[Texte - série] Romain le GéoGrave, Heures supplémentaires (3)

[Texte – série] Romain le GéoGrave, Heures supplémentaires (3)

juin 14, 2013
in Category: créations, UNE
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Rapport, rapport aux autorités et institutions – y compris littéraires -, rapport au sexe, rapport à l’écriture… Toujours aussi décapante cette troisième livraison… [Lire la deuxième]

17 : 12 – écrire rapport, le plus vite possible, passer au suivant rapport – à vos ordres – rapporte l’historique de cette merde d’hiver – que s’est-il donc pachié des flocons des cloches sous les flocons dans les cartons – et faut faire un rapo porc – insiste pas t’échine pas à actionner les neurones – faut du matos pour les politicos tous ces mecs qui agissent vite – rien dans l’citron tout dans l’acCHions – brasser l’air hivernal aux frais de la princesse – ici l’air est climatisé tu parles, on n’est pas des chiens non plus – de la luminosité pour son pépère et pour écrire des beaux petits rapports – se pourrir les yeux à l’écran plutôt qu’imprimer des rames des rames vas-y rame – dans vingt ans des fions de bouteille comme lunettes – esquintés ses pauvres yeux à lire de la merdachiotte – fuck ! le boss ! le brosser dans le sens du poil …

 

17 : 36 – contrainte contrainte – écrire plus vite que son ombre – entre deux moment de faire-semblant de mais qui marche pas mal – la contrainte de penser vite d’écrire vite d’écrire plus vite qu’on ne pense ça c’est toujours très bon pour le moral du beauf-boss – bôf, de toutes façons en 2013 plus tu ponds vite tes méméls et tes rapports plus les porcs du d’ssus sont contents heureux et tout et tout – la bandaison les démange – réactivité chier plus vite que penchier – le mémél m’a tuer, lui aussi – demain matin attente perception des courriers de la nuit des pseudo-travailleurs – j’ai trop de messages à lire ! pauvre petite adjointe – je dois encore répondre à cinq méls et je reviens vers toi – cass’toi ! ne reviens pas ! pars et retourne-toi pour voir ma gueule te sourire au nez – combien de messages intéressants dans une journée, voilà une question fondamentale pour les chercheurs de conneries en tous genres – message d’absence de truc à bazar – je n’en mets plus jamais – pas besoin de savoir que je m’absente, me congette, me vacancise bordel ! téléphone répondeur idem – pas de message de toutes façons un autre blaireau me succédera et pourra déposer son nom débile pour débiles mentaux du portable – personne ne me laisse de messages c’est toujours ça de gagné des cons en moins en ces temps de crise du con c’est du bonheur en paquet de 10 kilos de lessive putain ! – … pause clopinette – j’en reviens à la géotragédie qui se joue chaque jour sous mes yeux dans ce putain d’open space qui me baise insidieusement enculade globale, la troisième révolution spatiale – cette pause m’a lancé vers la sortie, je me casse

 

7 : 12 – chaîne météo, Facebook, Yahoo mail, Google reader, l’Equipe TV – voilà une matinée qui s’annonce bien

 

12 : 15 – manger pendant une réunion à la con

 

15 : 12 – nouvelle réunion impromptue, l’équipe cette fois – c’est pas la trique

 

… – le temps digital s’illumine, l’heure c’est l’heure, des réflexions idiotes au bureau sur le rapport – la rat-porc même le transformer ne le rend pas drôle – pourquoi drôle ?- même en verlan ça pue la merdachiotte pondue dans la langue de l’ennemi – n’a pas de sens, sonne pas, sauf à penchier comme dans la bullosphère des administrateurs – mort du rapport, dans les cendres – une urne sur mon bureau pour zyeuter ma future mort – immobiles cendres, Dieu du rapport cramé, vous en êtes au moins conscients bande d’enfoirés ? – attablés dans notre open chiotte à se regarder les sphincters

 

… – je vais tout de même pas écrire des haïkus foireux ! vent, cheveu, le fil du silence, autour de tes yeux ! ÂRGHHH !

 

16 : 02 – écrire, écrire, expulser – Lucrèce, non, un autre, en Lu ou en crèce, faut impérativement expulser le liquide scriptural – se branler la moëlle, sortir le jus quel que soit le trou – quel que soit le jus d’ailleurs – ça va lui faire la pine à l’écriture – baiser les lettres, baiser l’écriture, baiser la bourgeoise – arriver, toc, par devant par derrière – et l’écriture ! que foutre !! si ça reste dedans ça moisit, mais faut laisser mûrir un peu tout de même – des phrases qui s’arrangent entre elles – quelques ho(mots)sexuels qui se tirlipotent c’est d’époque – folle ambiance dans la boîte à partouze des Belles Lettres –

 

9 : 58 – rattrapé par le rapport – majuscule, à vos ordres ! – le Rapport – The Rapport – il te flingue à petit feu – la nuit le jour – matin, réveil, juste penser à panser les plaies nocturnes – conflagration idéale – le Rapport te pète et te brûle la gueule – les mots de l’ennemi qui se bousculent – facilité d’énonciation – la même chose pour les mêmes sujets pour les mêmes gens – concertation, action, levier polit®ique oups sublimer le message, objectifs principaux, problématiser, construire l’objet – nausée, nausée, nausée, t’es noyé dans la gerbe – l’ennemi se transforme en Ennemi, mettre des majuscules pour le moindre secrétaire des tas, Secrétaires des Tas, gros fion – je majuscule pour Dieu, à la rigueur, si l’ennemi le demande – pour les autres, fi ! – une science d’écrire ainsi – technolangue – l’Ennemi se trouve jusque dans la boîte de corn-flakes – foutue caboche, t’es le roi des cons – tu crois penser pour, contre, mais c’est de la penchiée bien comme on veut – du bourgeois dyslexique – rapporteur au grand grand maximum, même pas écriveur – faut pas tout mélanger attention – l’écriture la soi-disant vraie intelligente et tout le tremblement – et l’autre – mais ce ne sont que des mots – non pas, justement – mais merde, la belle que j’avais statufiée, elle m’échappe, me cause des problèmes, s’enfuit sans détours dans les Rapports – c’est la même fils ! – et pourtant, pas les mêmes yeux pas les mêmes plumes – et la fausse, cette pute, avec les mots des autres, pourtant tellement adaptée à dire n’importe quoi, qui est le propre de ces vingt dernières années, partout, tout le temps – adoptée, est-ce que je l’aime ou pas ? –

 

… – fini le triptyque bite/couilles/cul grostesque, faut de l’écriture de la belle – écrire bien écrire beau – écrire des Rapports aussi, faux-semblants du travail chiatique – chiant à m’en donner la tri-trique certains jours – Ô rapport ! Dieu de la couillonnade avérée, toi qui n’a de cesse de répéter les mêmes stupidités, aide-moi donc à sortir de beaux mots – me faire aider par un Rapport, quelle honte – j’invoque les relecteurs de Rapport, yeux frais et avides de correcteurs d’orthocrade, fausses erreurs, ne comprennent pas la langue, les putes – eh tronche, écris-donc les choses ! – telles que, mais ne pas tomber, ne pas tomber dans du mauvais Buk’, cette foutue sale rengaine amerloque –

 

… – heure de se lever, tirer un clope, se gratter l’entrejambe, la pause quoi –

 

… – écriture européo-franchouillarde, langue d’eunuque masqué – diantre, queue ! – quitte à se tirer un peu sur l’histoire, ne pas faire dans le big baiser – entre big baise et big bisou les empaffés sont sur le qui-vive – va falloir lui débloquer la fosse à coco à cette langue de pute – décapiter les mots, une Mission divine – fou, toutes ces lettres bourgeoises sur le bûcher, têtes coupées, mourir asphyxié – et lire, lire, mais peu de mots donnent envie de bander en ce moment – reluquer chez Gallichiasse et Flemmard-fion, c’est tristounet de la zézette – même Rimbaud z’auraient été incapables de le pécho ! –

 

… – Rapport – contenu fixe, figé, sordide – frigidité de bon aloi – des mots comme des glaçons – dans le pastis, pas dans le caleçon malheureusement – une farce

 

… – idée : une fois pour toutes écrire la Sainte Bible des Rapports – plus d’emmerdes à l’avenir, toujours revenir à la Source

 

17 : 19 – fin de chiée de journée – tic-tac, fin de semaine, vite il faut loisirer – je loisire, tu loisires, il loisire – loisirons ! –direction une salle de trime – se moving le corps c’est bon pour la santé – move in dans un fushia tutu – oreillettes branchées sur I-pute – aucune classe, dégaine avachie – gros, grasse, cochon – corps strangulés, beurk – grasses informes et fildeferesques – contraints encore et toujours par 45 putains de minutes nécessaires au conditionnement physique – s’épanouir le muscle à 15 euros de l’heure et j’en passe – baise mécanique avec tapis de course, pull ups, pompabdos – se dérider le fion vite pour très cher – 4 à 7 avec ton physique devant glace – le bovin se fait suinter l’anus avant le restau du vendredi soir et la pizza du lendemain – parodie de jambes albâtres et muscles gringalets – lumière névrotique – tic-tac la trique du mâle qui mate la gazelle échevelée, elle se fait transpercer la chatte par le vélo elliptRique – casquécoutants la musique chiotteuse – puis la douche mate discrètement la plus grosse bite du voisin velu ou bogoss blondin – vite, va te rhabiller, ranger tes trois cheveux râpés et t’envelopper de ton costume-cercueil 

 

fin, fin du fin, plus d’heure – j’ai atteint le deuil de pauvreté –

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rédaction

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