Cécile Holveck, Imagier, R-éditions.
ISBN : 978-2-916939-00-1 // Prix : 8€.
[site des éditions]
[4ème de couverture]
Imagier n.m. Désigne les livres destinés aux enfants de moins de 2 ans, cet âge correspond à la période où il apprend à nommer les choses qu’il voit.
Ce livre part de l’âge où l’enfant cherche à mettre des mots sur des choses qui se passent dans son corps.
À travers le dessin, l’installation et la performance, Cécile Holveck pose un regard intrigué sur ce qui l’entoure. Elle s’intéresse aux moments de passage, un repositionnement léger, se placer autrement. Elle se pose dans ces moments hésitants, entre plusieurs univers.
[Approche sémiotique de l’art graphique]
Ce livre publié à R-éditions, n’est pas à proprement parlé dans le champ littéraire. il s’agit d’un livre de dessins, un imagier au sens propre du terme, tel que la 4ème de couverture l’énonce.
Toutefois, comme je l’avais mis en perspective en publiant les photographies d’Aurélie Soulatges, il peut y avoir au niveau des créations plastiques, certaines forces aussi bien narratives que sémiotiques qui croisent certains enjeux des littératures qui nous intéressent ici, sur Libr-critique.
Tout d’abord, au niveau graphisme, nous faisons face à un dessin qui immédiatement joue du sens. Ce n’est pas tant ce qu’il représente qui est immédiatement important, mais bien la nature de la présentation, en tant qu’elle est rattachée aux esquisses d’enfance, aux silhouettes filaires des premiers croquis accomplis par la main. Il y a une force sémiotique du graphisme, il nous place dans une correspondance, dans une relation de compréhension. Une sémiotique n’est pas à confondre avec une esthétique. Une esthétique n’est pas forcément signifiante. Dans la plupart des illustrations, elle est là pour porter la représentation, mais elle ne donne aucunement à la représentation la nature de son sens. L’esthétique est neutralisée, en tant que sens, au profit de ce qui est représenté par son biais. Elle est subordonnée. Dire que chez Cécile Holveck, il y a une sémiotique de cette esthétique, c’est exprimer le fait que ce qui est perçu ne peut l’être que par le prisme de l’esthétique, en tant qu’elle détermine strictement le contenu.
Dessins d’enfants, faux semblant du dessin d’enfant, jeu sur la représentation de l’existence par l’enfant. Que voit-on dans ces dessins ?
Une petite fille, qui joue et dont le sexe saigne. Première menstrue ? Premières règles ? Derrière la simplicité du trait, derrière l’apparence enfantine, une expérience qui est cependant assez trash. Dans chacune des situations on voit le petit personnage enfantin, avec le gonflement de sa vulve, et le dégoulinement rouge par petites gouttes.
En jouant par n faux semblant, celui de cette esthétique, une narration se crée, celle de l’expérience de la découverte du corps, qui mène à la culotte. Car la petite fille, cul nu, à la fin mettra une petite culotte.
Petit livre graphique à découvrir, qui ravira les amateurs d’art graphique actuel.