La poésie comme art de vivre de l’émeute… C’est ce que vous propose aujourd’hui H. Marinella : à répandre comme une traînée de poudre…
le stade du développement économico-politique
le stade de la tête qui se dissout, du corps après qui se dissout dans les choses du développement économico-politique […] le corps qui va bosser, puis qui revient d’être allé bosser
[…] le corps dont le monde est la part tout entière qu’est dissoute
le silence de la mort de soi avec les déluges qui rentrent
[…] les bus et les métros qui rentrent
les richesses des choses, c’est ça que la création va pas être reconduite
le père noël du développement économico-politique […] dans la part tout entière du monde qu’est à nous, tous les corps ils déboulent en même temps avec toutes leurs têtes […] on y déboule tous en même temps que maintenant, on prend la parole du déboulement […] qui déboule de tous les coins de notre tête ou de nos mains, qui fait des bruits de cercueils qu’on ouvre de l’intérieur, de cohues de planches qui giclent de nos bouches. Les manifestations pour la défense des droits sociaux y aura un silence lié à leur disparition […] au lieu de quoi yara du vacarme d’émeutes […] le vacarme d’émeutes c’est ça qui constituera la substance du monde. Ne construisons aucun monde, faisons du dégât de monde, le monde sera le monde de son dégât […] tous les lieux du monde résonneront de son dégât, la musique de son dégât c’est ça qu’on entendra partout dans le monde. Y aura pas à attendre (l’apocaca ou le grand soir), y a tout qui s’ra là, y a tout qui s’ra sous tes yeux, tu s’ras sous tes yeux. Dans le monde où on aura supprimé l’appel à la négociation, parce qu’on l’aura remplacé par l’appel permanent au cri de l’émeute, t’auras rien à attendre qui n’est pas l’émeute en train d’avoir lieu, chaque heure ça sera l’heure de l’émeute, chacun il verra constamment midi à sa porte de l’émeute […] il se lèvera et il dira : tiens, c’est mon heure de l’émeute […] toujours t’appelleras tes potes pour leur dire que t’es en train de servir l’apéro de l’émeute, et tes potes ils voudront toujours bien venir de prendre l’apéro de l’émeute. L’émeute ça sera un art de vivre de l’émeute. Ça sera un art de vivre à la française de l’émeute
y a les poèmes qui passent à côté des endroits, et les poèmes qui passent en plein milieu des endroits
y a les poèmes où t’es en plein milieu des endroits, et tu les regardes passer en plein milieu eux aussi
[…] y a les poèmes qui se passent sous tes yeux, à l’intérieur et à l’extérieur de sous tes yeux
[…] qui charrient des plumes, du ciment, des élastiques, des bonnets en caoutchouc
des écailles retournées
ils charrient du ciment qu’on peut manger pour la tête
pour qu’après on lance sa tête pleine du ciment des poèmes
tout le corps des poèmes c’est dur comme du ciment (dur comme des têtes de taureau et baissé, dur comme des culottes) […] le monde de ciment de corne des poèmes, il est fait pour rentrer contre ta tête, il est fait pour que le monde de ta tête c’est exactement la même chose que le monde de corne des poèmes […] le monde à ras de terre des poèmes qui fonce dedans à fond la caisse. Les poèmes, ils foncent dans l’eau, ils foncent dans la gorge, et ils foncent dans le sable. On fait le feu avec les poèmes, le feu qu’est mis dans ta poche, le feu sous les nénuphars de ta poche […] et toi t’es planqué avec le feu sous les nénuphars, t’es là comme ça. Y a tout le monde qui sait pas que t’es là, alors il regarde l’eau et il sait pas qu’il regarde le feu de l’eau (car il est dans ta poche). Il regarde l’eau et il se dit je sais pas quoi […] il se dit peut-être que si il se penchait au-dessus de l’eau, il pourrait voir le feu de l’eau, ou le vent qui souffle sur le feu de l’eau, sur l’enclave du feu de l’eau. Il pourrait voir l’eau retournée, et le feu qu’il y a dedans, et lui aussi il serait dedans, il serait en train de foncer dedans […] avec sa bouche il est en train de foncer dedans […] avec sa vie, avec les tentacules sacrés de sa vie, avec les tuyaux de sa vie dans lesquels il est, dans lesquels il passe et il se repasse à travers, il ferait l’osmose entre foncer et foncer avec les tuyaux de sa vie, il se foncerait dans les bras de sa vie […] les bras de Danube de sa vie, les bras de Château-Thierry de sa vie, les bras de ponchos, de méduses, de cils et de survie de sa vie […] les vagues de bras […] la première vague de bras qu’a existé (au moment de l’avènement que l’existence existe). La vie complète, la vie qu’est pas amputée, la vie complète c’est quand tu rajoutes la mort avec, la vie où la mort elle est de son côté, et où ça s’embrasse […] où ça résiste à ne pas s’embrasser. La vie qu’est à l’aise quand y a tout qu’est emporté dans la résistance, quand la vie et la mort ça fait un, quand y a tout qui résiste à la dissolution de ce qui fait un. Tout ce qui fait un est entièrement embrassé sur lui-même, et l’ensemble des lui-mêmes ça n’a pour ainsi dire ni début ni fin. L’ensemble des lui-mêmes ça fait un […] le début ça fait un et la fin ça fait un aussi, car c’est entièrement embrassé ensemble […] c’est entièrement emporté dans l’action directe de faire un. Tout se joue une fois entièrement, tout n’a aucune possibilité de résurrection, tout sort de la scène et s’enfonce au fond du un […] pour ne faire plus qu’un avec le fond […] tout ce qui ne résiste pas à flotter à la surface, on va bien rigoler quand le moment viendra où ça va se mettre à s’enfoncer au fond de son un, quand ça va s’enfoncer comme un château de cartes. Ton sort de faire qu’un avec ton fond, c’est ton sort qu’est entre tes mains […] ton sort de vivre sur une planète où t’es au fond, où t’es un qu’est au fond […] où on peut te compter jusqu’à un, te compter à la lumière de ce qui est uniquement un, à la lumière qui fut venue toucher le fond. Nous sommes ce qui fut venu jusqu’à nous au fond. La vie que tu vis elle est d’accord avec les résistances possibles, c’est même ça qu’elle ne sait rien faire d’autre qu’être en accord
Okéké
dis poète t’as déjà retourné une voiture dans la fumée des lacrymos et des bombes au poivre