Daniel Fano, Ne vous inquiétez plus c’est la guerre, Les Carnets du Dessert de Lune, 2015, 90 p., 12 €, ISBN : 978-2-930607-13-9.
Formidablement désassorties, des pièces bout à bout rapportées, létal patchwork de strass, arcanes dorés de la pub ventre à l’air, composent assemblent, en détonante miscellanée des trésors et rebuts de la société du spectacle, l’implosive bombe lente d’un livre qu’on ne veut pas quitter. Tonique, desserré, salubre, nous tenant à la glotte comme un grand cru. Sous l’avalanche des « objets de luxe de masse », une sursaturation modeuse égrène ses perles glamour, distille ses élixirs : le « Charnel Chypre Fatal de Guerlain » ; le « Private Collection Ambre Ylang Ylang d’Estée Lauder ». D’un âge gras du passé – Kennedy-Marilyn, leur halo élargissant ses cernes jusqu’à nos jours – s’étire ameubli l’irrépressible blues. En regard, c’est la guerre. L’éthologie tourne à l’attendrissement mièvre tant et si bien qu’ « Inspecteur et Flipo […] éclata l’œil du guignol ». Débités les clichés à la kalachnikov, nous faisons connaissance du « héros socialiste […] inventeur du fusil d’assaut qui porte son nom […] un tout petit monsieur en costume de mauvais tissu. » Les bombes islamistes explosent à la ligne. Décalée de l’objectivisme américain – plus goûteux d’être traduit – la poésie rédemptrice du journalisme.
Merci pour cet article.