Pour entrer en résonance avec la huitième photo grattée de Thomas Déjeammes, la fascinante ritournelle de Frédérique Soumagne… [Lire/voir Dreamdrum 7]
Je voudrais pas, je voudrais pas partir comme ça, avant tout je
voudrais rester ensemble, je voudrais beaucoup.
Pas je voudrais ainsi me séparer l’une de l’autre, et pas je voudrais voir ma peau tirée de moi et s’envoler, nous envolant loin, tirant vers le grand tourbillon concentrique et les cercles à la fin se rejoindre jamais, et ma peau transparente, et m’incliner, comme les deux petits corps qui s’en allaient.
C’est deux petites formes qui nagent dans l’air, et l’une issue de l’autre : l’une noire, l’autre transparente OH pas je voudrais pas oh pas oh PAS ou c’est une forme unique qui est là, une fois pleine une fois vide, et séparée je voudrais pas de partir très-haut, ainsi que tout se mette à m’appartenir – et je voudrais rester dedans. Et pas se perdre, comme ici que tout s’avale et mange tout l’espace, et ici que de grands grands grands cercles de sel se séparent, deux fois étirant le fil.
Deux : la positive, la négative.
Là où c’est, dans ce vague tout noir et couvert de blanc, rien ne se
dépose pas, rien ne se garde jamais nulle part. C’est des
fantômes pour traverser dans l’air. Je voudrais pas partir trop loin, et que ça se passe comme ça y laisser ma peau, et que je sois devenue toute nue, et perdre pied.
Quand milliards particules, éléments, grains, atomes absolus de lumière, ailes de mouches, sables, cire, poussière, filaments de même chose se frôlent voyageant et s’éloignent dans l’air – je voudrais pas trop partir là-bas, je voudrais pas de perdre, passer, flotter, bateaux, fondre, voler, et de quelle masse délester, s’envoler, sans poids, et se porter jusque dans la mer, ou la lumière – ça me laisserait pas solide –
Je vois pas qu’il faille continuer. Pattes de mouches. Marionnettes. Fil. Avant, j’avais des pieds pour marcher.
Ici petite île apparente. Pente. Si tu regardes. Arcs. Avant, où je marchais, c’était un sol calme, les choses ne se remettent jamais l’une dans l’autre je ne sais pas. La question. Je ne sais pas beaucoup. Que tout
revienne à moins que ne se fende venir avec moi partir – je voulais soutenir je voulais pas me séparer, l’autre je voulais la garder à l’intérieur, c’était plus beau comme ça je voulais pas la voir partir et
s’en aller ni rien du tout
se confondre je voulais pas parce que ça va casser
(et combien ça fait de beauté?)