Friedericke Mayröcker, Asile de Saints, éditions Atelier de l’agneau, 91 p., ISBN 13 : 978-2-930188-34-8, 15 €.
titre original : Heiligenanstalt, Suhrkamp Verlag, Frankfurt am Main, 1978, traduction Bernard Collignon.
4ème de couverture :
Chopin ses adorations haletantes, ses angoisses, la douloureuse clairvoyance de Schumann, la lucidité effarée de sa femme Clara – la roublardise de Brahms; les empêtrements douloureux, l’immense humilité du grand Bruckner, Schubert et sa pathétique légèreté, voilà ce que propose Friederike Mayröcker dans ce condensé palpitant, où les abrègements effarés de l’expression ménagent de tels espaces intérieurs, de si belles fulgurances émotionnelles, des fusions compassionnelles d’une si profonde justesse, que tous les mélomanes et autres obstinés romantiques y décèleront sans peine l’accès le plus direct aux intimités de leurs héros, révélés et saisis dans leurs éblouissements les plus sensuels, et leur quotidienneté la plus touchante.
Friederike Mayröcker, née en 1924, vit à Vienne. Les lecteurs tant en allemand qu’en français, du fait de l’intimité de l’oeuvre ont tissé un lien souvent passionné pour cette écriture dont Jean-René Lassalle avec l’atelier de l’agneau ont fait découvrir le premier livre en France : Métaux voisins.
Premières impressions :
Tout s’agence dans ce livre par touches épistolaires, par bribes, comme fragments de mélodies, jouées à plusieurs mains, de Chopin à Wojciehowski, de Brahms à Clara, de Schumann à Clara ou Brahms, fragments aussi de notes écrites de Schubert se donnant comme des climats… Écritures de fragments, faites d’inventions, de citations, de collages, de montages, comme si des croisements entres ces compositeurs, devait se composer une seule partition. Le travail de F. Mayröcker se situe dans une certaine forme de fragilité des mots, sans toutefois se départir de la violence du sens. Plus qu’un livre mettant en scène des écrivains, ce travail est celui d’une friction avec l’univers personnel donnant lieu à la musique, et ceci non pas selon une approche exégétique, mais selon le double sens d’Hermès, tout à la fois dans une herméneutique et une hermétique, faisant que toute phrases écrite, soit simultanément ouverture de sens et renfermement du sens. Alors que se joue-t-il dans dans ce texte, dans cet entrelacs ? « Superpositions de plusieurs vagues, plis sur plis », où ce sont des corps vivants, animés de passions et de doutes, de souffrances qui donnent naissance à la musique./PB/