Cette semaine, un hommage à Henri Meschonnic, nos Libr-brèves… à découvrir, si ce n’est déjà fait : Viva Democratie, le blog de la résidence d’Éric Arlix et de Jean-Charles Massera (le dernier bulletin qui a été publié, et que nous sommes un certain nombre à recevoir, date de mars 2009). Livres reçus : Frank Smith, Clément Ribes, la revue Contre-Attaques et le CD-audio Crunchy Crunch, 4ème opus de Fractal Musik.
Hommage à Henri Meschonnic
Le mercredi 8 avril dernier, peu après la parution de Pour sortir du postmoderne chez Klincksieck, est mort le linguiste et poète (1932-2009) à qui nous devons de savoureuses heures de méditation poétique et critique. Un ultime hommage lui sera rendu ce mardi 14 avril à 15H au cimetière du Père Lachaise. On trouvera sur le site de Serge Martin/Ritman de nombreux articles et informations sur Henri Meschonnic.
Libr-brèves
[+] RV web le 17 avril à 21H30 avec Julie Sedel pour Les Médias & La Banlieue, dont on lira ci-dessous la présentation de l’éditeur :
"Les médias lorsqu’ils traitent des quartiers défavorisés de banlieue accordent une place prépondérante aux faits divers de violence. Pourquoi cette focalisation qui donne une image négative de ces lieux ? Comment ceux qui sont sur le terrain réagissent-ils ? Ce livre se propose d’y répondre en analysant les évolutions de ces grands ensembles d’habitat social, les transformations du fonctionnement journalistique et la façon dont les acteurs locaux tentent de peser sur l’événement. Depuis les années 1980, le champ journalistique comme les quartiers HLM ont connu des transformations majeures : montée des logiques commerciales, promotion d’un journalisme professionnel sur un journalisme plus engagé et/ou spécialisé, pour le premier ; dégradation des conditions de vie, et, pour une fraction de la jeunesse, affirmation des logiques de défense du territoire et de l’honneur. Parallèlement, la médiatisation des quartiers sous un angle jugé stigmatisant a conduit des mairies et des associations de banlieues à mettre en place des « spécialistes de la dramatisation » chargés de produire une certaine représentation de ces quartiers à l’attention des journalistes. Mais quelles sont les limites (et les impensés) de ces luttes symboliques ?"
► Julie Sedel, Les Médias & La Banlieue, éditions Le Bord de l’eau, 2009, 230 pages, 18 €.
[+] Séminaire de phénoménologie sous la responsabilité de B. Besnier, ENS, vendredi 24 avril 2009, 19H : Patrick LANG, "Le Crépuscule des valeurs selon Sartre".
Livres reçus
[+] Frank Smith, Dans Los Angeles, Le Bleu du ciel, 2009, 96 pages, 14 €, ISBN : 978-2-915232-55-4.
"À travers l’agglomération en expansion permanente et en recomposition infinie que constitue la ville-monde de Los Angeles, on circule par la parole et en voiture. Des voix, des ritournelles surgissent.
Le colporteur comme guide dans cette traversée continue est comme un détective mais en deçà encore du privé, à la façon dont il est vivant dans le roman noir américain. II ne sait pas qu’il est privé, qu’il détecte, qu’une enquête se fait malgré lui tout en le projetant aux quatre coins de la ville, dans le trafic et les méandres du maelström autoroutier, chaque fois qu’il trace et traque le langage.
Bien sûr, " notre héros ", il n’enquête que sur lui-même, contre lui-même, et le lieu d’investigation s’étend au final outre la Californie : par-delà le monde entier."
► On découvrira avec intérêt ce road-novel initiatique qui mêle photos et séquences brèves pour confronter Amérique légendaire et Amérique réelle (racisme, puritanisme, violences diverses). Ce qui est fascinant, c’est le télescopage entre flux intérieurs et flux extérieurs… En ce week-end pascal, on méditera un avertissement de ce genre, inscrit sur un panneau : "WARNING / DRUNKARDS FORNICATORS MASTURBATORS / ABORTIONISTS ADULTERES / WICHES EVELERS SODOMITES HYPOCRITES / BLASPHEMERS LIARS / AND GENERAL HEATHEN / HELL AWAITS YOU."
[+] Clément Ribes, La Question, ed. imho, col. Et hop. 76 p. ISBN : 978-915517-42-2. 9 €. Livre à ne pas manquer. L’auteur, qui a 20 ans, réussit ici , dans ce premier texte, une oeuvre remarquable. J’y reviens cette semaine dans une chronique portant sur la question du sujet exprimé dans un certain nombre de textes litéraires. Description cruelle de l’intégration sociale de l’individu, à partir de la transposition de la torture de la question issue de l’inquisition, la langue, dense et sensible, donne une force remarquable à cette fiction. à suivre… /PB/
[+] Revue Contre-attaques, ed. Golias, n°1. Janvier-juin 2009, 180 p. 20 €. Cette revue a été initiée une nouvelle fois par Alain Jugnon, que je mentionnais la semaine dernière dans les news du dimanche pour sa direction du très bon livre collectif, Pourquoi nous ne sommes pas chrétiens. Alain Jugnon, se démarque de beaucoup, du fait que nombre de ses projets, loin de se refermer sur lui-même, appelle la multitude, appelle ce travail commun du partage de la différence. La revue précédente qu’il avait animée, et qui s’est arrêtée avait pour nom Contr’Un. Contre l’Un politique, conre l’Un métaphysique, mais aussi contre l’Un de l’amour propre d’un sujet replié sur sa seule pensée, projetée comme vérité absolue, voulant tordre tout champ à sa seule mesure de sujet reconnu. Car il s’agit d’abord et avant tout de cela chez Alain Jugnon : ne pas se poser comme vérité par soi, mais bien penser l’émergence du sens critique dans les jeux et rapports de sens qui se tissent et se séparent à partir de la diversité. Ceci apparaissait de même dans son Encyclique anale, au sens où ce texte convoquait dans ses lignes nombres de figures aussi bien tutélaires (Nietzsche, Artaud) que d’écrivains lui étant proches (Mathieu Baumier, Michel Surya, Jean-Clet Martin, ..). Contre-Attaques, pluriel. Pas une contre-attaque, mais la contre-attaque, pensée selon la diversité de ses lignes individuelles. Si le titre Contre-attaque renvoie à la réconciliation de Bataille avec "l’ennemi de toujours : André Breton" afin de "sauver le monde du cauchemar, de l’impuissance et du carnage dans lequel il sombre" tel que l’écrivait Michel Surya en 1992 dans Georges Bataille, la mort de l’oeuvre, cette reprise du titre au pluriel, est l’exigence de la contre-attaque, mais non plus pensée sous le signe de l’identité ou de la polarité synthétique, mais selon le prisme de la différence aussi bien des voies que des individualités ouvrant ses voies. Ce numéro ainsi accueille de nombreux auteurs et critiques connus : Bruce Bégout, Bruno Tackels, Frédéric Neyrat, Michel Surya, David Christoffel, Jean-Claude Pinson, Luis de Miranda ou encore le philosophe Olivier Koettlitz. S’il se construit autout d’un dossier portant sur Jean-Luc Nancy avec Nietzsche, Bataille, Blanchot, il y a deux autres parties très importantes : Le lieu commun : contre tout intégrisme et La Pharmacie : Les individus contrent, où on pourra retrouver notamment, mon article Le corps poétique (sur Charles Pennequin), article de 2001, repris et réactualisé en 2008. Ainsi, contre-attaques, s’il est bien un espace critique, de prise en vue du monde, la dernière partie, intitulée, pharmacie, se propose comme ‘ouverture à des lignes de fuite pour de possibles éthiques existentielles. /PB/
[+] Crunchy Crunch, ed. Station Mir/Lapoésie/Nuit, Fractal Musik n°4, 15 €. CD audio délirant sous couverture de Jacques Villeglé. 4ème opus de Fractal Musique, conçu par Joël Hubaut et dirigé par David Dronet de la Station MIR. Outre que plastiquement le travail est remarquable, ce qu’il y a à découvrir est bien de l’ordre de la fractalisation de ce que pourrait être l’énergie sonore individuelle. 51 pistes de son, tout à la fois décousues, et se ramifiant par sensibilité corporelle. "Crust en plaques" écrit au dos de la plaquette Joël Hubau, "crunchy crunch de densité d’énergie en densité critique : le paradoxe des craquements de la pulsation des ondes de croûte du battement dans les vibrations contractées est de briser le paradoxe puisqu’une pièce fractal musik est éviemment une pièce dont chaque élément est aussi une pièce fractal musik dans son paradoxe craquelé". Chaque pièce se donne à entendre comme énergie débridée du craquemen intensif de corps créateurs, donc l’ensemble est le plan d’immanence des torsions craquelées de la diversité des intensités ramassées sur la galette plastique du CD. On y retrouvera, en vrac (et selon mes propres goûts) : Frédéric Acquaviva, Lucille Calmel, Frédéric Danos, Fred Debief, Vincent Epplay, David Fenech, Jurgen Fritz, Rolf Julius, Nicolas Maigret, Joachim Montessuis, Niteffect, Princess Rotative, Pupusse et Patrack, Stanza, Lucien Suel, Toeplitz… und so weiter… /PB/
Je ne trouve pas la critique concernant le livre de C. Ribes.
Où est-elle archivée ?
Vérification faite, la chronique n’a pas été postée. (Embarqués dans un grand nombre de projets et de publications dont nous avons prévu de rendre compte, il nous arrive de sauter telle ou telle étape par manque de temps…).