[Livre] Jean-Paul Gavard-Perret, Le Soleil noir dans la queue de comète du surréalisme (entretien F. Di Dio et Ph. di Folco)

[Livre] Jean-Paul Gavard-Perret, Le Soleil noir dans la queue de comète du surréalisme (entretien F. Di Dio et Ph. di Folco)

octobre 30, 2014
in Category: Livres reçus, UNE
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[Livre] Jean-Paul Gavard-Perret, Le Soleil noir dans la queue de comète du surréalisme (entretien F. Di Dio et Ph. di Folco)

Les éditions Derrière la salle de bains nous permettent de revenir sur une aventure éditoriale marquante, en publiant l’entretien entre Philippe di Folco et François Di Dio.

 

Le Soleil Noir, entretien entre François Di Dio et Philippe di Folco, Editions Derrière la Salle de Bains, Rouen, 2014, 20 €.

 

Après avoir créé les « Presses du livre français » où il publia entre autres Jean Paulhan et Franz Kafka (illustrés par Wols), marqué par l’exposition internationale du surréalisme de 1947 (Maeght) et par sa rencontre avec André Breton, il retient à la lecture d’  « Arcane 17 » une phrase d’Éliphas Lévi : « Osiris est un dieu noir, la parole énigmatique que l’on jette à l’oreille de l’initié ». De cette phrase il tire l’idée de création d’une collection d’art et de littérature,  « Le Soleil noir ». Il y publie la « coda » et le gotha de la mouvance surréaliste, dont  des textes de Ghérasim illustrés par Jacques Hérold, ceux de Jean-Pierre Duprey, Camille Bryen illustrés par Jean Arp. Il édite aussi et sans dépôt légal (pour éviter la censure) la Justine de D.A.F. de Sade préfacée par Georges Bataille avec une gravure de Hans Bellmer. Il publiera au total 156 livres sous la référence « Soleil noir » et presque autant comme éditeur-conseil (chez Pauvert, Georges Falll, Christian Bourgois, José Corti entre autres).

François di Dio est considéré comme un architecte du livre. Il est reconnu pour ses maquettes comme pour ses choix littéraires et artistiques. Il cultiva aussi le concept de « livre-objet » multiple repris mais modifié suite aux expériences d’ouvrages à un seul exemplaire de Georges Hugnet. « Le Soleil noir » a cessé officiellement ses activités en avril 1983. Mais les éditions restent un modèle. Elles ont fait l’objet de plusieurs expositions et l’éditrice Marie-Laure Dagoit, après sa rencontre avec Di Dio (via Claude Pélieu), fonde en 1995 les éditions Derrière la salle de bains, dont la philosophie reste proche de l’esprit de révolte, de liberté, de provocation propre au Soleil Noir.

L’éditrice lui rend hommage en publiant les entretiens du créateur avec Philippe di Folco. S’y découvre la face cachée et renouvelée du Surréalisme. On voit comment, bien au-delà d’Eluard et de Breton, « l’école » tant en France qu’aux Etats-Unis, eut dans les années 60-70 plus que de beaux restes. Dans ce livre la trace, l’écho du Soleil Noir s’agrandit et monte. Du métal premier de la fournaise surréaliste  surgissent grâce à l’éditeur des incurvations inattendues. L’encre s’y fait musique selon divers systèmes de ruptures. Preuve que le surréalisme vieillissant  était souvent plus vivant que le premier. D’autant que l’éditeur a su atteindre des corps littéraires ou artistiques qui touchaient le corps en profondeur. Si bien que Breton  et ses émules semblant d’aimables dilettantes un rien romantiques.

François Di Dio se livre ici tel qu’il est : hors égo, curieux et ouvert à tous les mondes ; porteur de fleurs vénéneuses qu’il sut mettre en bouquets. Chacun de ses livres reste chargé de grains charnels où des furieux et des furies activaient des fouets et des torches ardentes. En conséquence, la queue de la comète surréaliste revit d’un  feu  parfait. Il crée des brûlures dans le ventre des lecteurs des deux sexes, pour qui les livres de l’éditeur restent les cartes et territoires vivants. Preuve que le Soleil Noir demeure une arme blanche. Elle ouvrit la nuit et ne cesse d’augmenter le monde en ouvrant l’écartement des jambes pour que l’âme y souffle ardemment – ce que les surréalistes classiques avaient occulté. Chez ceux que Di Dio a défendus et mis en scène gicle sa morsure à fond de sang et  grandit sa faim à coup de hanches. Et si elle quitte parfois l’âpreté du corps c’est pour rejoindre un ciel particulier. Celui où  brille ce fameux soleil noir plus ou moins mystique : il n’est pas celui de la mélancolie mais de l’attente.

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rédaction

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