[Dossier sur la subversion - 16] Sylvain Courtoux, Poète, c'est crevé

[Dossier sur la subversion – 16] Sylvain Courtoux, Poète, c’est crevé

septembre 16, 2011
in Category: créations, UNE
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En cette fin de semaine où vient de paraître le dernier roman de Sylvain Courtoux (Stillnox, Al dante, 304 pages, 17 €) – un livre qui fera date ! -, nous remercions l’auteur de nous avoir donné en exclusivité le début assez explosif d’un prochain texte qui, d’une certaine façon, en constitue le prolongement. [Lire la précédente contribution au Dossier].

« Sister Chien fait un beau carnage parmi les « grandes volailles ».

C’est ce carnage qu’il faut décrire et ce qu’il tue.

Sang et plumes de poètes sur la planche. Allons-y. »

Christian Prigent.

 

« Vous êtes tous des poètes et moi je suis du côté de la mort.

(…) Il n’y a que l’ennui qui ne mène pas à Rome. Le suicide et toutes les corruptions

ne tirent pas leur origine ailleurs que dans l’ennui.

Et d’évidence, le seul critère de l’admiration, c’est la corruption. »

Jacques Rigaud.

 

 

« (…) mais la société, et son ou ses langages, ont mille moyens de se défendre, de se conserver.

Par exemple, […], on va aussitôt vous traiter de "poète". On va essayer de noyer le poisson.

On va vous engager dans des manuels, dans des anthologies, dans des collections de "poésie".

On va peut-être aussi vous engager comme professeur. On vous proposera quelques tribunes.

On vous demandera des articles critiques. On vous engagera dans quelques comités de rédaction.

Ou bien encore on insérera vos déclarations au milieu d’autres informations,

en vitesse, pour quelques minutes, dans quelques chaînes […] de radio ou de télévision. (…)

C’est ce que j’appelle noyer le poisson : donner une place, une petite place

au milieu d’émissions "culturelles" ou dites telles ; mais vous êtes noyé en tout cas

dans de la musique, dans de la politique, dans des variétés, dans de la chansonnette,

dans ceci ou dans cela, si bien qu’évidemment, vous êtes dévié, absorbé,

récupéré en quelque façon. »

Francis Ponge.

 

 

1.

 

Il mit la cassette vierge et appuya sur la touche rouge d’un vieux magnétophone qu’il avait exhumé d’une des grosses armoires de dossiers et de bibelots divers dans le bureau de son défunt père. Il but une longe gorgée de Coca Zéro, alluma une Camel et pris un Stilnox et demi. Quand il commençât, ses mains tremblaient un peu.

 

J’ai toujours rêvé d’être poète. Au moins depuis qu’ j’essaie d’ faire publier mes livres… Sans succès… C’est dire… En fait ce que j’aurai vraiment voulu faire, moi, c’est soit rock-star, soit comique hyper à la mode façon croisement radioactif anthrax/ébola Desproges/Guillon/Les Inconnus. Ben ouais, faut choisir… Mais je pense quand même que quand on veut être connu et adulé comme une putain de pop-star vaut mieux pas choisir la littérature… Et encore moins la poésie.. Ben ouais… Quand on se dit, poète, comme moi, c’est quand même vachement plus facile c’est sûr de faire un slam pourri dans une émission de Télé-réalité sur TF1 ou devant Ruquier et sa bande de parvenus sur France 2 que d’ publier chez Gallimard… Mais, à ce moment-là, c’est sûr aussi, vaut mieux être un peu kebla, robeu ou handicapé hein… Comme l’ Petit Corps Sans Organes… J’ sais plus comment c’est son blaze à la con lui… Lui, il encaisse grave dans la poetry-zone, c’est sûr ! Et on peut également dire qu’il n’y a même un peu que lui qui genre mange à sa faim trois fois par jour… Moi, c’est vrai qu’ le slam, j’ai rien contre… Surtout si c’est à la mode… Et surtout si grâce à ça j’ peux percer hein… Et manger trois fois par jour… Non, j’ déconne… Les rimes sont à trois balles genre même Prévert n’en voudrait pas et surtout le travail rythmique et poétique est toujours le même… Toujours bâti sur le même canevas ou à peu près… Mais il faut leur reconnaître un truc à ces enculés c’est qu’ils ont vraiment réussi à percer et qu’ils ont fait du slam un genre poétique presque comme les autres… Et y s’ font des couilles en or en plus… Ça, c’est jamais arrivé à Artaud, Rimbaud & Co… Et encore moins aux poètes contemporains (comptant-pour-riens surtout) que j’ lis… Moi, j’aurai adoré être slameur pro. Ben ouais… Mais bon… Faut des contacts dans l’ milieu, genre vivre à Paris… Ou pire en banlieue… Avoir des musicos… Faire des scènes ouvertes… Copiner avec des blaireaux qui n’ connaissent rien à la littérature et à la vraie poésie… Non, je n’ vais pas m’y mettre moi aussi à ce truc de vrai/faux… Ce genre de conneries quoi… De toute façon y’en a jamais où j’habite des scènes ouvertes… Et des musicos, genre simple et funky, ça court pas les rues d’ ma cité non plus… Mais c’est sûr slameur c’est un putain d’ bon plan pour s’ faire de la thune et s’ faire des meufs… Et dire qu’y a des mecs qui croient qu’ le slam c’est de l’ poésie… Blaireaux va ! C’est-pas-de-la-poé-sie-pu-tain ! Enfin… C’est une sorte de poésie populaire des cités quoi… S’y peuvent pas lire Artaud, Ponge ou Denis Roche, ils peuvent comprendre au moins sans trop de difficultés les merdes de Petits corps sans organes… On a les maîtres qu’on peut… Ou qu’on veut… Et surtout c’est ce que les jeunes ont envie d’ faire et c’est c’ que les bobos ont envie d’entendre… Argument de merde, je sais bien… En ce moment de putain d’ crise politique et sociale du moins… Ben ouais le slam ça part plus vite que des chocos-BN à la récré dans les rues mornes de la cité… J’le sais bien car j’habite La Bastide, une cité merdique du nord de Limoges… Vous savez la ville morne qu’on appelle pompeusement la "Rome du socialisme"… Berceau de la CGT… De la porcelaine… De l’ouvriérisme… Plus grand maquis de France… Et tous ces trucs à la con… Mais aussi et ça c’est plus marrant, la ville métaphysiquement rebelle qui a donné son nom à un verbe putassier… A chaque fois d’ailleurs que j’entends ce putain de verbe ou plutôt son participe passé (qui en est la forme la plus usitée), je me dit que finalement, c’est un putain de bel hommage à cette ville totalement triste et totalement vide… C’est presque ce que je préfère de cette ville… Une ville que j’appelle aussi personnellement le trou du cul du monde… Car pour un poète comme moi j’ me sens aussi limougeaud qu’un mec qui vient d’ se faire limogé… Et la poésie ça fait un bail qu’elle a été limogé de cette putain d’ ville… Facile, ouais je sais… Mais tellement vrai… Moi, j’aime pas la gauche… J’ dis ça parce que c’est elle qui dirige cette ville depuis au moins un siècle… Genre ils font style qu’ils se préoccupent du peuple… Des petites gens… Mais c’est tous des putains de bourges qu’ ont instauré le clientélisme utilitaire comme parangon ultime du lien social… Ça marche comme ça à Limoges… Si t’es pas pote du maire ou d’ sa famille ou des amis d’ la sainte famille : tu crèves la dalle avec ton R.S.A. d’assisté… Je l’ sais… J’ touche le R.S.A… Et j’ suis déjà allé à la Mairie plusieurs fois pour d’ mander… Non… Qué-mander un job… Que dalle… T’as plus qu’ la gueule pour crever sur l’ marche-pied… Ah si le F.N. passait l’ premier tour c’ week-end les bourges-bobos y feraient peut’ être un peu la gueule hein… Enfin bon la politique c’est pour les gens qui croient encore qu’on peut changer les choses… A Droite, c’est pas mieux… Y font qu’ de la politique pour les riches et les super-riches… Une politique de classe quoi… Une politique de classe dont le peuple n’est qu’ la crasse… C’est même le plus souvent, quand ils ont en charge des villes ou des Etats, pire que la Gauche… Bien pire même… Surtout pour les jeunes artistes… On le voit là malheureusement depuis plus de dix ans… C’est quand même la Droite aussi qu’on a nationalement au pouvoir depuis 10 ans maintenant et qui ont fait des Cités comme celle où je vis des putains de bombes sociologiques à neutrons en puissance… Z’avez qu’à v’ nir à La Bastide pour voir qu’ les gens y croient plus vraiment au changement… Plus du tout même… Et donc encore moins à la politique… Surtout qu’ ça fait depuis ’95 qu’on a la Droite et le Néo-Libéralisme qui va avec au pouvoir… Et si vous v’ nez dans ma Cité surtout n’oubliez pas votre carabine comme dirait l’autre… Ben ouais… Les gens de ma cité y croient plus rien à rien niveau politique… Ni à la Gauche… Et encore moins, ouais encore moins, à la Droite… Pour le F.N. j’ sais pas encore, résultat du premier tour dans deux jours… Mais bon Le Pen elle est à droite toute hein… Même si depuis un an elle s’évertue à faire penser qu’elle est plus à gauche encore que Mélenchon et qu’ son programme économique c’est genre celui du NPA et du Front de Gauche, mais en mieux… Donc j’ veux dire… C’est un peu fous-moi les boules tout ça… Mais on verra… Mais j’ serai p’ t’-être plus là pour l’ voir… Comme dit Coluche, je ne pense pas que les politiques nous feront autant marrer qu’ils nous emmerdent aujourd’hui ou pire nous font crever à n’ plus répondre à nos problèmes et à nous laisser lit-té-ral-ement crever la gueule ouverte sur l’ marche-pied… J’ veux dire y’a qu’à voir dans ma cité… 45 % de chômage au moins pour les jeunes… Et encore, j’ suis sûr qu’ dans les chiffres y comptent pas le travail précaire imposé ou pas, les gens qu’ont qu’un mi-temps et tous ces trucs que la mondialisation néo-libérale et le dumping social nous font bouffer à longueur de temps… Au fait… J’ me présente, j’ m’ appelle Julien Barillet et j’ai trente-trois ans… Ben ouais, l’âge du Christ… Et je suis poète… Enfin… Un poète pas publié… Mais bon, ça ne veut pas dire qu’ j’ai pas d’ réserve dans mes tiroirs de merde… Ouais, Barillet comme le truc du revolver qu’ j’ai dans les mains là… C’est marrant hein ?… Ouais, c’est aussi un peu gros je sais… L’argument, la ficelle… Vous voyez j’ai déjà les vrais trucs d’un écrivain-vain né… Mais marrez-vous… Vous verrez bien… De toute façon, c’est ce que vous faites toujours… Et c’la depuis l’ début : vous marrer… Vous marrez des merdes des autres en zieutant Pernaud à treize heures le Pernod à la place du coeur… Seulement on verra… C’est que l’ début !… Et vous savez c’ que j’ suis en train d’ faire là… Eh bien j’enregistre c’ qu’on peut appeler un genre d’ confession ultime comme on dit… D’ultimes paroles… Le truc qu’on fait genre quand on n’en a vrai-ment ras l’ cul… Ben ouais, et j’en ai vraiment marre même de toute cette merde accumulée et incorporée depuis des lustres… Alors c’est pour ça qu’ j’enregistre ce truc… Pour que tout l’ monde sache que je me suis bien fait niquer l’ cul par la littérature et VOTRE putain de société… Bon j’ me fais pas tellement d’illusions non plus… J’ sais déjà que quand ça fera mu-ru-roa dans ma tête à moi… Les flics y vont p’ t’ être venir confisquer les bandes… Mais c’est pour ça que quand j’aurai tout raconté… De A à Z… Comme on dit hein… Avant d’ me faire sauter l’ caisson j’ veux dire… J’ aurais poster les cd-R de mp3’s à tous les grands journaux français… Genre Marianne, Le Nouvel Obs, Libération, Le Monde, Médiapart, Le Monde Diplo, etc… Comme ça au moins vous saurez pourquoi j’ me suis fait mu-ru-ro-a dans ma tête à moi… Parce qu’ y’a des raisons, c’est sûr… Des putains d’ bonnes raisons même… Et c’est pour ça qu’ aussi j’ dirai tout… Ouais tout… Tout sur cette vie d’ merde qui m’a foutu en l’air… Tout sur ces connards qui m’ont mis des bâtons dans les roues… Tout sur cette ville pourrie qui n’a jamais voulu qu’ j’existe… C’est même comme le dessin de Sempé… Vous savez celui où y’a un type sur une grande colline face au vent tonitruant qui dit : « J’ai toujours pardonné à ceux qui m’ont offensé. Mais j’ai la liste »… Pour moi, c’est idem, j’ai cette putain d’ liste… Mais d’abord… Faut qu’ j’ vous raconte… Tout… Bien sûr… Et… Y’ en aura pour tout l’ monde… Comme dirait l’autre… Poussez pas… Et accrochez vos putains d’ ceintures d’ sécurité d’ la bonne conscience néo-libérale, bourgeoise, Bobo et petite-bourgeoise française… Car ce qui risque de vous péter à la gueule dans deux jours, ça peut p’ t-être aussi venir d’ moi… Et basta…

– clack –

 

Julien reposa le micro sur le magnétophone. Il se demanda si le magnéto avait bien tout enregistré correctement, si le micro n’avait pas trop altéré son discours. Il passa les trente premières secondes de la bande. Tout semblait aller.

 

Il alluma son ordinateur et chercha sur le net le tout dernier sondage de la semaine. Le tout dernier sondage avant le délai fatidique des 48 heures, pensa t-il. Il trouva ça sur Le Post. Un sondage d’Opinion Way. Marine Le Pen était créditée de 24%, François Hollande de 21 et Nicolas Sarkozy de 17 pour cent. Il rechercha dans sa discothèque le Wall of Sacrifice de Death In June. Car c’est sûr ce soir les toutes premières minutes du morceau-titre de l’album de DIJ étaient certainement ce qu’il ressentait de plus pur et de plus fort devant cette face colossale et abrupte. Cette montagne magique. La montagne de ses colères et des afflictions.

 

Il prit Maya ronronnante dans ses bras. Comme d’habitude elle resta une minute sans mot dire avant de miaulicher et de pousser de ses petites pattes arrières pour se dégager de l’étreinte.

 

Il ouvrit ensuite un document word. Le titre : The Cut-Up Conspiracy. Qu’il renomma aussitôt « Tête de pont » (quoiqu’il pensât tout de même que son premier titre était le bon). Il ouvrit son carnet, prit son stylo V-Pen noir, piocha dans l’énorme pile de livres qu’il avait posée au pied de sa bibliothèque, prit Nord d’été naître opaque, Poème A (effraction-laque), Dégradation générale, Trajectoire-récitatif, Terminal, Le mouvement de la mort, C’est aujourd’hui toujours (1947-1998), Le corps clairvoyant (1963-1982), Langst, La préparation des titres, Efface Eveille, Squelette-braise, Still Nox, Heroes Are Heroes et Ether-mouth/Slit/Hypodermique, les rangea tous à la verticale sur le bureau pour qu’il puisse voir facilement chaque dos et en prit un presque au hasard, qu’il commença donc à feuilleter viscéralement, le carnet bien ouvert, à la recherche d’une phrase, d’un vers, d’une proposition de propositions, de mots, dans une quasi-overdose cut-upante.

 

 

*

 

#1._La conspiration Cut-Up_# ICI, LA MORT, LA VILLE [alerte rouge vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur la ville] — Tout devant moi décède — Une certaine paranoïa pointe — Tout devant moi décède et plus rien ne s’oppose à la nuit — Une certaine paranoïa pointe (et la folie travaille) — Une certaine paranoïa pointe qui ne débouchera sur rien sinon la nuit — LA NUIT ANKYLOSANTE — Et la vie que j’accepte ici est le plus terrible des arguments contre moi-même — Et si le bonheur affectif permet de prendre patience c’est négativement à la manière d’un soporifique — A travers l’instant devant le mur / mur intact quelque chose de seul quelque chose de noir quelque chose d’avec la peur — Quelque chose comme la nuit à la forme d’une gorge bon marché — Celui qui vit ici et maintenant appartient à la dispersion — Et le corps comme silence fait bloc — Dans la nuit qui à toujours eu des manières de mauvais rêves terminaux Je passe perds et (me) manque — Je ne m’écarte pas de ce principe d’orfraie — Devant le mur — On attend — Je ne m’écarte pas de ce principe d’orfraie — Devant le mur on attend on attend que quelque chose bouge il faudrait que quelque chose vienne on attend de plus en plus pauvre de plus en plus résigné devant le mur — « La victoire nerveuse de celui qui traverse d’un seul jet tous les torts et en règle l’efficacité comme on tire à l’arc les yeux fermés sans vouloir viser le point fatal de la cible » — Tout dans ce monde commence et ne finit pas — Et les jours repassent un film projeté sur la trame de mon esprit malade — Ici, la mort — effraction-laque dans les yeux mouillés du monde hypodermique — Une certaine paranoïa pointe (la folie travaille et le réel dijoncte) — Sur les pages d’un vertige qui commande l’assassinat de ces gorges — Je suis l’obession de cette nuit ankylosante — LA CORDE QUE JE TRESSE DE MES VOMISSEMENTS — Où je sombre la ville ne sera plus — Terreur noxienne amphétaminique promulguée par des jours voués à la mort — Et dans la nuit qui à toujours eu des manières de mauvais rêves terminaux la bourgeoisie pèse de tout son poids d’abîme sur l’ordure de tout son poids d’ordure sur cette ville — « Il faut rompre à tout prix le cercle restreint des sons purs et conquérir la variété infinie des sons bruits » — Ici, la mort — Une certaine paranoïa pointe — Une mixture prenant chair dans la douleur la paranoïa et la dépression — Comment rester encore humain dans un monde régi par l’électronique les ordinateurs et les instituts de sondage et de marketing ? — Je suis une communauté monstrueuse je suis à la poursuite de la pure dépense je suis un potlach supérieur je suis une révolte que la société n’aura de cesse de réprimer — Ce soir le réel pèse de tout son poids d’ordure sur l’abîme — Je suis convaincu que le bruit travaille pour la réunification d’une réalité ici en lambeaux — Je suis convaincu que le bruit tresse une corde de mes vomissements — je suis convaincu que la nuit travaille à la menace d’une attaque imminente — Je suis convaincu que la ville fait tout pour essayer d’avoir ma peau— Alerte rouge vingt-quatre heure sur vingt-quatre — Il faudrait une opération magique pour sauver ce monde [la ville] hypodermique — Car le salut pour moi n’est nulle part — C’est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires — C’est cette solitude et cette vie sans amour qui sont pour l’instant mes deux seules uniques solutions non-imaginaires — Je ne sais pas combien de temps dans cette solitude et cette ville qui veut ma peau je vais pouvoir tenir sans mettre un cutter sur ma gorge — Cette ville veut ma peau et elle l’aura peut-être [a moins que… / une solution imaginaire / une subtile dislocation des normes / l’image quand elle craque / combien de temps devrons-nous tolérer une souffrance ou des meurtres de masse ?] — L’existence est ailleurs — Et la ville sera sans ‘L’ sans vie — i.e. UNE DESTRUCTION PURE — UN OCEAN DE SUICIDE — UNE CHUTE SANS FIN — UNE HISTOIRE SECRETE DU DECLIN — CEUX DU DEHORS — LA NUIT EST AU COURANT ELECTRIQUE CE QUE LA DROGUE EST AUX ORPHELINS —

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