GPU n°1, éditions INI, 96 p. // Prix : 14 €
[Commande : Association INI, 91 rue d’Aubagne, 13001 Marseille]
[Présentation]
Deuxième numéro de la revue GP (Ground Power Unit), revue animée par Brian Mura. Ce numéro , par rapport au numéro 0, est plus petit en son format, en quadri, avec davantage de textes.
Au sommaire on retrouvera avec plaisir, entre autres : Thierry Rat, John Giorno, Charles Pennequin, Mathias Pérez ou encore une étrange photographie de Joël Hubaut faite par Audrey Tabary.
1/ Au niveau arts : ce qui a retenu mon attention, c’est le travail photographique d’Audrey Tabary. 2 types de travaux. Le premier qui donne à voir 4 photographies de Marseillais à la plage. Jeu de trompe l’oeil, de brouillage des repères temporels. De quand datent ces photographies. En jouant sur la pose des modèles et sur la luminosité du tirage noir et blanc, il se produit une détemporalisation de la prise de vue. Ne serions-nous pas dans les années 50-60 ? Au temps d’une autre plage, d’un autre rapport ? Non, car lorsque l’on regarde de près les modèles, leurs maillots de bain, leurs chaussures, les accessoires qu’ils peuvent avoir appartiennent bien à notre époque. Le second travail, dont nous n’avons qu’une photographie, appartient à la série Vie d’artiste que nous pouvons voir sur son site plus largement. Ce travail met en scène dans la revue GPU, un policier, Joël Hubaut qui viole une femme. Plus largement le travail de Vie d’artiste, est une mise en situation d’écrivains ou de plasticiens (Stéphane Bérard, Nathalie Quintane, Ben, Edouard Levé, Charles Pennequin, …) dans des situations de travail diverses. Vigile pour Levé, Policier pour Hubaut, boulangers pour Quintane et Bérard, etc. Déplacement de l’identité par ce qui lui est attribué au niveau — de ce que l’on pourrait appeler au sens de Ricoeur (Soi-même comme un autre) — de la théorie de l’action. L’action qu’Audrey Tabary leur fait accomplir déplace leur identité et vient recouvrir ce que l’on sait d’eux. Une forme de tension dans la vue se constitue à travers la différence entre ce qui est su et ce qui est vu.
2/ Au niveau des textes: On retrouvera Poubelle la vie de Charles Pennequin que nous avions publié à l’origine sur Libr-critique. Mais aussi le très beau texte de Thierry Rat, qui traduit ne nouvelle fois, dans le rythme d’une rumination qui lui devient de plus en plus propre, une solitude existentielle très forte.
Extrait : "J’aimerais bien, vraiment j’aimerais bien y aller, là, là où ça fait du bien d’aller. Mais non je n’y vais pas. Je reste là. A ce moment, sous le plafond de la chambre. Je me suis oublié. Oublié d’y aller, la chambre à un lit. J’ai oublié pourquoi je devais y aller, a chambre n’a pas encore de fenêtre, elle n’en aura jamais. J’ai oublié de regarder le plan. Sur le plan paraît-il, il ny en avait pas. Pas de prévue pour cette pièce. La chambre a quatre angles. Sur le plan elle ne figure pas. J’ai oublié le plan, la chambre n’a qu’un lit, au milieu."
Une revue à suivre, qui je pense, trouvera peu à peu une approche encore plus singulière et plus marquée.