[Livre - news] Patrick Beurard-Valdoye, Le Vocaluscrit, par Fabrice Thumerel

[Livre – news] Patrick Beurard-Valdoye, Le Vocaluscrit, par Fabrice Thumerel

juin 8, 2018
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[Livre – news] Patrick Beurard-Valdoye, Le Vocaluscrit, par Fabrice Thumerel

Patrick Beurard-Valdoye, Le Vocaluscrit, Lanskine, 2017,104 pages, 14 €, ISBN : 979-10-90491-48-9.

► On pourra rencontrer l’auteur lors d’une séance de signature au Marché de la poésie à St Sulpice, au stand 610 des éditions Lanskine, ce vendredi de 14 à 15H et demain de 11 à 12H.

"De notre vivant la seule vraie révolte eût été le silence, le refus absolu
de collaborer. Mais le silence, dans ce monde où la masse des êtres ne vit que de bruit,
équivaudrait au néant
" (Pierre Reverdy, cité p. 63).

Ce volume bipartite, un peu à part dans une œuvre importante marquée par le Cycle des exils, constitue une très intéressante contribution à une histoire des arts poétiques sous l’angle de l’oralité. Après avoir rappelé que la poésie scénique ne s’est développée qu’il y a à peine un demi-siècle et que "l’oralisation du texte est affaire complexe, ses modes et sa transmission également" (p. 93), dans une "Volte-face" finale l’auteur lui-même explicite son titre : "Le nom Vocaluscrit s’il pose question, ne plonge pas dans l’inconnu, car il ressemble à ses cousins manuscrit et tapuscrit. Il éclaire le parti que ce que lit l’auteur, quand il ne s’agit pas d’un acte de promotion, n’est pas le texte imprimé destiné au lecteur. Et n’est pas non plus une partition. Le vocaluscrit contient et sécrète cette part d’intimité dont l’auditoire parfois détecte l’énergie" (94).

La première partie, significativement intitulée "Vif de voix sur l’émotif / archive sonore", évoque dans une écriture non pas critique mais poétique (vers libres ou prose rythmique, sans ponctuation ou presque, avec de superbes trouvailles stylistiques) 37 phares de la poésie oralisée, des plus jeunes aux plus anciens (vivants ou morts), des plus connus aux moins connus, écoutés/rencontrés de 1990 à 2016 : Pastior, Heidsieck, Luca, Frontier, Novarina, Montels… Mouton, Beck, Quintane, Mauche, Pittolo… Ce qui l’intéresse est la posture des poètes lecteurs et/ou performeurs : tenue vestimentaire, maintien du corps, mise en voix et en espace, grain de la voix, phrasé/narré, effets sonores et rythmiques, supports… La réception de l’auditoire également. Deux exemples, pour le plaisir : "son art en sonorités bizarres et / criméogothiques / qui raniment les Vénus unilingis" (Oscar Pastior) ; "le phrasé déraille le sens dérape perte de langue maladie-du-narré territoire des sens détérioré seul le sonore du miroir demeure l’écho d’où coule du plaisir" (Séverine Daucourt-Fridriksson)…

La seconde partie ("Le métier de poète") réunit 22 vignettes/instantanés/apocalypses qui ne sont pas sans faire écho au Poète insupportable de Cyrille Martinez : en un temps où s’effondre le poids symbolique du poète et de la poésie, inadaptés à la société de consocommunication, sont dévoilés les malentendus envers celui que l’on (dé)considère comme un animateur culturel parmi d’autres.

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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