[Dossier sur la subversion - 11] Jérôme BERTIN, Le Grand Amour de Karl Klause

[Dossier sur la subversion – 11] Jérôme BERTIN, Le Grand Amour de Karl Klause

mars 24, 2011
in Category: créations, UNE
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Et si la subversion consistait encore aujourd’hui à nous plonger dans l’immonde, dans la Gueule infernale, à nous faire prendre l’abîme ? Telle est la question que nous pose Jérôme BERTIN, dont il a souvent été question sur LIBR-CRITIQUE – dans les chroniques de Philippe BOISNARD (par exemple sur Round 99) et dans des créations avec Sylvain COURTOUX. Nous publions ci-dessous les quatre premières pages de sa dernière création. [Présentation du dossier / dernière contribution, de Colette Tron, "Le peuple manque-t-il ?"]

"Approchez, approchez, Mesdames et Messieurs, et venez découvrir notre monstre le plus extraordinaire !"…

Karl Klause affirmait avoir rencontré l’amour dans un camp de
Concentration – optimale de poux humains au m2, tours ouvrez le feu !

– d’avant match de l’artiste de

la mort aux trousses, aux basques,
(au choix ?)
Grand blond aux yeux bleus, solidement bâti, Karl Klause avait la gueule de l’emploi…
les dents claquaient, les visages pâlissaient,
"Schnell !"
1000 grimaces à dégorger, 1000 petites vies à dégager,
1000 petites existences à la con, 1000 comédons à éclater,
pas plus difficile que de foutre cinq chatons
nouveaux nés dans un sac
et de les balancer à l’eau comme le faisait le papa de Karl quand celui-ci était
enfant de pute de bourgeois, ton heure est enfin
arrivée groupée du peloton de
rats rois du royaume X,
né sous, le messie a des hémorroïdes, à force d’amour sans aucun
doute interdit, l’autre se définissant comme cible, et c’est
Tout aura une fin violente, promis !
Karl Klause remarqua la petite Sarah dès qu’elle émergea de la foule que dégueulait le dernier wagon à bétail… elle s’agrippait de toutes ses forces à la main de sa maman… Karl fut de suite émerveillé par les longs cheveux noirs et soyeux de l’enfant, par son visage charmant, qui jurait avec les gueules à gargouilles enfarinées des autres prisonniers…
Sarah fut rapidement arrachée aux bras de sa mère, Karl Klause s’en chargea
personnellement…
De toute façon la pauvre femme, malade et fragile depuis la mort de son époux, abattu comme un chien sur le quai du départ pour avoir refusé de se séparer de sa femme et de sa fille, ne survécut pas deux jours…
Elle fut envoyée dans la mauvaise file par les soldats, persuadés qu’il n’y avait rien à en
Tirer dans le tas comme solution ultime
La guerre est un sport de l’extrême, un sport à sensation, tuer n’y est pas réellement utile, mais ludique et salvateur, pour un prédateur né comme
Karl Klause…
Dans le civil, ce dernier gagnait sa vie en travaillant pour les abattoirs de Munich, pour se passer les nerfs, pour assouvir ses pulsions destructrices, il zigouillait des bœufs, les saignant à mort la bave aux lèvres…
A présent il était totalement libre, libre comme une panthère, libre comme un rapace
Karl Klause s’était fondu très rapidement, brillamment même, dans cette communauté d’assassins à la chaîne…
Sarah Podolsky, petite enfant gâtée, juive et polonaise, était tout juste âgée de 12 ans.
Lorsqu’elle posa son pied sur la poussière du quai, la princesse à sa maman était sale, elle puait déjà la mort, mais son regard, même apeuré, n’en demeurait pas moins magnifique, Karl s’en souvenait comme si c’était hier…
Echos rafales de mitraillettes et ordres hystériques des soldats…
Odeurs de caramel, de grillades, et de trouille
(mais)
"Passe moi par-dessus !… Pisse-moi dans la bouche !"
Karl Klause était amour, et il comprit de suite que
la petite Sarah
serait sa chose, sa chose à lui, sa chose magique, sa dose de ciel bleu, au milieu de l’interminable hiver polonais…
Et celui-là avec son museau de singe !…
Et celle ci avec ses cannes velues !…
Dégage, bang !, Casse-toi, bing !,
Ouvrez le passage à la petite femme en couleur
La prendre sous son aile – l’éventrer – la couvrir de baisers – lui briser les pattes arrières – la protéger – péter au nez de Dieu – la cajoler – l’empaler sur son
Pieu(x) + que jamais, ô toi ô Grand Satan…
Karl Klause n’en avait rien à foutre du Führer et de toutes ces conneries, lui, ce qu’il voulait, c’était sa
Vengeance, partout j’écrirai ton
NON
Karl Klause n’avait jamais eu de convictions politiques, il n’avait jamais bandé pour cette bouffonnerie que l’on nomme patrie, il n’avait jamais connu ni Dieu ni maître…
Seulement cette guerre, quel putain d’alibi !… L’opportunité magique pour exprimer sans barrière aucune toute sa haine et son ressentiment, simplement armé d’une mitrailleuse et d’une solide paire de couilles…
Ouais, Seul contre tous, et c’est tout !
Lorsque Sarah Podolski débarqua de nulle part, dans une petite robe de soie blanche souillée d’immondices, par un soir du vigoureux hiver polonais, Karl Klause sut enfin ce que c’était que le coup de foudre et il n’eut plus qu’une idée en tête, fourrer cette petite chienne de
race de porcs à zigouiller de toute urg
ensevelir l’idée même de Dieu, exposer l’étron de la très sainte vierge à la face de l’
I-monde ter-minable, armez vous les uns
les autres !…
Arrêter de mettre les points sur les i !…
Mettre enfin les poings sur les gueules à gargouilles du chro-monde !…
Ouais, à partir de ce moment magique, Karl Klause n’eut plus qu’une seule obsession : faire de cette petite princesse sa reine…
Elle baissait les yeux quand elle devait remonter sa petite jupe froi
C de cancer, crânes, carnage…
Karl Klause n’était qu’un simple soldat de la Wehrmacht, il n’était pas nazi, il était simplement libre, enfin !…

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rédaction

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1 comment

  1. clowny

    Quel artiste ce Jérôme Bertin!
    Que de textes mirifiques à son palmarès!
    Vivement de prochaines publications de cet auteur
    sur ce site!

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