Ce texte caustique fait écho à "Sans Identité Fixe", qui constituait la 17e livraison du Dossier.
« Vivre est devenu un exercice bureaucratique. La liberté personnelle a toute l’étendue d’un passage piéton : traversez, attendez » (Romain Gary, L’affaire homme, chapitre intitulé « La société du harcèlement », p. 197).
L’identitrash, l’identition (pour ceux qui en perdent leurs dents à entendre les discours identichiaires), l’identifion (pour ceux qui en ont plein l’cul), l’identichiable (qui peut être identichié, évidemment), l’identificrachoir, l’identrique (pour ceux que l’identichié fait bander), l’identurticaire. /STOP/ Finalement, on fait peu de choses avec l’identité, l’idem, le même. i, id, ide, idem. Le bègue identitaire. Qui, qui, qui, suis-je ? Le même, chaque jour un peu plus.
L’autre jour j’ai paniqué. Perdu ma carte d’identichié. Merde, dans les chiottes, ouf c’est fou non ? Entre deux feuilles de pet-cul, enfin du triple épaisseur tout de même. Tout mon pedigree réduit à une carte en plas-toc entre deux feuilles de pet-cul. Personnellement tout à fait favorable à un carnet anthropométrique pour tous. Tiens la trique revient au galop, avec le discours identichiaire. La bite, le bâton. Un coup dans l’cul, un coup dans la gueule, vive la fRANCE ! Donc, empreintes digitales, photo de profil, forme du nez, etc. Un livret de circulachions, dit-on chez les gens mieux. Au moins, un livre(t) j’irai le ranger dans les rayons de ma bibliothèque, et je ne lis pas aux chiottes.
Je reviens à ma C.N.I., Couille Non Ingénue, que j’ai retrouvée dans les gogues. Ouf, donc, disais-je. Car je devais sortir de chez moi, mon cocon identitaire où tout me ressemble jusqu’aux chiottes. Où tout y est moi, moi, moi. Chez moi, c’est moi. Et prendre le métro. Mais dans le métro, les agents verts veillent, main dans la main avec les agents bleus, des mouches. Et parfois, faciès d’anarchiste, contrôle d’identichié. Eh oui ! Fouille au corps, appel au poste, merchi monchieur, ouf je suis encore passé au travers des mailles du filet ! L’identichié, c’est tout de même important. C’est ce qui fait un Homme, bordel ! Le problème avec l’identichié, c’est qu’il ne faut pas en changer. Homme à femme(s) ou l’inverse, catholique bon teint à nègre athé anti-juif, cheveux ras cheveux longs, grand à petit sexe. Tout est à vérifier pour contrôler l’identichié. De par le monde, certains petits malins changent d’identichié, brûlent leur papier d’identichié, s’effacent les empreintes digitales. Les cons ! s’ils se font pinchier, ils dégagent, ou ils disparaissent. Et moi, j’ai pas envie de disparaître.