Henri Abril, Byzance, le sexe de l’utopie, Stellamaris, 2016, 134 pages, 14 €.
En poèmes dédiés à ses morts encore jeunes par leur traducteur connu, de ses pores d’attache un exilé filtre la vase aurifère. En rondeaux contemporains déliant leur boucle d’un coup de hache dans le dégel, en villanelles condensées d’agencement subtil, cadence flamberge en dedans, prouesses de bouts rimés épelant les voyelles d’une consonne unique – des chefs-d’œuvre de rimes approximatives, décousues main, insolites savantes, charnues, androgynes, ciselées de diphtongues d’apparat, traquent dans le labial de l’entre-deux langues, ou trois ou quatre, russe espagnole une Byzance « biseautée » passée par les camps staliniens. En échos de Mandelstam, Essénine, Tsvetaïéva, Khodassévitch, du catalan Pere Quart « avec sa tête hilare au bout des bras », en vers d’embrasse qui trop étreignent, de leurs tropes enlacent, trébuchent sur leurs pieds tors, inégaux à lier, mâchés même si le compte défaille – Orphée d’« un labyrinthe oriental/ où Ariane aurait perdu le fil des jours », métis de lin russe et de coton d’Espagne, barbare juif juif juif un « mécréant de fils en père » nous lâche à la gorge, au plexus, tel l’oiseau roc ses œufs géants d’une raucité recouvrée.
Notes en bas de page sans astérisque d’appel, pagination discrète en seuls nombres impairs.