[Texte] Nicolas Zurstrassen, FORS. Détours spectraux (2/2)

[Texte] Nicolas Zurstrassen, FORS. Détours spectraux (2/2)

février 6, 2015
in Category: créations, UNE
0 2673 17
[Texte] Nicolas Zurstrassen, FORS. Détours spectraux (2/2)

FORS = HORS = RÉEL : l’origine de la fêlure… De la vie et de la mort, du plein et du vide, du visible et de l’invisible… De la réalité spectrale… [FORS, livre à paraître en mai 2015, avec des dessins de Frédéric Dupré – dont un figure ici en arrière-plan] [Lire la première partie]

 

*

Du fond du corps prend un contemporain plus récent, plus soudain que l’actuel – nous goûtons quelque chose d’aimable, que nous ignorons encore

 

Faire exulter le temps, nos poussées s’agradent :

engrais (non synthétiques) et fantômes (non analytiques)

 

Eau, ombre, matières, ensoleillement

 

 

Les années d’hiver ont fait glace : cela conserve

Nos vies appelées – des dehors : cela fera lignes, fêlures qui grondent

Respires, révolutions

 

Epreuves amont qui viennent pousser, qui amplifient, font rondes

Un présent intense comme bonnes relations avec (à nous de dé-finir ce que « bonne » peut dire)

 

 

 

Il n’y a pas que l’eau gelée

Ou alors : la méta(qua)physique est mise en relations : elle l’est de fait

 

A ses dépends, même Narcisse le sait

 

*

C’est un problème : promontoire qui s’avance sur la mer

 

Ce qui reste de ce qui passe est comme l’entre monde du monde

 

A même le monde

 

 

Extase qui enjoint l’exil – le ek comme heteros et alter

 

Jouissance et mobilité spatiale vont ensemble : hétéro(chronie)et(chtonie)

 

Liaisons des lieux comme des autres, tout le contraire d’un « retour à la Terre » ou « aux sources »

 

 

On ne revient jamais – un plan de consistance, des lieux qui résonnent entre eux

 

Leurs mémoires sont des puissance vivantes, capable d’inspirer de l’effroi, mais aussi de l’émoi

 

 

 

Des souvenirs plus forts que les horreurs évidentes, des appeaux fabriqués,

personnant les saillies

ses fibres,

son aura

située

 

Ces là ‘ d’aura ‘ liens –

ces entre’là vibrants

*

Un présent intense comme bonnes relations avec.

(à nous de définir ce que « bonne » – brisée, feuilletée- peut dire)

 

Con-sistance créant du relief (qui vient, qui est déjà là)

Du relier

 

 

 

Nous sommes hétérochtones. choir, lapsi, élan –

déchirure emportée, chance, lignes de vie dans la paume

 

Synchronie qui se perd-

vie comme l’aval

un soupçon sur la nature du jour

 

 

Trouver alors des lieux

qui nous trouvent en marchant,

parcourus de passé

qui verse

le passant

 

 

Un hiver qui avale

et le revenir

d’un petit matin

 

 

*

Mémoires concrètes, rituels,

promenades et méditations,

délicatesses et attentions,

générosité pré-humaine,

curiosité d’avant langue

 

 

Le voyage concerne l’espace réel –

ce qu’il y a de vivant.

 

 

La terre et le ciel, leurs entre’là, l’âme des animaux

 

Un faire-venir à explorer : cris d’oiseaux, de chats, d’enfants !

 

 

 

Il y a un passé sans commencement – les oiseaux réveillent les morts et endorment les vivants

 

momentanément

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*

Lignes, involutions qui foudroient

non pas découvertes : inventées

 

Griffures de l’ours

Galop du cheval

 

Lignes de soleil qui se couche, et qui revient.

Lignes dans la main qui chante

Lignes d’écriture, dans la terre, sur les feuilles, sur les pierres

Lignes d’oiseau dans l’arbre

Lignes d’érection, d’insurrection

Lignes du couteau dans le tranchant nécessaire à certains gestes

Lignes des corps qui ne savent plus de quoi ils sont faits

Lignes d’amants qui se caressent

Lignes des fils d’un projectile qui se prépare

Lignes furtives des spectres qui virevoltent

 

 

 

Tracer le perdu bouleversant

 

Recueils, coffres, bois, collectes, airs, tombes, greniers, fioles, herbiers, pierres, cartes, crânes, …

 

Dessins tourbillonnants

qui signent le là

 

 

 

 

*

Ils ne s’opposent pas, les spectres qui viennent, ils ne répètent pas, il se faufilent au travers des plis et des replis de la répétition

 

Ils secouent le temps, ils font foisonner les vestiges.

 

« Avant » (par) le temps, pour les morts, « avant » (par) l’espace, pour les vivants.

 

Nous en sommes là

 

 

Du « nous sommes » dogmatique, un réveil

 

Ouvrir le déni,

inouï

 

Ils disent, entre autres : chaque bourgeon de pommier est visité par tous les pommiers vécus antérieurement

 

Chaque feuille nouvelle renouvelle tout, chaque folio nouveau au sein des livres recommence

 

Il disent surtout : oui, mais…

cela peut disparaître,

à même

le déni,

inouï

 

De l’écriture.

De la Terre.

De notre écriture.

*

Le ciel est une lueur ancienne, le temps ne paraissait pas longs à ce moment-là

 

Revigorer

des forces désertées, ces voix, ces mélopées – lignes écliptiques sur la surface du ciel nocturne

 

Danses qui reviennent dans nos gestes le soir, le matin parfois – au grand midi ? Presque jamais

 

 

Comment ce qui passe, le passage de ce qui passe peut-il être une bonne demeure ?

 

La question est éc(h)ologique. dépourvue de sens, la question est rêvée, elle répare de la naissance

 

Elle retrouve la passion sonore, dépourvue de visible

 

Et surmène, la tempête (tempus), à nos coups de foudre… ressurgis

 

 

Et ceci : ne faudrait-il pas casser une vieille baraque plutôt que de prétendre la rafistoler sans cesse (en pure perte ?) ou la repeindre en vert – … pour permettre

 

Et: qu’est-ce que ce là peut dire?

 

Peut-être ceci : désidérer le désir – qu’il soit retraversé, entendu, jouis par les lieux habités

 

 

Re-co-naissants

*

Au nord de ce monde, nous disons : les bols sont d’anciens crânes

 

A l’occident nous disons : tu portes en toi ta propre tombe

 

Au sud : prends soins des lieux qui s’ombrent

 

A l’orient : n’oublie jamais la vie comme aval

 

 

 

 

Nous sommes faits de quelques vents – et de leur déclinaisons infinies

 

De celles qui n’ont pas encore fini de surgir

 

De celles qui vont faire frémir la forêt de pierre,

les oiseaux de fer, les quadrupèdes à roue et les hommes en tôle ondulée

 

 

S’il y a un peuple qui manque,

il y a aussi un passé qui manque

chaque jour, en chaque lieu

dans ce qui ne s’épanche pas dans le toujours, partout

ce qui vit

ici

 

Nous ne sommes pas la source – il y a des étreintes invisibles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Couleurs

Un panier en osier, une irradiation très faible, un tilleul planté,

une lumière liquide et franche qui baigne

Un jardin, des aïeux

Humeurs

Le monde après le bosquet

Des yeux ronds

Matières

Rouges, des glaïeuls.

Blancs, des oeillets

Une éponge

le passé comme jouissance

 

Odeurs

 

Une ruine dans le fossé, une pierre

aux yeux contradictoires

 

Sur la rive, une tombe, une grotte, des broussailles et des petits chênes,

Sangs

une amphore, un vieux chant

un rossignol sur le muret

 

 

 

 

, , ,
rédaction

View my other posts

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *