[Chronique] Thomas Schlesser, Faire rêver - De l'art des Lumières au cauchemar publicitaire, par Jean-Paul Gavard-Perret

[Chronique] Thomas Schlesser, Faire rêver – De l’art des Lumières au cauchemar publicitaire, par Jean-Paul Gavard-Perret

novembre 20, 2019
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[Chronique] Thomas Schlesser, Faire rêver – De l’art des Lumières au cauchemar publicitaire, par Jean-Paul Gavard-Perret

Thomas Schlesser, Faire rêver – De l’art des Lumières au cauchemar publicitaire, Gallimard, coll. « Arts et Artistes », octobre 2019, 336 pages, 28 €, ISBN : 978-2-07-279944-0.

Le parti pris du livre est de créer l’histoire du XVIIIème siècle à nos jours de ce qui et de ceux qui font rêver, et ce par divers moyens, bref les « architectes des Lumières, partisans de la suggestion tels que Turner ou Mallarmé, visionnaires surréalistes, cinéastes du fantastique ».

L’éventail est donc large… D’autant que l’auteur écrit afin de dégager des « invariants » ou des portes magiques, bref de « trouver les meilleures formules pour stimuler l’imaginaire et inventer un monde enchanté, ce que les saint-simoniens désignent comme un «paradis terrestre», grâce à l’influence de la création sur la psyché ».

Le propos est donc autant politique qu’esthétique. Car chaque « rêve » possède un objectif. Parfois intempestif et subversif, mais parfois – et à l’inverse – dans le but de bétonner la société et ses citoyens avec des ambitions totalitaires. Elles prennent des couleurs aussi marxistes que capitalistes suivant les cas, si bien que le fantasme esthétique se trouve réduit au service de diverses volontés de puissance.

Sous le rêve se cache donc bien des cauchemars, et selon des problématiques qui dépassent la seule culture de l’image. Son culte asservit aussi bien lorsque le propos est apparement d’offrir des ouvertures de l’intimité que de proposer des angoisses post ou anti-humanistes.

Bien des réseaux de caméleons servent la soupe à diverses idéologies. Il arrive même que le réactionnisme le plus affirmé se retrouve derrière ceux qui semblent les plus intrépides révolutionnaires. Leurs avancées ne jouent que sur un effet retard de fantasmagories préétablies. Bref, il s’agit moins de détruire les pouvoirs que d’attendre d’eux des libéralités notoires.

Les fomenteurs de rêves renvoient souvent à des tentations totalitaires. Le rêve se décline soudain en « produits » divers. Leur Soleil placé en abyme n’est que mascarade et les propriétaires des clés se soucient comme d’une guigne de décrypter – entre l’hypostase de la figure paternelle et l’instance d’une analité crasse – quelque chose des ambivalences qui travaillent le monde.

Les (im)pertinences restent à ce titre et trop souvent gâteuse et pâteuses. Jamais en retard d’une mode, les artistes ne font que courir après. Qui d’entre eux amène une beauté qui n’existe pas encore ? Ne demeure que de l’idéologie sans idée dans des codes de prétendues horreurs ou voluptés.

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rédaction

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