Populiste, démagogique, marquée par le nationalisme, l’anti-élitisme et l’anti-intellectualisme, s’autoproclamant la voix du Peuple, souvent et de plus en plus ouvertement antisémite, après avoir semé la confusion programmatique dans les thèmes autant que dans les cibles avec le Front National, la campagne conquérante de Mélenchon arrive à son terme logique : servir de passerelle ou de marchepied à son double confondant : le Front National.
Se positionnant comme le Chef (le Duce), l’homme providentiel au pied duquel le Peuple va pouvoir se réfugier comme au pied d’un Père, Mélenchon aura repris toute la symbolique des dictateurs sud-américains, toutes les promesses impossibles et les illusions des bonimenteurs populistes avec qui toutes les clartés programmatiques sombrent dans un flou calculé insaisissable au profit des prétendus intérêts d’un Peuple parfaitement désincarné… Cibles :
– la finance, représentée par les juifs (Macron n’était pas seulement banquier, il fut surtout pour Mélenchon comme pour Marine Le Pen banquier de la banque Rothschild, famille tout à la fois juive et européenne, extra-nationale donc, emblème séculaire de la haine de tous les antisémites) ;
– l’élite, traditionnellement représentée par les juifs et la social-démocratie, lesquels symbolisent l’extra-nationalisme, l’ouverture, la mesure, la tolérance et les réformes réfléchies contre les extrêmes. De Léon Blum à Laurent Fabius, ces intellectuels brillants qui représentent tout ce que les populistes haïssent au plus haut point dans leur peur et le rejet d’un monde nouveau – Rothschild étant pour eux le symbole même de ce qui les rassemble dans la haine des juifs sans nation et sans racine.
Comme on sait, c’est le refus par les communistes d’une alliance avec les sociaux-démocrates, c’est-à-dire la haine de la social-démocratie par les communistes qui a permis l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne.
A quoi assiste-t-on aujourd’hui ?
En refusant d’appeler à voter pour Macron (ancien ministe d’un gouvernement socialiste et ancien banquier de la banque Rothschild), Mélenchon et une grande partie des mélenchonistes sont prêts à œuvrer à l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir plutôt que de se “salir les mains” en appelant à voter Macron. C’est une responsabilité historique : un crime contre la démocratie, un crime contre la pensée libre.
Mais qui paiera le tribut le plus lourd en cas d’arrivée au pouvoir du Front National ? le peuple, bien sûr, ce peuple dont les populistes se gargarisent mais qu’ils méprisent ainsi profondément.
Question (pour aider le leader grec de la gauche Yanis Varoufakis qui ne comprend pas l’attitude de Mélenchon pour ce second tour) : pourquoi Mélenchon a-t-il appelé à voter Chirac contre Jean-Marie Le Pen (quand le Front National ne représentait que 18 % contre 40 % aujourd’hui) ? C’est que Chirac ne représentait pas les deux haines fondamentales des populistes : la social-démocratie et les juifs… C’est aussi que depuis 2002 les programmes de Mélenchon et de Marine Le Pen n’ont cessé de se rapprocher jusqu’à se confondre…
Comme on le sait, un certain nombre d’intellectuels ou d’artistes (l’élite donc, et des nantis quoi qu’ils disent), généralement proches du Parti communiste, refusent de se “salir les mains” et appellent à s’abstenir plutôt que d’appeler à voter Macron – alors qu’ils savent parfaitement que l’abstention favorise Marine le Pen… Leur argument fallacieux ne tient pas : voter pour Macron ne signifie pas adhérer à son programme, mais faire le seul geste possible contre l’arrivée au pouvoir du fascisme.
Cette lâcheté intellectuelle qui consiste à ne pas prendre parti dans une situation aussi grave les déhonore historiquement.