Pour la 19e livraison de Libr-@ction, nous vous proposons une première contribution du très libr&critique Jean-Louis Kuffer – avec le blog duquel nous entamons un partenariat. [Lire/écouter Laura Vazquez – Libr-@ction 18]
62. Travaux à bord
Notre révolution douce se fera toute à l’insu des démagos à sourires mielleux autant que des furieux sans style. S’il y a du monde aux balcons : tant mieux. Il n’est point de raison de planquer l’argument ni ses applications vives. Laissons la reptation aux sentencieux de l’arrière-pensée et du sous-entendu lénifiant, et voyons plutôt les choses telles qu’elles sont, à savoir belles et bonnes au regard frais ! Cependant attention : la face claire n’est pas que, ni le panorama, ni la seule exultation de matinal aloi. Contempler n’élude pas colère !
En fureur alors mais stylée et d’humeur joyce, protestation et ruse d’exorcisme s’imposent aux terrasses, mais là non plus pas que. Car de là-haut s’imposera descente et détours jusqu’au pire, sans céder à l’abattemnent général.
Timbrer de nouveaux mots et de nouveaux modes de collaborer demain en relance d’antique sera notre réponse à l’époque hébétée. Soyons des aguets vifs à l’écoute de la douceur souterraine filant et faufilant sa fertile annonce.
Pour lors les couteaux papillons sèment la mort jusque dans les cours d’écoles à l’imitation des malfrats de tout en haut (le tout en bas selon l’axe de nos tourelles) et tout devient significatif de la même aberrance et jusque chez les mieux nantis mais pas que : partout où sont parqués les pauvres le crime les poursuit et les punit de leur prétention à pulluler. Ainsi, sous les mots blasphémés de la Tour du Vrai réunissant tous les Judas de parole et de dénigrement des libres pensers, tout a été dénaturé, mais le bafouement n’aura pas tout atteint, le vent porte les cris transverbérés, des visages ont résisté mais pas que : des regards dans les visages et des âmes dans les regards.
Tu crois, petit, que tout est foutu, mais pas que. Là-dessous d’où sourdent les sources, là-bas dans le juvénil vacarme des torrents tombés du ciel, partout où il y a encore du ciel et des sources rebondissent les énergies attendues aux chantiers de réparation, sur l’Arche mais pas que : aux jardins espérés de notre plus fertile illusion.
Et ce n’est pas seulement qu’on y sera réparations faites : on y est. Les arbres poussent à l’insu des hommes-troncs aux évangiles défoliés par les pluies acides, et nous serons du même bois que les arbres, de la même eau que les sources, de la même alchimie que le ciel.
(La suite de ces 100 variations sur des images de Robert Indermnaur – ici, Casa Grande (2000) – se retrouve sur mon blog perso: http://carnetsdejlk.hautetfort.com)