Arthur Rimbaud est un bon objet de librairie, parce qu’il n’est pas lu. Le nombre de livres auquel son nom donne le titre est impressionnant. Il est aussi désormais l’objet de films. On pouvait (ou plutôt pas) mercredi soir 3 février sur une chaîne publique voir « Rimbaud, jeune et maudit ». On ne fait pas mieux ! Rimbaud est forcément jeune, sinon il n’intéresserait pas la jeunesse. Et vous devriez savoir depuis plus de cent ans qu’il est l’un des « poètes maudits ». Les poètes évidemment sont plus émouvants et plus géniaux quand ils sont maudits. Maudits par QUI ? mystère. A l’écart de tous ces bafouillages et barbouillages (qui trahissent une incapacité de lecture), on se souviendra de la lucidité immédiate de Claudel : « Je l’ai cru sur parole ». Et en effet, c’est sur la question de la parole que se joue le coup de torchon du poète aux « rythmes instinctifs ». Avec Rimbaud la parole ne doit plus se confronter au monde ; c’est le monde qui doit se confronter à la parole.
Belle réflexion.
C’est un peu vrai pour toutes les oeuvres de la rupture: celle de Georg Büchner en Allemagne, par exemple. Au XIXe siècle, il fallait davantage lutter contre ce qui était admis aveuglément. La déflagration-Rimbaud ne pouvait que déboucher sur une fin de non-recevoir.