En ce dernier dimanche de janvier, après les Libr-événements de la semaine (lancement du numéro III de la revue Grumeaux à Ent’revues et Joël Hubaut à l’Atelier des Vertus à Paris), en UNE le tout dernier livre de Jean-Jacques Viton, Zama (P.O.L).
Libr-événements de la semaine
► Mercredi 30 novembre à 18H30, Ent’revues (174, rue de Rivoli 75001 Paris ; fond cour 8512, 2e étage ; réservations : 01 53 34 23 23) : BIM ! 3 x 20 mn de lecture à l’occasion de la parution de Grumeaux III : "Violence", avec Joël Baqué, Philippe Artières et Christian Prigent / Wanda Benes.
► Slowez-moi : jusqu’au 10 février 2013, Joël HUBAUT à l’Atelier des Vertus (6, rue des Vertus 75003 Paris).
Livre à la UNE
Jean-Jacques Viton, Zama, P.O.L, décembre 2012, 144 pages, 12 €, ISBN : 978-2-8180-1695-4.
Présentation éditoriale. Zama, le titre de ce livre est une expression de langue arabe qui peut se traduire par « tu parles ! » et « allez ça va ! ». Il dénonce joyeusement une exagération dans le discours de l’autre. Zama est aussi le nom d’un petit personnage qui traverse le livre (une sorte de lointain écho au Plume de Michaux) dans un décor aux allures cinématographiques.
De dizain en dizain défilent des acteurs qui se battent, fuient, s’entre-tuent… On y rencontre des chevaux noirs, des anges, des mouettes, des chiens, des souvenirs d’enfance déterminants (la femme nue, la tête de mort nazie, le tangage d’un navire), tout un univers de détails et de catastrophes récentes.
Long poème narratif avec petit témoin charrié, le livre peut se lire comme un récit ou selon un procédé d’arrêt sur image.
Premières impressions. Dédiée à Liliane Giraudon – avec un clin d’œil à Josée Lapeyrère -, Zama est une oniro-épopée qui, écrite sous la forme de dizains en vers libres, comprend trois parties : "Zama ne va pas souvent à la campagne", "Zama dit que son existence lui échappe", "Zama revient". Son principe de composition est dévoilé à la page 102 : "d’un assemblage de désordres / avec ombres récits brefs illustrations / il s’agit d’un poème aux engrenages déboîtés / aux pièces luxées au corps fragmenté / Zama est un poème disloqué vif".
Celui qui voyage "dans sa tête / comme dans une chambre" (77) "n’évolue pas", mais veut que "tout change" : "Zama n’évolue pas il bouge dans le quelque part / c’était la ville où il marchait pour aller n’importe où / quelque part où le léger demain attend" (134)… Lié au va-et-vient, Zama vise l’ailleurs – un ailleurs par-delà l’horizon, qui "forme une avant-scène de projections" (127).
A la fois ville et personnage, Zama est le prisme au travers duquel défile un monde de fantômes errants, "travailleurs pressés" ou licenciés, réfugiés climatiques, délocalisés, exilés, sans-papiers… Bon nombre de vignettes présentent l’inventaire, parfois historique, souvent fantasmagorique, d’un monde catastrophique. Le poétique réside ici dans le "désordre d’apparitions" (72) que nous offre "le castelet de la nuit" (83). /FT/