes pas chrétiens.
À ne pas manquer…
[+] En kiosque : le n° 51 de Mouvement.net, "Le Travail : quelles valeurs ?" ; le n° 54 de Chronicart (rubriques sur le Net, la blogosphère… interview de Pierre Jourde, etc.).
[+] Butor : Jeudi 9 avril 2009 à 18H, Petit Odéon, Bénédicte Gorrillot animera une rencontre avec Michel Butor et Roger-Michel Allemand, dont le livre d’entretiens paraît chez Argol en ce mois d’avril, dans la déjà réputée collection "Les Singuliers".
[+] Le Sens du toucher : suite à l’essai de Prigent, et en lien avec le n° 178 du Cahier du Refuge que l’on peut découvrir en ce début avril, du 10 avril au 23 mai 2009 se tient au CIPM (Marseille) l’Exposition Le Sens du toucher, avec Boutibonnes, Chevallier, Desbouigues, Lunal, Perez, Roller et Tual. Inauguration le vendredi 10 avril à 18H30 : lecture de PRIGENT ; spectacle : Vanda Benès, Pépé-les-Bocaux, d’après Peep-show de Christian Prigent. Renseignements : 04.91.91.26.45.
[+] Tournée FEDERMAN :
* Mardi 21 avril 2009, 20H : "En compagnie de Raymond Federman", suite à la parution de Raymond Federman hors limite. Entretiens avec Marie Delvigne (Argol, "Les Singuliers") ; Reid Hall, 4 rue de Chevreuse, 75006 Paris ; contact/réservations : Catherine Flohic, 01.43.29.96.32 ; argol.editions@club.fr.
* Mercredi 22 avril, Paris : "Raymond Federman aux Revues Parlées : lecture performance", avec François Jeanneau (saxophoniste) + lecture d’extraits de CHUT. Centre Pompidou, place Georges Pompidou (rue Saint-Martin), Paris.
* Jeudi 23 avril, 19 h, Rennes : « dîner poétique » avec Raymond Federman et Jérôme Gontier au Triangle, bd de Yougoslavie, Rennes, M° : station Triangle.
* Vendredi 24 avril, Marseille, 19 h : rencontre avec Raymond Federman au CIPM + présentation de la collection Laureli. CIPM : Centre de la Vieille Charité, 2 rue de la Charité, Marseille.
* Samedi 25 avril, Marseille, 20h30 : invitation à Montévidéo : 3, impasse Montévidéo, 13006 Marseille.
* Mardi 28 avril, 18 h, Bordeaux : Raymond Federman à la librairie Mollat, rencontre avec Marie Delvigne et Catherine Flohic autour de Raymond Federman hors limite (Éditions Argol). Salons Albert Mollat, Librairie Mollat : 15, rue Vital-Carles, Bordeaux.
* Mercredi 29 avril, 19 h, Nantes : Raymond Federman au Lieu Unique, discussion avec Laure Limongi dans le cadre de « l’université pop ». Le Lieu Unique 2 rue de la biscuiterie (quai Ferdinant Favre), Nantes.
* Jeudi 30 avril, Nantes : Raymond Federman et François Jeanneau, lecture performance au Pannonica (programmation de la Maison de la Poésie de Nantes) : 9 rue Basse-Porte, Nantes – Talensac.
Livres reçus
[+] Onuma Nemon, Roman, Verticales, 2009, 210 pages, 18,50 €, ISBN : 978-2-07-012410-7.
« Qu’ils étaient loin, les jours de gaz et de pluie, et des zigzags de boue, de ce malheur qui m’avait tenu toute l’année la main gauche pour écrire à la place de mon frère mort ! »
Récit d’apparence autobiographique, Roman donne la parole à Nycéphore, gamin de huit ans bringuebalé dans les marges urbaines du Bordeaux des années cinquante, au gré des perpétuels déménagements de parents désargentés. Portant le deuil de son petit frère, il s’évade du cocon familial vers d’autres tribus d’adoption, s’ouvre au champ immense d’une vie rêvée, hallucinée. Et s’arrache ainsi au misérabilisme ambiant en bricolant ses sensations dans un désordre chatoyant.
Datant de 1968, la narration encore classique de Roman annonce les milliers de pages de la future « Cosmologie » d’Onuma Nemon, chant à la fois poétique et épique qui l’habite depuis quarante ans. Cette parution permet d’entendre les premiers échos d’un lyrisme cristallin qui prépare la métamorphose de son écriture romanesque dans des formes plus éclatées.
[+] Louis Pinto, La Théorie souveraine. Les philosophes français et la sociologie au XXe siècle, Cerf, "Passages", 2009, 384 pages, 39 €, ISBN : 978-2-204-08793-3.
" La philosophie ne voyage point ", déplorait Jean-Jacques Rousseau. La découverte d’autres cultures lui semblait procurer un indispensable dépaysement et une idée élargie de l’humanité. Or, depuis l’époque des Lumières, les sciences de l’homme ont connu un développement considérable que les philosophes en France n’ont pu ignorer. La sociologie en particulier, issue avec Durkheim de la discipline philosophique, n’a cessé d’être présente à leur esprit. Mais on ne peut analyser le problème qu’elle a posé à la philosophie depuis plus d’un siècle sans envisager ce que la pensée la plus théorique doit à des traditions, à des hiérarchies intellectuelles, à des découpages disciplinaires. Quatre périodes ont été étudiées ici, entre les années 1900 et les années 1970 : la première, marquée par le débat sur le durkheimisme ; la deuxième, dominée par la phénoménologie ; la troisième, placée sous l’emblème du structuralisme ; et la dernière, sous l’emblème des rapports entre politique et philosophie, savoir et pouvoir. Au lieu de recenser ou d’encenser, comme on le fait trop souvent, les pensées d’auteurs prestigieux qui ne manquent pas ici (Durkheim, Husserl, Sartre, Merleau-Ponty, Lévi-Strauss, Foucault, Bourdieu, Deleuze, Derrida, etc.), Louis Pinto s’est donné une autre tâche : celle de comprendre comment les stratégies des philosophes commandées par leur position et leurs ressources dans le champ philosophique ont favorisé l’invention d’instruments conceptuels, parmi lesquels l’antinaturalisme et l’antiobjectivisme. On est ainsi conduit à voir tout autrement les philosophes aussi bien que leurs discours.
[+] Franck Salmon, Opinion de Caméléon, ed. Nuit Myrtide, non paginé, 5 €. ISBN : 2-913192-48-3. Texte donné par l’éditeur Dimitri Vazemsky, tel qu’il lui a été envoyé, dans sa force brute de tapuscrit machine à écrire, de sa région abîmée du Nord, Petite-Synthe. Texte, qui certes s’éloigne de nos préoccupations, puisque poésie assez classique, il ne recroise pas les voies que nous explorons. Toutefois, texte qui exprime. Ici dans de telles poésies, si la qualité littéraire est très tenue, très retenue dans les limites d’une méconnaissance des enjeux contemporains, cependant ce qui resort c’est cette force spontanée du langage pour celui qui écrit. Combien d’hommes et de femmes, dans leur coin, dans leur minuscule existence, leur devenir minoritaire incessant, trouve par le vers libre, le moyen de surnager de l’existence noyée qui leur est proposée ? Combien sont-ils à trouver par l’écriture la piste qui permet de se réapproprier du sens, pour ne pas sombrer ? Voià ce que rappelle un tel texte, qu’écrire, notamment au niveau de la poésie, n’est pas que créer des objets pour le champ littéraire et pour créer de nouvelles formes, mais que c’es aussi d’abord et avant tout expressin de soi, remédiation au sens, possibilité de se saisir pour soi-même de lignes de fuite. Même si nous pouvons ne pas partager alors ce qui est écrit, il s’agit de reconnaître cette forme d’authenticité du raport à l’écriture. /PB/
[+] Jean-René Lassalle, TRILING, ed. Cynthia 3000, non paginé, ISBN : 978-2-916779-06-5, 9 €. Ce que j’apprécie beaucoup avec les éditions Cynthia.3000, c’est que le livre reçu est toujours une surprise, un objet façonné avec soin, par des mains méticuleuses. C’est comme avec les créations de Derrière la salle de bain. Le Jean-René Lassalle ne dément pas ce plaisir. La couverture se constitue comme une sorte d’écrin , pour 9 fascicules pliés, qui se déplient en triptyques trilingues. Car Jean-René Lassalle explore dans ces 9 textes, 3×3, le processus de montage non pas de la langue mais de la pensée qui a traversé plusieurs langues, français anglais allemand. Montage où les renvois ne sont pas de l’ordre de la traduction, ou de la substtution, mais de la plus ou moins grande polarité de certains motifs dans la langue, faisant que chaque langue empiète sur les autres, fait effraction dans le territoire de l’autre, perturbe, parfois déplace, ou reconstitue un autre enjeu. Pour bien lire ces 9 textes, dont un schéma méthodologique nous est donné sur l’un des pans de l’écrin, il faut bien évidemment connaître allemand et anglais. Car ces dans les boucles des trois langues que se découvrent le jeu./PB/
[+] grève, collectif de 11 écrivains, ed. Nuit Myrtide, non paginé, ISBN : 2-913192-57-2. 13 €. L’idée initiale de ce livre collectif, apparaît avec le centenaire de la naissance de Maxence Van Der Meersch, qui en 1933, consacra un texte aux grandes grèves du textile avec "Quand les sirènes se taisent". Tel que le dit le texte de la lettre envoyée aux 11 écrivains, il ne s’agit ni d’écrire une suite, ni de se poser dans le style de Van Der Meersch, mais bien d’une façon singulière à chaque écriture, de s’approprier la question de la grève. Si dans ce livre, il y a des auteurs qui me sont très étrangers, tel Michel Quint, toutefois, il y en a d’autres, comme Charles Pennequin, que j’apprécie beaucoup. Dans l’ensemble, je suis déçu face à cette réunion. Certes, les trois textes de Pennequin, claquent une nouvelle fois, assez forts, Nous sommes des chiens, Nous sommes déjà morts, Nous sommes annéantis, toutefois, d’autres textes, comme ceux de Jean-Bernard Pouy, inoublable pour son Spinoza encule Hegel, sont moins forts littérairement, moins impactant. Cependant je retiendrai dans cet ensemble aussi bien le texte de Daniel Lemahieu, qui s’il se pose un peu trop dans un stéréotype linguistique (mimétique de langue parlée), cependant dans son flux/flot sans ponctuation joue bien l’intensité de la pensée face aux drames liés au travail, au licenciement, que celui de Ian Monk, La grève des Mineurs Britanniques de 1984-1985, très réussi, jubilatoire dans son rythme, ses renversements internes, ses angles d’approche. Le problème, en bref, dans ce genre de livre collectif (de même au niveau des revues), tient toujours à cette relation au thème, qui, c’est assez souvent le cas, ouvre à des écritures artificielles, commandées./PB/
[+] Pourquoi nous ne sommes pas chrétiens, collectif de 40 écrivains et philosophes sous la direction d’Alain Jugnon. ed. Max Milo. 320 p. ISBN : 978-2-35341-051-4. Impossible de donner, ici, à comprendre ce qui se joue dans l’entrelacs des 40 contributions. Le mieux est de choisir un angle d’approche. La réponse de Michel Surya me semble pertinente pour comprendre les enjeux de ce collectif. Michel Surya répond à Alain Jugnon. Il n’écrit pas un texte sur un thème, il répond de sa réponse, il correspond avec Alain Jugnon pour répondre de cette convocation. Justement, il se détourne de la convocation, indiquant bien plutôt que cette sentence : nous ne sommes pas chrétiens, est bien plus complexe qu’il n’y paraît. "Pourquoi le choix de cette non-identité en guise d’identité, et pour identifier quoi, à quoi nous nous reconnaîtrions et identifierions ?" Ce qu’il met en lumière dans la première partie de sa réponse, c’est cette étrange définition de soi, par la négative. Ce que je suis, c’est ce que je ne suis pas. Sans le dire, il montre comment dans l’affirmation de soi par la négation, une forme de déni de soi se constitue. En effet, comme il l’indique dans le second temps de sa lettre : il est bien chrétien. Chrétien ? "Je le suis comme je suis un individu mâle (pas femme), blanc (pas noir, par exemple), né dans la seconde moitié du XXème siècle (après la guerre), hétérosexuel, etc." Chrétien car s’étant originé dans un monde chrétien, dont les sources sont chrétiennes, dont une partie des arts et de la littérature s’est constituée dans l’horizon de la question du christianisme. Et c’est d’ailleurs ce qu’il rappelle, y compris au niveau de la révolution : "Ici, en Europe, a fortiori après les guerres, les révolutionnaires sont chrétiens". Notre rapport au christianisme, si nous ne sommes pas en effet religieusement chértien, à savoir dans l’espace de cette croyance, n’en demeure pas moins. Que cela soi historiquement, ou bien aussi problématiquement. Car ce qui se révèle dans le christianisme, peut aller bien au-delà de la simple restriction au dogme. Comme il l’indique, ceci entrant en écho aux efforts philosophiques aussi bien d’un Kant, que d’un Bergson, les enjeux intentionnels du christianisme, ne sont pas seulement religieux, mais sont les conséquences de processus intentionnels liés à notre conscience réflexive, à sa manière de se constituer. Ainsi, dit-il, si "les religions ont formé les premières légendes de la consolation (…) vous le savez, j’a le souci de la consolation de ce qui est inconsolable, fût-ce par le moyen de la légende religeuse".