Voici venu le temps où, vibrionnant/histrionnant sur ses vestiges, l’entreprise de spectacle labellisée "littéraire" entame sa grand-messe de Rentrée : que s’ouvrent les tabernacles et que soient idolâtrées les valeurs sûres ! que sonnent les grandes cloches pour les souverains poncifs ! que résonnent les espèces trébuchantes et les touchantes incantations !
Prêts pour votre Rentrée ? Assurément avec ce vade-mecum…
Le temps est au Top-ten… vivez avec votre temps !
1. Le qualificatif "inclassable" n’est que trop classable.
2. Le qualificatif "dérangeant" ne dérange plus.
3. Le qualificatif "déroutant" ne déroute pas plus que celui de "décapant" ne décape.
4. Le label "avant-garde", désormais, ne met ni en avant ni en garde.
5. Quant au verbe "réinventer"… sa première syllabe en dit déjà long ! (Comme chacun sait, chaque Rentrée littéraire réinvente le roman).
6. À la manière de Michaux, on pourrait dire qu’il n’y a pas de cas X, qu’il y a le cas cuistre, le cas de la littérature, le cas des romanciers, le cas de l’infiniment diverse médiocrité et le cas de ceux qui prennent X pour un cas – et qu’il serait surtout intéressant d’expliquer le cas des petits hommes qui aiment écrire.
7. Précision d’entomologiste : "Que l’on me cite un écrivain qui n’ait jamais été comparé à un entomologiste… J’ignore si l’inverse se vérifie aussi et s’il arrive que l’on compare tel entomologiste à tel écrivain" (Éric Chevillard, L’Œuvre posthume de Thomas Pilaster).
Pour terminer, faisons nôtres ces traits du facétieux écrivain.
8. "Il faut écrire avec ses tripes, disent ceux dont la flamme intérieure est un genre de ver plat, parasite du tube digestif, appelé aussi ténia" (ibid.).
9. "400 000, 500 000 lecteurs, cet écrivain n’éprouve-t-il aucune honte à transformer tant d’individus uniques, sensibles et complexes, en une foule stupide de consommateurs grégaires ?" (L’Autofictif père et fils).
10. "Ça se lit facilement est la formule consacrée pour désigner, par opposition au pur et dur objet littéraire, une merde molle" (ibid.).