[News] News du dimanche]

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janvier 26, 2014
in Category: News, UNE
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Tandis que se poursuit le débat lancé par Sylvain Courtoux à partir du livre de Jérôme Bertin, au programme des NEWS de ce soir : le diptyque chevillardien (L’Autofictif en vie sous les décombres et Le Désordre AZERTY) ; nos Libr-événements (conférences de Philippe Boisnard, enjeux littéraires contemporains organisés par la MEL, festival Tandem de Nevers, rencontre avec Esther Tellermann et Pierre Chappuis).

UNE /FT/

► Éric CHEVILLARD, L’Autofictif en vie sous les décombres, L’Arbre vengeur, janvier 2014, 234 pages, 15 €, ISBN : 979-10-91504-10-2.

L’autodérision fait partie intégrante de la démarche chevillardienne : "Voici donc la deux millième page de L’Autofictif. La formule est aujourd’hui un peu usée et j’ai résolu de lui substituer dès la rentrée trois motets quotidiens dédiés à la Vierge Marie" (p. 216)… Inutile, donc, d’essayer de le prendre en flagrant délit d’auto-aveuglement : "L’écrivain ne doit pas s’y tromper. Il travaille aujourd’hui pour les ménagères de plus de 50 ans" (p. 85). Cette lucidité nous vaut également de belles analyses littéraires : "Il y a les écrivains qui se complaisent dans le réel, qui fourrent leurs phrases dedans, qui en rajoutent une couche ; et les écrivains qui prennent le réel dans les rets tranchants de leurs phrases afin de le retailler à leur guise" (p. 14).

Et s’il fait concurrence à l’état-civil, c’est uniquement pour se démarquer de ses homonymes sur le plancher des vaches : la boucherie et le village du même nom. Mais pour le reste, ne distinguant pas l’écriture autobiographique de l’écriture d’invention, place à l’inattendu… Une nouvelle en trois lignes à la façon de Félix Fénéon : "Il songea soudain qu’il était parvenu au mitan de son existence et la commotion que lui causa cette pensée fut si forte qu’il tomba raide mort" (32). Un fait incongru : "J’introduisis le rhinocéros dans la pièce où j’exposais ma collection de toiles d’araignées en prenant bien garde à ne pas laisser entrer la mouche" (33). Une déclaration loufoque : "Je suis la réincarnation de Jules Laforgue, mais personne ne veut le croire" (88)…

Eric CHEVILLARD, Le Désordre AZERTY, Minuit, janvier 2014, 202 pages, 17 euros, ISBN : 978-2-7073-2336-1.

Fait écho à ce sixième tome de L’Autofictif le carnet pseudo-autobiographique qui doit son nom à sa méthode de composition : non pas un abécédaire de plus, mais un texte réflexif qui s’ordonne selon la logique du clavier. Ainsi, AZERTY comme : "Aspe", "Zoo", "Ennemi", "Rentrée", "Théorie", "Yeux". Ensuite, de "Utilité" à "Nuit Neige Noël", en passant par "Quinquagénaire", "Style", "Genre", "Humour", "Journal", "Littérature", ou encore "Chevillard", zigzague le cheminement scriptural.

Qu’il retrace son demi-siècle ou le récit arbitrairement journalier qu’il rédige depuis 2007, l’auteur suit la même logique paradoxal : refusant tout principe chrono-logique, toute hiérarchie, il procède au télescopage de micro-événements plus ou moins insignifiants, le court-circuitage des signifiés comme des signifiants confinant à l’incongruité et générant "des effets de surprise ou de reprise, de coïncidence ou de dissonance" (p. 127).

La logique paradoxale régit encore son autoportrait en humoriste : "L’humoriste n’est pas un joyeux drille. […] L’humoriste n’est pas très sensible non plus à la poésie burlesque du clown. […] L’humoriste a pris son corps dans la langue. […] l’humoriste est un rabat-joie" (119-120). Et de l’humour, il n’en manque pas pour évoquer le portement du nom. A considérer l’étymologie de son patronyme, rien d’étonnant à ce que l’on se torde souvent la cheville dans son univers… Et quand on songe qu’est un "chevillard" celui qui maîtrise l’art de planter à la cheville, le voici "rendu au sol"… "Paysan !" (174). D’où la nécessité pour lui de se faire un nom, et pour cela, de se démarquer du label Minuit ; ce qui explique sa charge contre l’écriture blanche : chevillé au style, il fustige cette "littérature de miroitier bègue à l’usage des singes et des perroquets" (92).

Libr-événements

Mardi 28 janvier 2014, deux interventions de Philippe Boisnard : 9H-9H30, Conférence au Département Philosophie de l’Université de Tours, dans le cadre des journées sur Internet et le pouvoir (sur la question des paradigmes de l’art contemporain et de la mode internet comme processus de réduction des champs possibles de la création ; les objets d’analyse seront la littérature sur support numérique et le net-art).

Le soir, à Paris, dans le cadre des Voeux de l’internet (réservation via le lien)
http://www.weezevent.com/voeux-de-linternet-2014
réflexion sur la question des Fablab, notamment à partir de la promotion Européenne et Nationale qui en est faite : "Le point commun des initiatives « fablab » est constitué de l’énergie, de l’enthousiasme et de la certitude que leur implantation faciliteraient la relocalisation des unités de production. Derrière leur image liée au milieu associatif, à l’open source et à l’éthique du hacker, les forces industrielles dans leur finalité pourraient contredire la logique de naissance des fablab. Chimère ou révolution industrielle de demain ?"

Du mercredi 29 janvier au dimanche 2 février, Littérature, enjeux contemporains VII : le mercredi 29 à la Bpi ; le jeudi 30 à la Maison des cultures du monde ; les vendredi 30, samedi 1er et dimanche 2 février à l’auditorium du Petit Palais.

Comment les écrivains voient ce qu’ils voient et comment ils le donnent à voir ? Ces livres, ces oeuvres qui séduisent et sidèrent, quelle forme donnent-ils au regard ? Pour la 7e édition de son festival annuel, la Mel a choisi pour thème la notion de « point de vue » qu’interrogeront écrivains, artistes, théoriciens et réalisateurs, aux confins des textes et des images. Car la littérature, et les arts qu’elle nourrit, ne cesse d’éduquer le regard, de montrer autrement, faces étranges et zones obscures. Elle révèle et dévoile, tout à la fois observatrice, contemplative ou hallucinatoire : nous allons voir ce que nous allons voir.

Avec Nils Ahl, Laura Alcoba, Marianne Alphant, Wolfgang Asholt, Damien Aubel, Emmanuelle Bayamack-Tam, Gisèle Berkman, Pierre Bergounioux, Eduardo Berti, Didier Blonde, Robert Bober, Stéphane Bouquet, Nicole Caligaris, Marcel Cohen, Jean-Max Colard, Jean-Louis Comolli, Joseph Danan, Luc Dardenne, Laurent Demanze, Daniel de Roulet, Georges Didi-Huberman, Randal Douc, Éric Dussert, Christophe Fourvel, Sylvie Germain, Thierry Girard, Eugène Green, Otar Iosseliani, William Irigoyen, Francesca Isidori, Laurent Jenny, Sophie Joubert, Pascal Jourdana, Jean Kaempfer, Patrick Kéchichian, Pauline Klein, Alban Lefranc, Philippe Lefait, Roberto Maggiori, Valerio Magrelli, Wajdi Mouawad, Pierre Michon, Christine Montalbetti, Marie-José Mondzain, Jacques Munier, Alain Nicolas, Carlo Ossola, Antoine Perraud, Eric Pessan, Ollivier Pourriol, Philippe Rahmy, Sinziana Ravini, Mathieu Riboulet, Sophie Ristelhueber, Olivia Rosenthal, Jean- Jacques Salgon, Tiphaine Samoyault, Pierre Schoentjes, Pierre Senges, Peter Szendy, Dominique Viart, Tanguy Viel, Cécile Wajsbrot, Frédéric Werst, Pierre Zaoui.

Programme complet du festival des Enjeux VII , à télécharger ici : http://www.m-e-l.fr/,re,377
t. 01 55 74 60 91 – 01 55 74 60 98
Entrée libre et gratuite.

Festival littéraire de Nevers, TANDEM, les 6 et 7 février 2014, avec notamment : Jean-Michel Espitallier, Olivier Mellano, Valérie Rouzeau, Olivia Rosenthal… Le programme complet : ici.

Tschann Libraire, les éditions Unes, Canopée et les éditions Corti vous invitent à une lecture de Esther Tellermann (Le Troisième, éditions Unes) & Pierre Chappuis (Entailles, éditions Corti) en présence de l’artiste Gilles du Bouchet, le jeudi 13 février 2014 à 19h30. Présentation par les éditeurs François Heusbourg (Unes) et Thierry Le Saëc (Canopée). [Tschann Libraire, 125 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris / tél.: 01 43 35 42 05 librairie@tschann.fr]

 
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