Après "Quelque chose est grand et petit", à coups de télescopages, Daniel Pozner revisite cet emblème de la modernité qu’est la ville.
Les lèvres dans le vide remue ville
’vec taches aux restes vêtements
Et flots qui rentrent
À la maison
Et qui instant repos
Travaille trop tu ville t’uses
Sur le banc sans aller
Nulle part
N’as pas
Dans l’eau
Dans l’herbe
Sur l’asphalte
Dans les gravats
Dans le bruit des moteurs les heurts les propos
Tu attends tu marches trop vite
Mâchoires dans le vide remue ville
Tu as de longs cheveux
Tu as la peau percée tatouée
Tu as des jambes comme ça
Tu as perdu patience
Tu fais du jogging tous les matins
Tu fais des bonds de gris écureuils
The whole fucking place !
À la main le mégot et le sac de papier
Tes chaussures te font mal aux pieds
Une veste sur le bras le soir frais
Dans tous les sens
Par-ci par-là
Tu parles insultes marmonnes
Bois gorgée gourde de plastique
Autour l’eau là
Juste l’eau froide
Tu ramasses des miettes de pain
Comme un moineau (bis)
Laisses-tu aussi tes voitures crever de faim
Ou folles ?
Et tant et tant si peu pourquoi ?
Et qui
Pendu au pont jeté à l’eau ?
Pas un ours sur la Néva
Pas bergère tour Eiffel le troupeau de tes ponts ce matin
Pas l’Amour charriait des charognes
Pas le chant des fleuves les mains ouvrières
East River
Fer par le fer
Elles tremblent les autos
Elles usent leurs pneus
Elles peinent à la chaîne
Elles klaxonnent
Elles fument
Elles traversent la rue sans regarder
Elles se promènent à moitié nues
Elles crient
Elles s’entrechoquent
Elles ferment les yeux
Elles en ont assez
Ou folles oui
Là
Se précipitent
Oh
Et déjà la buée s’efface sur le rétroviseur
(Battery Park, New York)