[Chronique] La langue qui se tire, la bouche qui se pend, par Jean-Paul Gavard-Perret

[Chronique] La langue qui se tire, la bouche qui se pend, par Jean-Paul Gavard-Perret

janvier 19, 2019
in Category: chroniques, Livres reçus, UNE
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[Chronique] La langue qui se tire, la bouche qui se pend, par Jean-Paul Gavard-Perret

Jean Streff, Les enquêtes sexuelles de Benoît Lange, éditions La Musardine, coll. de poche « Lectures amoureuses », automne 2018, 480 pages, 10,95 €, ISBN : 978-2-36490-575-7.

Il arrive que la langue pourrisse parce que ses mots agonisent : leur sens se dévalorise. Il dérive, se perd parce que la langue s’ulcère. Des écrivains comme Prigent et Novarina l’ont prouvé en optant pour un retour à la « cochonnerie » du langage de l’animal humain. Jean Streff choisi une autre stratégie.

Il s’inscrit plus dans la perversion des récits que du langage. Assistant de Pialat et de Bénazéraf (deux sulfureux chacun dans leur genre), réalisateur de courts métrages et du livre « Le Masochisme au cinéma » il a fait partie à côté de Bouyxou et de Vaneigem de l’aventure des « Editions du Bébé Noir » puis des éditions et addictions anarco-érotiques « La Brigandine ». Il a écrit aussi des scenarii pour la télévision et des ouvrages sur le fétichisme et le sadomasochisme dont le « Traité du fétichisme à l’usage des jeunes générations » (Denoël).

Ici, à travers trois nouvelles (« La peau lisse des nurses », «Les sept merveilles du monstre », « Tout feu, tout femme ») il met en scène des enquêtes « policées » (enfin presque). Ce qui pourrait être pris comme une pathologie littéraire à l’usage des décadents, fait surgir – par la présence de « monstres caractéristiques » – des curiosités esthétiques propres moins à l’agonie (sinon de la petite mort) qu’à une renaissance à travers divers filatures.

L’auteur cultive l’art de plaire en caressant certaines aberrances plus ou moins étranges. Il soulève les jupes des histoires mais ne s’arrête pas en si bon chemin. La sexualité se décline en une infinité de fétichismes et s’oriente vers sa partie la plus noire. Mais le terrible devint plus tard l’adorable. C’est l’anti-loi du genre policier. Chaque texte fait glisser du rejet à l’adoration. Et une nouvelle « nouvelle » vient écraser et renouveler la précédente.

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rédaction

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