FORS = HORS = RÉEL : l’origine de la fêlure… De la vie et de la mort, du plein et du vide, du visible et de l’invisible… De la réalité spectrale… [FORS, livre à paraître en mai 2015, avec des dessins de Frédéric Dupré – dont un figure ici en arrière-plan]
C’est de manière très coutumière que les détours interviennent.
Ainsi apparaît la fêlure entre coutumier et habituel. Mais cette fêlure, nous sommes les seuls à la percevoir.
Si à coutumier je vais y voir, dans le dictionnaire, j’y trouve : « qui a coutume de faire quelque chose »
Coutume : « façon d’agir par l’usage ». Fêlure comblée.
Pour la retrouver, la fêlure, ne serait-ce qu’un tant soit peu, il m’a fallu proposer que coutumier se pense comme un infinitif, comme communier, sauf que, pour ce qui concerne le sens, c’est tout le contraire, coutumier évoquant un agir d’initiative commun, étranger au bonhomme à qui il arrive, consciencieusement ou du fond de son âme, de communier, ce qui se dit faire un acte de foi.
Où passe la fêlure entre communier, qui est de l’ordre du faire, et coutumier, qui est d’agir.
Alors que l’inconscient, j’ai lu qu’il était ce qui insiste, cette fêlure persiste. Si je dis qu’elle se faufile, je la dote d’une intentionnalité d’un aloi douteux. Le dictionnaire me dit que ce « fau » de « faufiler » ricocherait de « fors » qui veut dire hors ; la fêlure vient de hors, le réel, et elle persiste à notre insu.
La combler est l’oeuvre même de l’oeuvre symbolique, tout croire reprenant dans son projet formulé ce qu’il peut de cette gravitation spécifique au commun qui, étant de l’ordre du réel, est depuis toujours et à jamais HORS
Fernand Deligny
Les êtres vivants sont truffés de morts – de spectres affamés de vie, et de repos
Les êtres charnels sont innervés par l’ancien,
trouées qui engloutissent nos déversions négligentes,
plaies cherchant leurs couteaux
pervers s’insinuant dans la mémoire
plus ou moins explicitement
Mouvant, rien de plus – et,
cela écrit,
cela s’inscrit
coutumier
Un rêve – fait venir dans les corps d’autres corps
Mise en jeux
d’outre-identité (ce qu’on appela tel)
Toucher et être touché- pris et être pris
Franchir certains fleuves, s’y baigner souvent – derrière l’oeil gauche, aller
Les événements, incorporels, passent toujours par des corps, par du corps
*
Des restes, il y a – dans ces allées-venues inassignables par quelque tribunal,
des revenances, des dépôts, des alluvions,
des hantises, des déchets, des abandons
Plus ou moins fertiles ou toxiques pour la Terre –
pour nos mondes sans orient
Ce n’est pas soi qu’on fait jouir ou maltraite
C’est nous, les sans visage, les surgissants.
Passants des masques : plus rien à cacher – les sons
passant l’homme
Pas n’importe lesquels, pas n’importe comment : art de la prudence et de l’attaque
Poste, territoires, sphères, guet, lignes, bond
Surgir, musiquer avec
ce dont on a un peu vite décrété la mort administrée.
*
Le passé est à deux pas de nos corps
Des pores dans un plan qui se meut
Cela tombe bien: il est là – dans la tombe:
transcadence
Ou être-sur-la-Terre: c’est le même – différentiel
Cela chante véhémence du « Je suis » impossible
Montagnes, ouragans, océans, orages, terre invisible,
force effarante, inquiétantes étrangetés, l’habiter
qui n’a plus de maison – et
n’en a jamais eu.
Elle est juste
passée par là – en a pris les seuils
L’inconnue n’est pas le futur – pathétique
Les circonstances passées débordent, soudain : elles permettent
Elles disposent