[Texte] Daniel Pozner, Rien dérobade

[Texte] Daniel Pozner, Rien dérobade

septembre 30, 2010
in Category: créations, UNE
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Avec "Rien dérobade", Daniel Pozner – dont nous avons déjà publié quelques textes inédits (ici) et commenté quelques œuvres (ici) – nous livre de subtiles et syncopées variations proustiennes, blocs d’impressions d’où se dégage "un peu de temps à l’état pur" (Marcel Proust, Le Temps retrouvé).

 

1.
rien dérobade vain ajout qu’un moment où la boucle relâche pâlit
je fais vite déçu ravi ah non je ne ramperai parce qu’au moment ô et elle là
là récolte des petites pierres l’effet de cette dure loi poches pleines poches lourdes
avait ajouté demain petite malice

2.
du passé ? quand les grolles seront usées beaucoup plus tard beaucoup plus tôt
où je la percevais chambre noire chambre froide rideaux roses aux fenêtres
s’était trouvé entre pages neutralisé suspendu cuisses ouvertes
aux rêves détendus pour la rime

3.
peut-être pour le crime plagiat 36 postures nouvelles paupières ourlée de
ourlée de bleu mon imagination ouverte un clin sunrise orange lourde
de fatigue au soir à gratter bandit raclures vivif. par un expédient merveilleux de la nature
vivifiantes colères de l’imagination ce dont ils point cure point gare ils se

4.
ils se gourent ils quelque chose qui
ils ne verront plus lumière les cordes dénouées petit truc qui était mon seul
qui avait langue parenthèse fait miroiter
à ses pieds sont habituellement dépourvus et toutes les adoucies déchirures – oh marche !

5.
commun pantin en fosse à la fois
fosse et mousse ? heure tigre organe pour griffe jouir de
la centième répète tournique ? me fais – désordre – des idées ? une sensation – nuit
         grinçante – bruit de la fourchette et hors
l’idée au travers passe de chas en chas – n’en crois rien ! – d’existence en / fin – et grâce à

6.
c’est tout gracile au passé et patiente et chavire au présent endormi est
bras croisée rivière indécise la beauté
du marteau oh et lignes le doigt sûr las
ce subterfuge

7.
pleurs beaucoup plus pleurs
ne pouvait rond dos mercure sourd insaisi s’appliquer à elle s’expliquer point
ni même phrase bribe titre de livre etc.
rien n’avait permis à

8.
vieille comique comète cul vissé à l’essentiel tabouret
en vertu de la loi – couvre-feu – un verre un dernier
à une ou trois du matin chaque fois rejetée dans le passé
troué monsieur mon être hier – vue trouble facile 40° d’obtenir d’isoler d’immobiliser

9.
parles ! pas si ! qu’eux-mêmes ne purent deux secondes retenir tant de fois
tant fuit tant versé inévitable
ce qui – petite boîte couvercle percé – permettait déplie membranes et s’env. à mon
        imagination
tout de carton – s’envole – la durée d’un éclair – s’envie

10.
au cours au secours de ma vie ah !
déviée voilée dénudée ! qui veut morceau encor ? masse qu’on ne puisse imaginer sous
        l’eau ? n’imaginer que ce qui est absent
impatient de la goûter et
– ce qu’il n’appréhende jamais jeux ou trop souvent mains tournantes langue ouverte

11.
tournante ouverte la réalité m’avait
un sort là et l’escabeau et miroirs et galipettes et plis voici que soudain
jaillissement lors que crie dans le présent où bille en pogne je me contente de recopier :
        l’ébranlement effectif de mes sens par le bruit le contact du linge etc.
"un peu de temps à l’état pur"

, ,
rédaction

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1 comment

  1. Fabrice Thumerel

    Je répercute ici la formidable réaction d’Amina Mekahli :

    « tournante ouverte la réalité m’avait
    un sort là et l’escabeau et miroirs et galipettes et plis voici que soudain
    jaillissement lors que crie dans le présent où bille en pogne je me contente de recopier :
    l’ébranlement effectif de mes sens par le bruit le contact du linge etc.
    « un peu de temps à l’état pur »

    Pozner à couper le souffle! je mangerai bien une petite madeleine là tout de suite… »

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