[News] News du dimanche

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mai 23, 2010
in Category: News, UNE
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Après un édito qui s’attaque à trois lignes dérivantes de l’espace littéraire actuel, le livre de la semaine (X. SERRANO, S614) et deux Libr-événements. /FT/

Édito : inutilité de la critique ?…

Plus que jamais, LIBR-CRITIQUE affirme sa résistance face aux trois lignes dérivantes qui nuisent à l’autonomie du champ littéraire, et en particulier à la spécificité de son espace de circulation restreinte (celui des écritures exigeantes et/ou expérimentales). Concentrons-nous sur la traduction dans cet espace-là  du consumérisme ambiant. La première forme spécieuse est une espèce de laisser-aller marchéiste  qui s’est développé à grande vitesse : mettons sur le Marché les produits labellisés "littéraires" les plus variés, et le Marché rendra son verdict, c’est-à-dire fera le tri. La deuxième ressortit à un fonctionnalisme esthétique primaire qui a pour corollaire un aquoibonisme critique : à quoi bon les élucubrations critiques, seul vaut ce constat = ça marche ou ça ne marche pas ; ça résiste ou ça ne résiste pas. Et basta ! (On en trouvera, caricatural à l’extrême et cherchant une caution du côté de Nathalie Quintane et de Sylvain Courtoux, un exemple récent dans le compte rendu sur Sitaudis d’un ouvrage dont le titre même résume à lui seul ce que ne peuvent supporter les adeptes de cette posture-imposture : Disputatio XXI…). La troisième n’est que l’accentuation de la précédente : le défaitisme critique, ou, pire, sa capitulation… Révélatrice à cet égard, la dernière phrase du thuriféraire pro domo, recensant/encensant dans la revue OVNI (n° 4, printemps 2010, p. 59) les Méduses de Brea parues dans la collection "OVNI" du même Quartanier : "je n’ai plus rien à dire : le lire est tellement plus intéressant" – la qualité de la revue comme du livre n’étant pas ici en jeu.

Le point commun entre ces trois positions – en partie favorisées par l’émergence d’une nouvelle génération d’acteurs (auteurs, commentateurs, attachés de presse, etc.) en phase avec la logique libérale et quasiment dépourvue de culture théorique – est le fantasme d’une communication directe entre auteurs/textes et lecteurs dont l’origine est à rechercher du côté de la pensée dominante. En ces temps de culture-pour-tous, non seulement le lecteur est un consommateur comme un autre, mais en outre sa modélisation est conforme à ce parangon que constitue l’homo economicus : doté de toutes les compétences et dispositions requises, il est autonome… en théorie, bien sûr.

Si, bien évidemment, la théorie ne génère pas forcément de la "bonne littérature", si la lecture n’est pas l’apanage de la critique et si, par ailleurs, le critique ne saurait être le détenteur patenté du sens de l’œuvre – ou de sa vérité, comme on voudra –, il n’en reste pas moins vrai que toute œuvre d’importance présuppose une nouvelle relation pratique et théorique aussi bien au monde sensible qu’au monde social et à la sphère littéraire, et qu’il est d’autant moins aisé d’en rendre compte qu’elle est le plus souvent complètement implicite et que  l’auteur ne peut nous servir de recours puisque n’en ayant pas lui-même une conscience claire. Qui plus est, qu’appelle-t-on littérature si ce n’est l’ensemble des pratiques et des théories ? Qu’est-ce que la littérature sans une théorie poétique ou une théorie de l’histoire littéraire ?

 

Livre de la semaine

Xavier SERRANO, S614 [archives], éditions Imho, collection "et hop" (dir. : Éric Arlix), en librairie depuis vendredi dernier 21 mai 2010, 128 pages, 10 €, ISBN : 978-2-915517-53-8.

Présentation éditoriale :

S614 [archives] donne à lire des archives d’un monde connu – rarement nommé – ou à venir, histoire de brouiller les pistes. S614 se lit comme indiqué  : archives. Mais il s’agit d’un classement irrationnel (l’ordre alphabétique est largement affabulatoire) comme une plongée aléatoire dans des dossiers confidentiels, documents sonores, enregistrements d’audition. À cela viennent se greffer les échos de ce monde qui transitent par on ne sait qui ou on ne sait quoi, des réseaux post-exotiques sans doute qui se doivent – coûte que coûte – de transmettre voire de maugréer ces nouvelles d’un ailleurs. Qui manipule qui  ?

Note de lecture :

S614 [archives] est un document poétique (Franck Leibovici) qui se situe en droite ligne des agencements d’Yves Buraud (forme du fictionnaire), de Sylvain Courtoux (dimension dystopique) ou de Manuel Joseph (art du montage), dans ce que peut avoir de plus subversif les prélèvements-retraitements de matériaux divers. C’est dire que les effets critiques diffèrent d’une entreprise sociologique comme Les Nouveaux Mots du pouvoir. Abécédaire critique (Pascal Durand dir., Aden, 2007) : les dérapages sémantico-homophoniques, les télescopages isotopiques et les inventions verbales participent d’un double mouvement de déterritorialisation et de territorialisation qui nous confronte à un monde infamilier des plus inquiétants. Ainsi est-il question du triomphe programmé du "pathologiquement correct", "des structures carcérales dans lesquelles s’expriment l’activité cellulaire des vivants", de "carnage in progress", de "Moi-info", d’"avenir post-ludique", de "dernier inventaire corporel avant dix-solutions"… En particulier, l’annexion du discours médical par l’idéologie marchande révèle la cancérisation de la sphère sociale : "La dyspnée cardiaque constatée chez les sujets privés de leurs produits de référence (univers de marque) semble indiquer une difficulté d’adaptation et une rigidité accrue face aux changements d’habitudes de consommation"… L’incongru surréaliste  est également de mise : « Selon l’AFP, "un retour à l’anormal devrait se confirmer au cours des meurtres à venir" » ; "Brisez le silence avec le marteau prévu à cet effet"…

Libr-événements

PO2ZIES#02, La Machinante, Montreuil, du vendredi 28 (20H) au dimanche 30 mai 2010 (7H).

« PO2ZIES#02 c’est & ce n’est pas c’est des gens et c’est des gens des gens" T" à un moment "X".
Des confrontations, partout dans la ville, en partant de la machinante puis en évoluant vers d’autres lieux -non-lieux-vrais-lieux- des partenariats avec UZESTE, Lodève, Didatika, les koeurspurs, La librairie mille page, le jardin de la maison de l’arbre de Armand Gatti, le "festival International de Poésie de Marseille", le CRANE _Centre de ressources de l’Auxois, la taverne de luigi, le Kfé de Abdou, les lézards dans les murs à pôches, des éditeurs: Al dante, caméras Animales, la femelle du requin, les éditions [O], "la revue des gens bien et pas bien du tout"…
puis c’est aussi Radio PO2ZIES sur Epsilonnia ce jeudi 20 Mai à partir de 22h00 jusqu’au bout de la nuit, aussi radio aligre, aussi des affiches/oeuvres partout, la revue Cassandre, Mouvement, LYLO…
programme : "tout ce qui est programmé est improgrammable", ça commence à chaque fois à une certaine heure, et ça se finit quand on veut, c’est un rassemblement un= MEETING donc, il n’y a pas d’heure, il y a de la vie de la P.V. (poésie Vivante) et la P.V. n’est pas programmable :
avec des concerts et lecture et art-performances de Bernard Lubat, Julien Blaine, Charles Pennequin, Edith Azam, Mathias Richard, Archie Shepp, Armand Gatti, Marina Mars, Jean Voguet, Thierry Rat, Black Sifichi, Cécile Richard, langue de Guingois, SUE Abraschka, Andy Fierens," Pute au bord de l’eau", "The Bolchéviks", Antoine Dufeu, Nelson Estibill, Christophe Manon,Anne Kawala, jean-Claude Solana, Christophe marchand-Kiss, Eulali chiant & Guy Niole, Magali Brien, Stéphanie Fouquet, Laurent Cauwet, Angela Davis (sous reserve) "défiguration libre", Michel Ducom, René Duran, Valérie Jacquemin,Paco el Lobo, Fap Eyla, Fabien bassas, Georges ClarenKo, Philippe Burin des rosiers, Blandine Scelles, Jean-François Meyer, Meryl marchetti, Siman Féréol, Léa Longeot, DidiKa Koeurspurs, Sculptures performances de Gérard Gartner "déchets Industriels Recyclés"… Dernière Minute : REDOUANE (Gambri, Bendir, Guitare) et SMAËL Chant Gnawa viennent aussi le dimanche. »

Jeudi 27 mai 2010 à 19H30, Atout livre [203 bis, avenue Daumesnil 75012] : Mathieu LARNAUDIE, CLARO et Sylvain PRUDHOMME.

"Mathieu Larnaudie pris en étau par Claro et Dayre va essayer de ne pas s’effondrer avant de donner la parole à Sylvain Prudhomme bien furtif dans cette affaire. Du Larnaudie, du Claro, du Prudhomme, du talent donc et aussi du vin en cubi, des lectures, une expo de Laetitia Bianchi."

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rédaction

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3 comments

  1. dan

    Oui, mais au sujet de la « ligne dérivante » sur l’inanité de la critique , l’exemple n’est pas convaincant. Le compte rendu en question (celui sur Sitaudis) est un peu plus nuancé que ça, même s’il cultive un style léger et subjectif, même si l’anaphore peut agacer… « ça marche ou ça ne marche pas », c’est aussi bien de l’expérimentation (ce que Courtoux veut dire ?)

    Le compte rendu se termine d’ailleurs en en demandant davantage, de la critique. Merci pour la votre.

  2. Jean-Nicolas Clamanges

    Plutôt d’accord: « Où l’on se secoue en se disant que leur nombre importe peu et que la trace compte « , par exemple. L’ironie du CR est un contrepoint en dissonance calculée, pas un rejet idiot. C’est un lecteur très concerné qui la joue un peu distance smart. Pourquoi non ?

    JNC.

  3. Fabrice Thumerel

    Merci de votre intérêt à tous deux.
    Celui qui a osé poster cette paraphrase anthologique et réductionniste ne craint pas le ridicule… Comment prétendre que dans DISPUTATIO XXI « il manque de gros morceaux », alors même que des pans entiers du volume ont été passés sous silence ? Comment prétendre rendre compte d’un volume spécifique sans le savoir spécifique requis ? Que reste-t-il des méthodes et argumentations ? Comment prétendre porter des jugements sans aucun fondement ni argument décent ?
    Par ailleurs, la dérive provient de l’extension au discours critique dans son intégralité des propos de Sylvain Courtoux cités hors contexte : dans le récent entretien qu’il a accordé à LIBR-CRITIQUE, Sylvain réagit à la polémique à l’origine du volume DISPUTATIO XXI en confiant que de tels débats théoriques ne concernent plus vraiment les poètes de sa génération, qui, dans leurs pratiques, ne s’intéressent qu’à ce critère intuitif : « ça marche ou ça ne marche pas »… Mais en aucune façon, ni Sylvain Courtoux ni Nathalie Quintane ne refusent la théorie et la critique, pratiquant du reste cette dernière activité (NQ collabore régulièrement à SITAUDIS ; de temps en temps, SC va même nous donner des chroniques)…

    Dans ces conditions, en appeler à plus de critique est pour le moins ambigu – voire insidieux…
    C’est justement parce que non seulement nous admettons la critique, mais encore nous l’apprécions, que nous nous attendons à ce que l’on respecte les règles du jeu.
    Moralité : dans la sphère intellectuelle comme dans les sports de combat, pour pouvoir entrer en lice, il faut faire le poids…

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