[News] News du dimanche

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avril 25, 2010
in Category: News, UNE
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Notre Libr-printemps passe par une réflexion sur l’"exception culturelle française" dans l’édito et se fait poétique avec les deux livres reçus et lus en avril : Christian PRIGENT, Météo des plages, et Daniel Pozner, Le Géographe est ailleurs. Et il passe par vous, très nombreux à nous soutenir : participez à ce Débat sur la culture en France (commentaires, chroniques, infos) et envoyez-nous vos articles et créations. [libr.critik@yahoo.fr] /FT/

Édito : L’"exception culturelle française"…

Dans le même temps que Télérama dénonçait la  "censure à la télévision" et, dans le dernier numéro, la mainmise élyséenne sur France Télévisions ("Il supprime la publicité. Il nomme le président de France Télévisions. Il place ses copains animateurs"), ainsi que le torpillage du Ministère de la culture par la Commission Karmitz (Conseil de la création artistique), toujours aussi indiscipliné, le magazine Mouvement s’inquiète de l’actuel krach culturel dans le dossier (pp. 90-111) d’une 55e livraison (avril-juin 2010) qui s’ouvre sur un "petit essai de politique-fiction", micro-utopie post-apocalyptique. Voici ce qui est annoncé en 2011 dans le pays des Arts-et-des-Droits-de-l’Homme, après l’abdication du président-monarque pour raison personnelle (départ de sa médiatique épouse "avec un cinéaste mexicain"…) : « Le vide créé au sommet de l’État allait provoquer, en juin 2011, le célèbre "carnaval des fins de droits" au cours duquel chômeurs, étrangers sans papiers, étudiants et stagiaires de tout poil, artistes et intellectuels, coordonnés par un mystérieux "comité invisible", allaient jeter les bases de la VIIe République, dite "République des humanités" (2011-2035). Pour les arts et la culture, ce furent des années fastes. En 2030, en France, le budget de la Culture atteignait 10% du budget de l’État, et certains demandaient même son doublement ! Et, enfin, l’on avait pris acte de l’importance de l’art dans le développement individuel : les pratiques artistiques devinrent largement encouragées dès le plus jeune âge. »

Cependant, le rêve s’arrête bien vite… la réalité présente s’avère tout autre : le Ministère de la culture est mort, vive la "culture" néo-libérale ! Emmanuel Wallon dénonce "une vision caporaliste de la France" ; Jacques Livchine, fondateur du théâtre de l’Unité, n’hésite pas à parler de "tentative d’extermination culturelle", le non médiatisé étant en grand danger ; le Centre chorégraphique de Tours est désormais sous tutelle… Reste à méditer la proposition d’"Abécédaire du changement"…

Sur le terrain, le débat et la résistance s’organisent… Voici, par exemple, les pistes de réflexion qui serviront de fil rouge à la réunion du jeudi 6 mai 2010 au Vivat d’Armentières (Nord) : "Réformes des services publics : quelles conséquences ? Que veulent dire ces mots parfois barbares : la clause de compétence générale, la réforme des collectivités territoriales, la RGPP, la réforme du lycée, la lettre de cadrage, la DGCA, la commission Karmitz, la disparition de la taxe professionnelle, le transfert de compétences… Comment ré-envisager l’action publique et le service public comme des actions au service de tous ?"

Ça, l’exception culturelle française ?…

Libr-poésie d’avril

Christian PRIGENT, Météo des plages [lire sur le site l’extrait intitulé "Filles de bord de mer"], P.O.L, avril 2010, 144 pages, 13 €, ISBN : 978-2-8180-0008-3.

Présentation éditoriale :

Christian Prigent sous-titre son livre "Roman en vers", et de fait il s’agit à la fois d’un roman, d’un roman autobiographique dans la veine des derniers livres de l’auteur (Demain je meurs, Grand-mère Quéquette), et d’un livre de poésie.
Soit une journée à la plage, du "petit lever" au "nocturne" final, en passant par "pique-nique" et "petit quatre-heures". Des personnages passent (parentèle, filles convoitées, déités en stage dans des marines rococo). Des événements ont lieu (idylles, marées noires, footing, noyades). On dialogue sur quelques points de morale et d’esthétique. C’est donc du roman (quoique tué dans l’œuf). Mais en vers. Ces vers sont métrés (mais impairs, non mélodiques), rimés (même si souvent par acrobaties bouffonnes) et distribués en quelques centaines de quatrains.)

Note de lecture :

Après la polémique avec Jacques Roubaud ("poésie écrite" versus "poésies scéniques" : cf. Disputatio) et après ses entretiens avec Bénédicte Gorrillot (Christian Prigent, quatre temps) dans lesquels il déclarait à la fois préférer son travail en prose et garder un faible pour la chose poétique, cette Météo des plages était attendue… Sous quelle bannière la ranger ?

Le coup de dé prigentien se révèle évidemment plus carnavalesque que mallarméen : il importe au poète de détrouïre le représentable et sa version (en)chantée à "coups de dé/bris de vocabulaires" (p. 99), de coupes et découpes, de flashes et de clashs, de télescopages et de dérapages, d’homophonies et de cacophonies babéliennes… Le dé-lyre suppose en outre de renoncer aux "souffleries dans les conques" pour se contenter "du clapotis quelconque" (107).

Derechef, drapeau vert pour cette Météo des plages qui nous tape dans l’orœil, nous faisant entendre la voix-de-l’écrit ! Ces quatorze stations encadrées par un prologue et un épilogue se placent bel et bien à l’enseigne de l’Œuvre, dans le sillage aussi bien de L’Âme (2000) que de Demain je meurs (2007) : forme acérée, écriture vaporisante, univers originel (St Brieuc et la figure du père, périple d’Éros en Moby Dick, érotisme et mythologisme…).

Daniel POZNER, Le Géographe est ailleurs, Passage d’encres, collection "Trait court", 2010, 40 pages, 6 €, ISBN : 978-2-35855-020-8.

En affichant d’emblée le support pictural à l’origine de son texte (Vermeer, Le Géographe, 1668-1669), Daniel Pozner – dont on a pu lire récemment Pft ! – se rattache au genre ancestral de la trans-écriture poétique. L’esprit d’enfance du poète ne pouvait qu’être attiré par le va-et-vient entre globe terrestre et globe oculaire, la figure d’un géographe mélancolique (géograve ?) qui tend vers  l’Ailleurs tout en demeurant immobile.

Syncopée et oralisée, l’écriture poétique réussit à traduire l’art de l’entre-deux et la magie toute baroque du tableau. D’autant que, post-pongienne, elle se fait métamorphique : "la carte déborde sur la nappe et c’est (p. 17) / alors, mais voit-il, c’est lourde nappe sur la table se lève se plisse se creuse, orogenèse et glissement de tissu comme de chair un sein un gouffre, chairs obscures et lumineuses" (p. 18).

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rédaction

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