Après sa lettre ouverte à la ministre de la culture, l’écrivain et polémiste Bernard Desportes, bien connu par les Libr-lecteurs, s’attaque à la position ambiguë de l’Église sur l’antisémitisme ambiant.
Inexorablement, méthodiquement, masqué ou ostensible (de plus en plus), l’antisémitisme se répand, progresse, s’affirme, s’impose : en France, en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, en Belgique, au Danemark… il métastase à travers toute l’Europe comme il triomphe au Moyen-Orient, comme il a triomphé, ici, dans les années trente.
Ici même, en France, la haine multiséculaire des Juifs relève son groin de haine, de bêtise et de barbarie. Enlèvement, séquestration, torture (Youssouf Fofana, du “gang des barbares”), assassinat d’enfants (Merah), assassinats de groupes en France (Ahmedi Koulibaly), en Belgique (Mehdi Nemmouche), au Danemark (Omar Abdel Hamid El-Hussein), discours suivis et acclamés des sinistres Soral ou Dieudonné M’bala M’bala… Le voile brun immonde de l’antisémitisme s’étend à nouveau sur l’Europe quelques décennies seulement après Hitler et Pétain.
Dans les années trente, cette haine avait pour noms Action Française et Eglise catholique ; pendant l’occupation de l’Allemagne nazie, elle avait pour noms pétainisme et Eglise catholique ; dans les années cinquante, elle avait pour nom poujadisme et Eglise catholique ; aujourd’hui elle a pour noms Front National, islamisme et silence de l’Eglise catholique…
Et c’est toujours les mêmes ingrédients :
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la haine de l’Autre,
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la haine de la différence,
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la haine de la démocratie,
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la haine de la liberté de penser,
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la proscription et la condamnation du blasphème,
qui trouvent leur fondement dans le totalitarisme et le fanatisme religieux.
Obscurantisme auquel il convient d’ajouter la faillite intellectuelle de tous ceux qui drapent leur antisémitisme rampant du prétexte hypocrite et fallacieux d’une condamnation de la politique de l’Etat d’Israël.
Au bout du compte, toutes ces haines obsessionnelles trouvent leur point de rassemblement et d’aboutissement dans l’antisémitisme.
Dans un pays (la France) qui connut un régime (celui de Pétain, adulé par l’immense majorité de la population, largement d’obédience catholique) ouvertement et légalement antisémite, c’est une honte majeure que d’assister à l’effrayant silence de certains, notamment quand il s’agit de gens investis de responsabilité nationale, à commencé par le terrible silence du “primat des Gaules”, chef de l’Eglise catholique – alors que se déchaînent à nouveau en France les propos, les actes et les crimes antisémites.
Trempée jusqu’au cou depuis le début de son histoire dans l’antisémitisme, l’Eglise catholique (qui n’a jamais fait l’auto-critique de son soutien sans faille au régime antisémite de Pétain) se tait. A commencé par son chef, le cardinal-archevêque-primat des Gaules Philippe Barbarin.
D’où vient ce silence ?
Ce Barbarin si bavard pour dénoncer le droit à l’avortement et le mariage homosexuel ; si omniprésent, bavard et gesticulant dans les manifestations contre le mariage pour tous aux côtés du Front national, des UMP et autres dignitaires catholiques et musulmans – que dit-il face aux crimes antisémites qui souillent l’être humain comme ils souillent la France ces derniers jours ? Rien.
Oserez-vous dire plus tard, Barbarin, comme le fit l’Eglise catholique après la chute d’Hitler : on ne savait pas ?
Après le “silence” de Pie XII (dont on dit que ce si bon pape François envisage la canonisation, c’est une manie…) face a la volonté nazie d’extermination des Juifs, ne sentez-vous pas, Barbarin, que votre “silence” est odieux et indigne ?
D’où vient votre mutisme devant l’antisémitisme, primat des Gaules ?
D’où vient que vous n’appeliez pas à manifester contre cette barbarie, Barbarin ?