Après avoir obtenu l’accord de plusieurs auteurs, et en espérant susciter l’adhésion de nombreux critiques – qu’ils soient chercheurs, professeurs, écrivains ou autres –, Libr-critique poursuit en 2010 un work in progress sur le roman contemporain lancé en janvier dernier.
D’ores et déjà sont programmés dans les semaines à venir les articles d’Aurélien MARION ("Le Nihilisme au travail dans Nihil, inc. de Sylvain Courtoux, et son anéantissement"), Francis MARCOIN (sur La Patience de Mauricette, de Lucien SUEL – qui sera ce samedi 9 janvier, de 18H à 19H30, à la Bibliothèque Marguerite Audoux : 10, rue Portefoin 75003 Paris) et Fabrice THUMEREL ("Raymond Federman : La Fourrure de ma tante Rachel, ou l’autofiction parlée-dansée").
Ci-dessous, le projet tel que le présentent Francis Marcoin et Fabrice Thumerel.
Pour être au centre des débats depuis le début de ce nouveau siècle, le roman contemporain fait-il pour autant l’objet d’une véritable réflexion argumentée, d’une cartographie fondée et approfondie, bref d’une approche critique et historique véritablement raisonnée ? Cette question est intimement liée à celle de la valeur, et l’impression règne d’une confusion sans précédent dans le microcosme médiatico-éditorial, confusion qui semble menacer également le champ universitaire où de plus en plus de chercheurs orientent leurs travaux vers la voie périlleuse de l’évaluation du contemporain, pour ne pas dire de l’actuel. Se pose donc impérieusement le problème de la valeur littéraire même, problème qui n’est pas nouveau : rappelons-nous Sainte-Beuve. Mais cet exemple nous montre que le problème affecte l’acte critique bien plutôt que l’acte romanesque lui-même, trop souvent réputé seul créateur. Que signifie critiquer le contemporain ? En quoi peut-on parler d’écriture critique, d’invention critique, d’imagination critique du contemporain ?
Ces manières de critiquer impliquent un engagement, une prise de risque, non seulement dans l’évaluation elle-même, mais dans la forme que prend cette évaluation. Si l’œuvre d’art, pour Marcel Proust, est fille de la solitude, il en va de même pour la critique. Elle doit parler cependant, mais d’une parole à l’écart de tout système boursier, qu’il soit celui de la bulle médiatique ou de la technocratie universitaire désormais sous le classement de Shanghai et pour qui la cotation est devenue la seule forme de pensée. Parce que l’évaluation du roman contemporain, – comme celle des œuvres du passé – ne saurait se confondre ni avec les tableaux de ventes ni avec le classement des chercheurs et des revues, en ce tout début 2010, Libr-critique poursuit un vaste chantier qui prolonge les premières réflexions et analyses particulières menées les trois années précédentes par Philippe Boisnard, Bernard Desportes, Bénédicte Gorrillot, Francis Marcoin, Isabelle Roussel et Fabrice Thumerel. Ce projet, s’il suscite suffisamment d’adhésion, continuera de se concrétiser sous la forme d’une revue en ligne ouverte et fermée chaque année civile.
Au fil des débats, rencontres, tables rondes et conférences, mais également des travaux de recherche les plus pointus comme des chroniques sur diverses publications et manifestations, de totalisations en détotalisations, se construira une approche du roman contemporain qui, espérons-le, sera multiforme et complexe – à défaut de pouvoir être complète. Pourraient ainsi se combiner des analyses portant sur des parcours singuliers d’écriture (des œuvres ou des types d’écriture particuliers) ou des synthèses – à dominante socio-historique ou poétique, entre autres – sur des territoires objectivement établis.