[Texte] Romain le GéoGrave, Heures supplémentaires

[Texte] Romain le GéoGrave, Heures supplémentaires

mai 3, 2013
in Category: créations, UNE
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Nous sommes heureux de vous proposer la nouvelle série de Romain le GéoGrave, qui ressortit à la catégorie des écritures critiques du/au travail.

13 : 38 – enfin mon Dieu bordel de merde – je suis au bureau – bureau – brouillé brouillard bureau rien à voir – je m’emmerde – j’écris un mél – mélStröm – tout le monde y pense que – tout le monde y pense que – je suis en train d’travailler – car pour avoir l’air sérieux M’sieur M’dame – faut taper rapidement sur son clavier – claviériste – je tape – je compte- je tape avec tous mes doigts – mais de préférence – alors attention statistiques – si je dois taper très vite – si je dois taper très vite di je dois taper trè vite si je doi taper très vitre – voilà ce que ça donne – c’est pas brillant – et donc, index en un – un dex – le gauche d’ailleurs plutôt – majeur – le fuck de la droite – annulaire de l’alliance annulée – auriculaire du doigt dans l’cul – le pouce pour la barre space – la barre space m’a tuer – tchak dans l’bide ! bon attention v’là des gens sérieux qui vont m’empêcher d’écrire sérieusement – et me prendre le crâne dans un étau de conneries sérieuses – attention il faut se prendre un peu au sérieux – sinon on avance pas – vers où – plutôt ténébreuse cette histoire – je n’ai pas l’temps de relire tirelire – si le travail ne m’empêche pas trop de livrer des textes de brute – ce sera le plus régulièrement possible – gageure – être deux fois sérieux – enfin d’un côté faire semblant – de l’autre pas – vous aurez compris – bon ça y est – le bureau s’évide – reste mes tripes – de jus de mode de Caen –

et hop – 15:32 – toujours le même endroit chiotteux – presque solitude, on se sent jamais seul dans un burlingue – toujours au moins l’oeil du pécé de chiotte devant les miens d’yeux bigleux – envie d’écrire – forcément à force de lire des bons on se croit possible d’être bon – pas impossible petit – mais à la force de la branlette de ton poignet frêle – quand t’as pas de talent, faut de l’élan – maxime à chier du jour – pas plus à chier que le reste de la neigeuse putain de journée – comme le flocon du jour – humide – volatile – fourbe – une journée qui s’écrase sous la galoche – qui finit en bouillasse le long des trottoirs – qui s’écoule comme la bonne morve pissasse que tu craches dans l’évier – écrire donc – quelques lignes – du bourgeois merdeux – nécessairement bourgeois merdeux, t’as pas eu la trique de vivre dans un squat de te fixer sans garrot de sansabriter de baiser 15 putes à l’heure de sortir des wécé par le trou des chiottes – alors écrire comme un putain de bourge c’est ce que t’as de mieux à faire c’est ce que tu fais de mieux c’est toujours mieux que rien – de toutes façons te casse pas c’est l’époque du toujours mieux que rien – c’est l’époque tu j’pouvais pas faire mieux pas autrement pas faire tout court – ring ring – téléphone putain la direction qui sonne les cloches du dirigé – par ici ceci par ici cela – encore un qui se croit intelligent et important – toutes les directions du monde se prennent azimut 360° droit dans l’pentu des chiottes – que foutre – importance de faire semblant d’importer pour se mieux porter de jour en jour – bien portant bien pensant pareil au même – la même merde dans l’bide et dans l’cerveau – tiens du cheval à bouffer pour se bien porter – comme l’écriture encore un drame de la bourgeoisie – entre le bœuf et le cheval je crève pas la dalle – je crève d’obésité chevaline – sauciFion d’cheval – XXX – XXX – rien à r’dire sur la qualité de la marchandise – putain de cheval qui me bouffe la tête – le même qui a crucifié Friedrich – à cheval rossinante – et bouffe pas pendant 40 jours – ce sera ta traversée du désert – je reviens à mon mouton de cheval – déformation professionnelle – toujours l’obsession d’être cohérent et de répondre à la problématique – ma question du jour est d’écrire / d’exister même ? diantre quelle audace d’écrivain // COMME UN PUTAIN DE BOURGEOIS – je me foutrais bien la gueule sur une pique si je n’avais pas une putain de trouille de me décapiter – tous les matins j’y pense quand je me rase – merde la décapitation – c’est pas une belle mo-mort hein ? – merde l’autodécapitation – comment j’fais ? – c’est inutile et étonnant – mais comment pute vierge fais-je – je dois me débourgeoiser pour arrêter d’écrire ainsi et penser que ces insanités me classent dans la catégorie écriveur décalé ou je ne sais quelle merde de classificaCHions !!!!! Débourgeoiser débourgeoiser – faut-il aller me faire mettre par un sagouin de nègre à grande queue pour me débourgeoiser – foutre – c’est finalement pas simple ni marrant d’écrire comme un bourgeois – va t’faire bourgeoiser écrivain ! même mes lectures sont bourgeoises – ça c’est l’autre d’Al Dante qui dit – mais je dois me tromper – ma mémoire flotte – qui dit que la lecture est bourgeoise – enfin je résume – mais plus j’y pense plus je m’embourgeoise ! – comment en terminer avec la bourgeoisie qui me serre les couilles ? Me couper les couilles non – moins radical que la tête sur un pieu – mais tout de même faut s’imaginer se lever le matin – se dire tiens – mes couilles – hop et hop – voilà c’est fait je me sens bien mieux – j’essaie demain matin – quand même !!

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rédaction

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