[Chronique] Coco Texedre, L'encyclopédie de la ménagère de plus de 50 ans, par Jean-Paul Gavard-Perret

[Chronique] Coco Texedre, L’encyclopédie de la ménagère de plus de 50 ans, par Jean-Paul Gavard-Perret

mai 4, 2016
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[Chronique] Coco Texedre, L’encyclopédie de la ménagère de plus de 50 ans, par Jean-Paul Gavard-Perret

Coco Texedre, L’encyclopédie de la ménagère de plus de 50 ans, préface de Laurent Grison et postface de Gilbert Lascault, Editions du livre d’artiste, 2016.


Coco Texedre, quoique adepte du macramé, n’est  pas crâneuse. Artiste accomplie, elle garde néanmoins pour ouvrage de chevet une encyclopédie apparemment (mais les apparences sont trompeuses) très utile : le « Larousse ménager illustré » de 1926. Elle le préfère aux itinéraires spirituels de Saintes qui par peur du réel construisent des apologies aussi austères que douteuses : en refusant le mâle, elles font de celui qu’elles voyaient nu sur son crucifix un dieu.


Au fil des ans, l’artiste a métamorphosé son manuel de conduite en celui de l’inconduite avec mises en pratique. A la ménagère s’est substituée l’écrivaine et l’artiste. Elle transforme l’objet d’asservissement en guide du féminisme à coups de fragments incisifs. Ses recettes, démarches, méthodes, remèdes, conseils, dessins et macramés qui les scénarisent, risquent d’en cramer plus d’une.


L’artiste feint de  laisser présents des conseils abrutissants. La ménagère « lit de la main gauche un ouvrage de Rabelais mais lit très vite les scènes lestes qui l’excitent ». Toutefois il y a « pire » : « si bien douée qu’elle soit, il ne faut pas que les tendances artistiques et littéraires de la ménagère lui fassent négliger la propreté du ménage  et l’ordre qui retiennent l’homme à la maison ». Néanmoins Coco Texedre des petits maris n’en a cure.


En belle de cas d’X elle façonne à sa main des fruits défendus et phalliques. Sous couvert de raisons plus assommantes que logiques elle  matérialise des rêves étranges et pénétrants, drôles et érotiques. Elle fait la nique à la réalité et jette du feu sur son huile. Surgissent de telles alliances des images du troisième type  (mais où le mâle est exclu).


En hussarde l’artiste n’épuise jamais les risques non sans un nécessaire cynisme. Et il arrive que, jouant les  romantiques, l’artiste inonde à l’eau de « rosse » des dunes émouvantes. Les images ressemblent à des brins de textile qui provoquent errances et dérives en filages intempestifs. Les vérités admises y deviennent inaudibles et le réel se franchit vers un dedans que nous ne trouverons jamais sur une carte – fût-elle du tendre. 

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rédaction

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