[Chronique] Julien Green, Journal intégral, par Jean-Paul Gavard-Perret

[Chronique] Julien Green, Journal intégral, par Jean-Paul Gavard-Perret

février 4, 2020
in Category: chroniques, Livres reçus, UNE
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[Chronique] Julien Green, Journal intégral, par Jean-Paul Gavard-Perret

Julien Green, Journal intégral, 1919 – 1940, édition établie par Guillaume Fau, Alexandre de Vitry et Tristan de Lafond, Bouquins-Laffont, tome 1, automne 2019, 1330 pages, 32 €, ISBN : 978-2-221-20307-1.

Le journal de Julien Green renverse la statue de commandeur de l’auteur catholique. Celui qui s’est converti à cette religion y a trouvé peut-être un salut mais – auparavant – des visions plastiques qui n’ont rien de pieuses. Preuve que le mélomane qui aimait autant l’opéra (fréquenté aux côté de sa mère et de Cocteau) que les ballets les appréciait autant par l’amour de l’art que celui des corps des éphèbes. Et il en va de même pour les visions christiques.

Ce Journal énorme par ses pages (il sera édité en quatre tomes) est dans le premier volume celui d’un érotomane. Il ose une pornographie solaire qui ne pouvait être publié de son vivant. Les lieux de stupre et de fornications homosexuelles (pissotière, bains douches, transports en commun) et les diverses relations (tarifées ou non) s’épanouissent avec très rarement un relent de remords ou de péché.

Dès lors, la lecture des romans (un peu oubliés) de Julien Green ne peut se pratiquer de la même manière après celle d’un corpus qui montre la source d’où ils sortent. Le Journal possède une forme de science dans l’effet retard qu’il produit et les présences qu’il affiche.

Pour autant, Green ne cherche pas à provoquer une émotion érotique immédiate. Il demande au lecteur une sorte de reprise mentale. Certes, l’écriture inscrit une picturalité de la « chose » ou du sentiment lui-même, mais aussi une pulsion vitale qui s’affiche sans fards.

La perception de l’homme et de l’oeuvre s’en trouve transformée. Toujours styliste, mais d’une autre façon l’auteur ne se préoccupe ici que des hommes qui se donnent – ou parfois fuient.

Nul repentir. Juste l’ivresse du désir et du plaisir abondamment décrite. Green en forçat du sexe fait ici table rase des élévations mystiques. D’autres l’intéressent pour assouvir sa faim. Le tout dans le « swing » d’une écriture qui n’y va pas par quatre chemins dans son gay savoir.

 

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rédaction

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