Aurélien Bellanger, Le Continent de la douceur, Gallimard, automne 2019, 496 pages, 22 €, ISBN : 978-2-07-277179-8.
Aurélien Bellanger est un écrivain à la mode. Et la critique a présenté son livre comme une merveille littéraire. C’est pour le moins exagéré sauf aux laudateurs des amphigourismes.
Existe là une défense du libéralisme pro européen contre les complotistes. Le livre se prétend une satire. Mais, et pour rester parmi les écrivains qui, comme on dit, « ont la carte », nous sommes bien éloignés d’un Houellebecq.
Celui qui est paraît-il doué pour les fulgurances se perd dans un brouet qui limite l’intelligence littéraire à une mélopée à l’encaustique plus mélancolique que caustique.
L’épique – revendiqué par l’auteur – manque de piquant. Pour ce long voire interminable retour vers le futur de l’Europe, Bellanger opte pour un jeu (à clés évidentes) bourré de références, symboles voire de mathématiques.
Le conte se voudrait acide et plaisant, mais le narcissique écrivain fait trop étalage de son érudition. Et cela nuit à ce qu’il voudrait une performance où il feint de vouloir être l’alter ego de Tintin et du sceptre d’Otokar.
N’est pas Hergé qui veut. Ni Voltaire. Pas même Umberto Eco. L’Europe leur appartient plus qu’à Bellanger. Le bel ange de France Culture et de la littérature de cour manque ici d’étincelles au moment même où il se voudrait flambeur et initiateur d’un flambant neuf romanesque. Nous en sommes loin.