Jean-Jacques Nuel, Billets d’absence, Le Pont du Change, automne 2015, 76 p., 12€, ISBN : 979-10-92038-04-0.
Un écrivain fait grève, la seule qui passe habituellement inaperçue. Or non, voilà qui déclenche une révolution. Le moi peu divisé d’un prénom composé, Jean-Jacques, creuse le grand écart. Aux Jivaros réducteurs de textes « la révolution numérique […] fatale ». Mieux vaut tard que jamais : « le plus grand écrivain français vivant de textes courts » visité par de ravissantes journalistes qui décroisent leurs jambes et ramassent gentiment sa « canne tombée à terre ». Dans Port d’attache le demi-tour vers La Rochelle de qui « croy[ait] découvrir l’Amérique ». L’homme et la femme âmes sœurs aux antipodes « reliés par un fil invisible », se déplaçant symétriquement. Une lecture devant un public de seules personnes âgées. De dissection recuite, lucidité sans faille, humour mieux que noir, spleenétiques de Lyon, d’onction baudelairienne, retors de maints tours & retours de béquille, la plupart écrits au passé, simple ou composé, parfait d’imparfait – une collection d’apologues contemporains à plusieurs planchers et morale unique : l’écriture. Billets d’absence : la vie la grande absente.