Les Cahiers Robinson, Université d’Artois, n° 27 : "À l’école Prévert", printemps 2010, 212 pages, 16 €, ISBN : 2-9516422-9-6. [commander le numéro]
Suite au colloque qui s’est tenu à l’université d’Artois les 14 et 15 janvier 2009 – et à la présentation de ma propre contribution, "À l’école Prévert : sociogenèse d’un poète mécréant" –, la publication des Actes propose une relecture de cette œuvre subversive d’autant plus nécessaire que, depuis la mort de l’auteur en 1976, l’on a pu enregistrer peu d’entreprises de ce genre.
Sommaire
"Il ne suffit pas d’avoir de Belles-Lettres pour écrire un vrai alphabet" (Fatras, Pléiade, II, p. 70).
♦ Fabrice Thumerel, "Portrait d’un poète mécréant"
→ Contre l’esprit de sérieux de l’intelligentsia et l’oppression de l’ordre bourgeois, Prévert adopte le point de vue du mineur et du marginal, c’est-à-dire de ces dominés que sont les enfants-chenapans, les exclus et les opprimés. Mais surtout, "tourneur de ritournelles" (II, 496), il entreprend une minoration de la langue consistant à subvertir l’ordre en place (social, linguistique et littéraire) par le recours à des parlers populaires, à des formes mineures et à la ritournellisation.
♦ Serge Martin, "Les poèmes contre "La Poésie"…
♦ Laurent Mourey, "Paroles en têtes, la littérature avec Prévert et quelques autres"
♦ Marianne Berissi, "Fortune de Prévert dans l’édition pour la jeunesse"
♦ Christine Plu, "Illustrer les poèmes de Prévert, tout simplement"
♦ Entretien avec Jacqueline Duhême
♦ Carole Aurouet, "Jacques Prévert et la pratique du collage"
♦ Yannick Butel, "Prévert en rouge et noir"
♦ Francis Marcoin, "Prix et profits, un film pour le mouvement Freinet"
♦ Patrick Louguet, "Jean Renoir exalte l’esprit d’enfance : Le Crime de M. Lange"
♦ Christine Prévost, "Le Petit Claus et le Grand Claus : Grimault et les frères Prévert"
Quatrième de couverture
La "facilité" de Prévert, sa présence affirmée dans les petites classes des écoles, nourrissent un discours de distinction qui prend vite le ton du mépris. Mais les éloges ne manquent pas : Prévert enchante, et c’est son art de l’enfance, indissociablement lié à un subtil art de rien, que ce numéro se propose d’explorer, dans une double intention :
– d’une part interroger cette enfance, qui n’est pas une donnée mais une construction, et une construction si réussie qu’elle donne l’impression d’une évidence, d’un cliché ;
– d’autre part revenir sur ces manières de critiquer en quelque sorte imposées par une telle démarche : répulsion/adhésion, agacement/enivrement. Comment traiter de cette facilité ?
Prévert pratique sans compter des genres mineurs, comme l’inventaire, la comptine et la chanson, le conte pour enfants; d’autre part, il ne néglige nullement la poésie savante, excelle dans le collage surréaliste. Il va aussi du côté du théâtre, du cinama, qu’il soit de fantaisie ou tourné vers le prosaïsme, tel ce "film de pauvre" qu’est Prix et profits : la pomme de terre, documentaire tourné pour le compte du mouvement Freinet.
Il y a donc à relancer une lecture de Prévert par tous les bouts : ouvrir le Prévert des "petits", faire quelque chose de cette transparence, et ouvrir le Prévert des "grands", le rendre à ses problèmes qui sont nos problèmes, ceux de la critique comme de la création aujourd’hui : le populaire, le peuple dans et par le poème.