[News] News du dimanche

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mai 31, 2009
in Category: News, UNE
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Opération Libr-mai [libr.critik@yahoo.fr] : il vous reste deux semaines pour compléter par vos envois une programmation riche et variée qui, d’auteurs reconnus en auteurs inconnus, va nous conduire jusqu’à la mi-juillet… Un aperçu pour les curieux : un large extrait exclusif du prochain livre de François Bon, la dernière création sonore de Thomas Braichet (en collaboration avec Sylvain Courtoux), des textes inédits du prometteur Alexander Dickow, un hommage singulier de Stéphane Rouzé à Raymond Federman…
Cette semaine, Pleins Feux sur deux publications à méditer : le dernier numéro de La Revue Internationale des Idées et des Livres ; Louis Pinto, Le Collectif et l’Individuel. Et, bien sûr, nos livres reçus : La révolution nécessaire, laquelle ? collectif sous la direction d’Alain Jugnon, et Globale Paranoïa d’Éric Sadin.

Feu sur l’université !

Décidément "inclassable", comme on dit, cette revue faisant fi des frontières entre les cultures comme entre actuel et inactuel (certains articles vont jusqu’à reposer sur des ouvrages parus entre 2001 et 2006 !)…

Cette dernière livraison se concentre sur l’offensive internationale de l’idéologie néolibérale contre l’un des derniers bastions de résistance : l’université, ses chercheurs, intellectuels, enseignants et étudiants. Grâce à une stratégie aussi insidieuse qu’efficace, en ce domaine comme dans tous les autres, l’économique entend triompher. Se référant à un livre de Christopher Newfield paru l’année dernière (Unmaking the Public University), Yves Citton montre que la France reproduit vingt ans après l’erreur d’un état comme la Californie : la réduction des crédits alloués à l’éducation et l’enseignement au profit des dépenses sécuritaires… Sa déconstruction du démontage de l’université est des plus probantes, rappelant toutes les étapes du processus :
1. "l’étranglement comptable" ou l’annexion par la sphère économique de l’espace de production des savoirs (et comment oser se positionner contre la "transparence" et la "responsabilité" budgétaires ?) ; 2. augmentation des vacataires et diminution des titulaires ; 3. la rentabilisation de l’enseignement par augmentation des effectifs ; 4. "mobiliser la capacité de travail des universitaires dans la rédaction de rapports administratifs chargés de justifier le travail qu’ils ont de moins en moins le temps d’accomplir effectivement" ; 5. faire prévaloir la professionnalisation sur l’éducation ; 6. privilégier les disciplines rentables (les sciences "dures" plutôt que les sciences humaines)…

Dans "Flux", Philippe Boisnard traite à sa façon un autre aspect de la mondialisation, mettant en évidence la collusion entre argent et abstraction dans un univers où les flux humains sont réduits à de simples transactions. Plus spécifiquement, il nous offre un schéma cognitif dans lequel les énoncés – qui peuvent parfois apparaître comme des tautologies, voire des truismes – n’existent que dans la logique même du flux, c’est-à-dire des interrelations, non pas infinies mais multiples, que ne peut manquer d’opérer l’esprit de chaque déchiffreur. /FT/

La Revue Internationale des Livres et des Idées, n° 11, mai-juin 2009, 26 x 36 cm, 60 pages, 5 €.

Comment penser le collectif et l’individuel avec DURKHEIM ?

Louis Pinto, Le Collectif et l’Individuel. Considérations durkheimiennes, Raisons d’agir, 2009, 150 pages, 20 €, ISBN : 978-2-912107-47-3.

Présentation de l’éditeur :

L’individu est une cause que l’on peut juger, selon les points de vue, sympathique ou inquiétante, libératrice ou oppressive, excitante ou académique, généreuse ou narcissique.
Mais, à propos, pourquoi tant de bruit ? Dans une période singulière de changements, de mutations et de réformes (intellectuelles et politiques), l’une des exigences premières est sans doute de conserver assez de sang froid pour examiner de quoi il s’agit quand on évoque la notion d’individu et pour voir quel profit éventuel les sciences sociales peuvent retirer de son usage. Étroitement liées l’individu, les notions de sujet et de collectif, mieux comprises et mieux utilisées qu’elles ne le sont d’ordinaire, restent des outils indispensables à la sociologie.
Si ce travail de clarification notionnelle est indispensable, il ne saurait dissimuler le double contexte dans lequel s’inscrit la promotion actuelle de la cause de l’individu : un contexte théorique de contestation, de la conception, dite traditionnelle de la connaissance objective et un contexte idéologico-politique de mise en cause de l’État social, de la réglementation, de l’uniformité, de la rigidité, du corporatisme. Dans ces considérations délibérément inactuelles placées sous les auspices de Durkheim, Louis Pinto poursuit son projet d’une sociologie de la philosophie qui mobilise aussi bien les ressources de l’histoire sociale des sciences sociales que celles d’une analyse philosophique des travaux de sociologie des individus.

Note de lecture :

Dans ce recueil de cours et travaux, le disciple de Pierre Bourdieu adopte d’emblée deux précautions méthodologiques. Il s’interroge d’abord sur une notion d’individu annexée par l’idéologie néolibérale ; il établit ensuite les bases d’une sociologie des intellectuels engagés dans la lutte pour la définition de cette notion : si les intellectuels organiques dépendants des pouvoirs en place n’ont de cesse que d’imposer le paradigme de l’individu libre et entreprenant (versus ce parasite qu’est l’"assisté") et si les intellectuels médiatiques abandonnent la sphère politique pour réinvestir l’espace privé, il est une troisième catégorie d’auteurs, plus difficile à cerner, qui profite de l’expressionnisme ambiant et échappe aux instances de contrôle intellectuel et politique pour exalter la singularité de toutes les façons possibles.

Ce prologue débouche sur une première partie où Louis Pinto pose quelques questions fondamentales, dont celles-ci : "y a-t-il vraiment des combinaisons paradoxales de propriétés chez certains individus ?" "La critique du monde existant a-telle besoin de l’individu ?", avant de revenir sur le concept d’individu épistémologique et de se positionner par rapport à quelques approches philosophiques actuelles qu’il juge problématiques ou superficielles. De la seconde partie, consacrée aux "outils sociologiques", on retiendra les développements sur les "modalités sociales de la certitude" et les réflexions durkheimiennes sur les relations entre individuel et collectif ainsi que sur les modes d’intériorisation du social. À la fin de la première partie, où prévaut la dimension polémique, on regrettera le relâchement de l’argumentation comme de la langue. /FT/

                                           Livres reçus                                                

[+] La révolution nécessaire, laquelle ? collectif sous la direction d’Alain Jugnon, ed. Golias, 492 p. ISBN : 978-2-35472-052-0. 24 €. Tel que l’écrit Anne Querrien, à la fin de son article : "nous restons révolutionnaires jusqu’au bout des ongles, sûrs que les archéologues du futur en en trouvant les rognures sauront reconnaître la passion qui animait". Quelle est précisément cette passion ? En quel sens peut-elle être une forme de constante anthropologique ? A travers les différentes analyses (Andrieu, Citton, de Miranda, Neyrat, …) et les différents textes littéraires ici présentés (Pennequin, Di Folco, Le Pillouër, …), plus que de percevoir des solutions révolutionnaires, il s’agit de saisir en quel sens se joue cette possibilité pour la pensée : celle de la révolution. Si une telle perspective est indiquée dans  ces textes, c’est que d’abord et avant tout se joue la possibilité critique du présent, la possibilité de nier l’adhésion anesthésiée au système global, tel qu’il est imposé par une diversité de vecteurs de pouvoir. Car au coeur même de la possibilité révolutionnaire, c’est avant tout la question de la liberté qui est en jeu, non pas liberté de, mais liberté au sens de la conscience qui se réfléchit en situation et qui ne peut adhérer à celle-ci. Ces textes, qui ne répondent d’aucune unité, proposent ainsi une diversité d’angles critiques, une multiplicité d’états des lieux. Alors que l’anniversaire des 40 ans de 1968, n’a été qu’une farce médiatique, reposant sur la mythologisation d’un mythe, et donc une réalité fantasmée, ce livre collectif, loin de justement adhérer à ce type de commémoration, ouvre à une réflexion désengagée du mythe, pour penser à ce qu’implique, là, maintenant, la possibilité révolutionnaire. /PB/

[+] Globale Paranoïa, Éric Sadin, ed. Les petits matins, ISBN : 978-2-915-87949-0. 12 €. Une nouvelle fois, parlant d’un livre des Petits Matins, silence sur la maquette, le texte étant trop important, pour ne pas sombrer dans une discussion sur les goûts et les couleurs. Globale paranoïa d’Éric Sadin, est bien évidemment à lire en relation avec Surveillance Globale, essai qu’il a publié cette même année aux éditions Flammarion. Toutefois, les régimes de textes sont distincts. Alors que dans l’essai, ce qui domine est le mouvement de démonstration, et donc la dynamique cycloïdale qui amène chaque argument à être démontré, ici, dans ce livre, ce ne sont que des prismes qui apparaissent, prismes de la surveillance globale. Chaque page se donne comme un fait de la surveillance planétaire et des outils qui permettent celle-ci. Nulle démonstraton, seulement des constats. Nous faisons face à une poésie décrivant mécaniquement des situations, des potentialités techniques, des stratégies de contrôle. Alors que l’essai tente d’ordonner les phénomènes, et de mettre en évidence une dynamique globale en sa vérité de processus historique, la poésie accumule seulement des preuves, sans bien évidemment les relier selon une pensée méta-critique. C’est ici la force de ce texte, qui est en quelque sorte la suite de Tokyo, que de nous poser dans un flux de constats sans méta-plan de référence, car de fait cette position du lecteur est précisément celle de tout individu dans la société. On ne nous dit rien de la logique globale de la surveillance, nous ne faisons face, au mieux, qu’à la récurrence de faits, d’informations disjointes, qu’aucun journaliste des mass-médas ne paraît interroger quant à leur unité intentionnelle. Dès lors, la poésie d’Éric Sadin se construit comme reflet, répétition, de ce qui a lieu dans le monde. Mais reflet filtrant, au sens où sont évacuées toutes données n’étant pas concernées par cette question du contrôle. De plus, ce livre est suivi d’une très bonne postface. C’est rare pour le souligner, mais l’analyse de la disparition de la virgule dans le texte de la part de Domlique Quessada est d’une grande qualité. /PB/

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rédaction

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