Olivier Cadiot, Un nid pour quoi faire, P.O.L, 343 p., 19 € ISBN 978-2-84682-171-1
A B Cadiot
Annonce. La quatrième de couverture nous donne le fil directeur de cette polyphonie comique : « Cour royale en exil à la montagne cherche conseiller image, chambre tt cft dans chalet atypique, artistes s’abstenir, envoyer prétentions ». Tout est dans cette petite annonce. Le ton : ironie et fantaisie. La forme aussi : l’intégration dans ce récit multipistes de micro-matériaux hétérogènes.
« Formalisme réaliste ». Alors que Christian Prigent parle de « réalisme négatif », dans la mesure où l’oeuvre engage « comiquement (…) l’insensé de la monstruosité présente dans le dés-assemblage des formes disparates de l’écrit » (Une erreur de la nature, P.O.L, 1996, p.168), Anna Boschetti adapte à cette même oeuvre la formule de Bourdieu dans Les Règles de l’art (1992) : il s’agit d’un « exemple réussi de « formalisme réaliste », car par son travail sur la forme elle parvient à exprimer un point de vue sur le monde qui interroge nos habitudes de pensée et notre représentation du réel » (« Le « Formalisme réaliste » d’Olivier Cadiot », dans Eveline Pinto dir., L’Écrivain, le Savant et le Philosophe, Publications de la Sorbonne, 2003, p. 238).
Dans cette perspective, à l’interrogation de Futur, ancien, fugitif (P.O.L, 1993) : « Comment représenter le lever du jour et sa fraîcheur le bleu pur imprimé avec le chant strident des oiseaux en vol le vert profond des haies circulant haut en spirale ff-fff ? », fait sans doute écho cette vision de Pauline : « (…) il y a des descriptions, ça vient se coller entre les phrases et les sons, comme un ciel bleu suit impeccablement les contours d’un immeuble » (338).
Mais surtout, affublé d’un conseiller en « réalité augmentée » (Goethe !), égaré dans le palais des glaces que constitue une société du Tout-communication dont se montre digne la « bande de zigotos » qui l’entoure, le roi cherche d’autant plus « un conseiller en réel » que, pour être un terme à la mode, le « Réel » n’a jamais été aussi inaccessible : « le Réel, on dit ça, c’est le terme, quand on dit ça on a tout dit, à tout bout de champ, c’est-à-dire, une sensation de réel, la joie du C’est maintenant, c’est une légende, je suis en train de l’embrasser » (232).
Ainsi Un nid pour quoi faire est-il un roman critique, au sens où l’entend Sartre dans ce passage de Situations, IX : « L’homme vit entouré de ses images. La littérature lui donne l’image critique de lui-même » (Gallimard, 1972, p.31).
Goethe. Conforme à son illustre prédécesseur, Goethe – de son vrai nom, Goth – est à la fois réactionnaire et progressiste. Mais c’est surtout le personnage qui nous renvoie l’image la plus critique de l’ultralibéral : voulant « appliquer Darwin à nos sensations » (34), il est en quête de recrues « encyclopédiques, mais marketing » et d' »autodidactes arrivistes » (190)…
Moderne. Aujourd’hui, plus que jamais, il-faut-être- moderne ! Tel est le leitmotiv dont se fait l’écho ce roman critique. Mais en quoi notre société est-elle « moderne » ? Elle l’est par son obsession de la mondialisation, de la compétitivité, de l’hypersurveillance sécuritaire, de la « traçabilité impeccable »…de la psychomédicalisation : « Ah, j’ai une sensation de culpabilité avec un retour sur investissement sur la mère déviée par la projection du roman familial, implique mal au coeur + idées noires, c’est la molécule 567B12, ah c’est ça ? » (211)…Par son anti-intellectualisme, son goût du bouddhisme, du sensationalisme, ou encore du métissage – un métissage que le surnommé « Raspoutine » pousse jusqu’à l’absurde en proposant « une nouvelle race post-mélange, pure par croisements », le rêve fou d’un « travailleur transgénique », et en développant métaphoriquement son délire : « il faut passer les représentations sociales au robot, vroum, faut remélanger nos idées à celle du prolétariat, planter nos idées dans le champ du voisin, mélanger nos habitus, le sang bleu et l’OS, et voir ce que devient la nouvelle plante sociale » (17-18).
Notre monde est encore « moderne » du fait qu’il impose une ontologie somatique oscillant entre obésité et anorexie, annexe la poésie à la sphère communicationnelle (d’où l’apparition, dans ce microcosme fantomatique de la Cour, d' »un conseiller en poésie » appelé Bossuet !), et met la prose au pinacle parce que « ça nous remet dans le monde » (188)…
Bonjour,je me permets donc cet appel àrtistes S.V.P.
« Lavage Salissage Multiplexage » à la MACH-Inante – Montreuil
« Lavage Salissage Multiplexage » est un moment de résidence regroupant des artistes en collectif selon des thématiques établies et choisies ensemble, touchant au lavage salissage.
Aujourd’hui, il faut laver partout, par tous les moyens ; décortiquer, extraire, ex- tracter du silence la souffrance…
Le désir de travailler en collectif est une action éminemment politique.
il faut un lavage du corps collectif, intime, social. Une grande lessive du prêt à penser, du prêt à baiser, du prêt à consommer, du pré carré de la pensée à angle droit et des actions à angles morts. Laver à rebrousse poil, à contre sens, à l’envers, renverser les idées, se penser à l’endroit, à l’endroit où il faut agir aujourd’hui.
Tout média artistique est envisageable pourvu qu’il respecte le collectif.
Les cœurs purs défendant la synthèse des médiums, et La MACH-Inante s’inscrivant dans la diffusion d’œuvres de l’ordre de la performance, de la musique improvisée, de l’installation, de la poésie sonore, une attention particulière sera donnée aux artistes pluridisciplinaires ou cherchant la rencontre entre les arts ; théâtre, musique, arts plastiques, cinéma, écriture, danse, art culinaire…
Nous souhaitons aussi nous ouvrir à d’autres activistes de la pensée : psychologues, sociologues, cuisiniers, sage-femme, historiens, médecins, politiciens, jardiniers…
Ce temps Lavage Salissage permet à des artistes d’expérimenter le collectif ; de mettre en commun des savoir faire, d’imaginer des œuvres communes, de continuer une réflexion sur leurs propres œuvres et leurs propres processus de création en se confrontant et confortant au collectif.
Les résidences se dérouleront en 2 sessions : du 7 au 20 mai 2007 et du 21 mai au 2 juin 2007. Elles sont préparées durant tout le mois d’avril 2007.
Les deux sessions seront articulées successivement par Blandine Scelles et Didier Calleja.
Chaque session de résidences fera l’objet de 2 ouvertures publiques : une journée au milieu de la période puis 3 jours complets en fin de travail.
Nombre d’artistes maximum par session : 10
Date limite de candidature : 13 Mars 2007
Rencontres du 19 au 30 mars, à La MACH-Inante
Les conditions financières seront précisées à cette occasion.
Merci de regarder le site internet http://coeurs.purs.free.fr/ et de nous envoyer une présentation de votre travail et vos intentions ou projets pour cette résidence, ainsi que des visuels à coeurspurs@club-internet.fr
Lavage Salissage Multiplexage 2006 : http://coeurs.purs.free.fr/lavage.htm
Good Article
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